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L’ONU inquiète d’un assaut régime-Palestiniens contre l’EI à Yarmouk

Le secrétaire général de l'ONU s'inquiète de possibles massacres et des 3 500 enfants "transformés en bouclier humain"

Ban Ki-moon, chef de l'ONU (Crédit : Fabrice Coffrini/AFP)
Ban Ki-moon, chef de l'ONU (Crédit : Fabrice Coffrini/AFP)

Le patron de l’ONU a appelé jeudi à éviter un « massacre » dans le camp de réfugiés de Yarmouk à Damas, où les organisations palestiniennes ont accepté de mener une opération conjointe avec l’armée syrienne pour en déloger le groupe djihadiste Etat islamique (EI).

« Il est temps de mener une action concertée pour sauver des vies », a déclaré Ban Ki-moon à la presse à New York, alors que des dizaines de milliers de civils sont pris au piège des combats dans le camp.

Yarmouk « commence à ressembler à un camp de la mort », a-t-il dit en évoquant le « dernier cercle de l’enfer ». « Nous ne pouvons pas rester inactifs et laisser se dérouler un massacre. Ce qui se passe est inacceptable », a-t-il martelé, en soulignant que les habitants du camp, « dont 3 500 enfants, sont transformés en boucliers humains ».

« Nous entendons maintenant parler d’un assaut massif contre le camp et les civils qui s’y trouvent, il s’agirait d’un nouveau crime de guerre encore plus scandaleux », a protesté Ban. « (…) c’est test majeur de la détermination de la communauté internationale ».

Depuis 2012, ce camp, qui est en réalité un grand quartier du sud de Damas, est un champ de bataille entre forces du régime de Bashar el-Assad et rebelles syriens, appuyés chacun par des groupes palestiniens.

Mais depuis l’assaut le 1er avril de l’EI contre le camp, dont il s’est emparé en grande partie, les combats opposent djihadistes et groupes palestiniens. L’armée de l’air du régime bombarde elle les positions de l’EI.

Complémentarité

Dans ce contexte, des organisations palestiniennes ont annoncé jeudi avoir accepté pour la première fois de mener une opération conjointe avec l’armée syrienne, ce qui fait craindre une offensive prochaine.

Lors d’une réunion d’un émissaire du président de l’AP Mahmoud Abbas avec toutes les factions palestiniennes à l’exception de celle d’Aknaf Beit al-Maqdess, proche du Hamas et antirégime, les Palestiniens « ont convenu de la création d’un centre opérationnel commun composé de forces syriennes et des mouvements palestiniens qui le souhaitent et ont une forte présence dans le camp ou dans son périmètre, pour mener une opération militaire ».

« L’effort palestinien sera complémentaire du rôle de l’Etat syrien pour nettoyer le camp de Yarmouk des terroristes », a affirmé à Damas l’émissaire palestinien Ahmad Majdalani.

La veille, le régime de Damas avait affirmé la nécessité d’une opération militaire pour reprendre le camp, où quelque 15 500 réfugiés en grande majorité palestiniens sont bloqués.

Leurs conditions de vie étaient déjà catastrophiques en raison du siège imposé à leur camp par les troupes du régime depuis mi-2013. Des dizaines de personnes étaient mortes de malnutrition et absence de médicaments, d’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.

Situation humanitaire ‘alarmante’

Majdalani a précisé que l’action militaire contre l’EI prendrait « en compte la vie des citoyens dans le camp » et « éviter(ait) qu’il y ait des destructions massives ».

Il a ajouté qu’il s’était mis d’accord avec le gouvernement syrien « pour poursuivre (l’entrée) de l’aide humanitaire dans le camp et faciliter la sortie de ceux qui le souhaitent ». « Notre objectif est de libérer le camp (de l’EI) et que ses habitants rentrent » chez eux.

Dans un communiqué, le Comité international de la Croix Rouge (CICR) a demandé « un accès immédiat au camp (…) pour fournir une assistance humanitaire », jugeant « alarmante la situation de milliers de civils dont la vie est gravement menacée par les affrontements ».

« L’aide extérieure n’y est plus acheminée depuis longtemps, et les besoins humanitaires augmentent de jour en jour », a ajouté cette organisation qui demande instamment à toutes les parties au conflit de « veiller en tout temps à épargner la vie des civils (…) et de permettre aux blessés de recevoir des soins médicaux ».

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