L’opération Safari s’est terminée quand le « pire zoo du monde » a fermé ses portes à Khan Younis
Il s'agit d'une mission de coordination entre les gouvernements Israélien et palestinien et Four Paws, l’œuvre de bienfaisance des animaux
Sauvés d’horribles conditions de vie dans le zoo de la bande de gaza par une organisation internationale à but non lucratif pour le bien-être des animaux, 15 animaux, survivants, ont passé la frontière israélienne ce mercredi matin.
Les animaux ont été sauvés par l’association Four Paws, basée à Vienne, dont Laziz dont il est à croire qu’il était le dernier tigre de Gaza, ainsi qu’une autruche, un pélican, deux tortues, deux autres oiseaux, un cerf, cinq singes et deux porcs-épic.
Ils représentaient les derniers survivants d’un zoo décrit comme le « pire du monde », celui dont nombreux de ses « habitants » étaient froidement empaillés, où des carcasses jonchaient sur le sol à côté de leurs voisins vivants, eux. Les animaux ainsi momifiés et étalés comprenaient la compagne de Laziz (le tigre).
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La vie pour les survivants était difficile : Peu de nourriture, des cages exiguës et des débris dûs au conflit entre Israël et le Hamas. Peu avant que la mission et l’équipe de Four Paws arrive à Gaza ce dimanche, une roquette a été tirée depuis le Territoire vers Sdérot et les forces armées Israéliennes ont riposté avec environ 50 frappes aériennes.
« Lorsque nous sommes arrivés à Gaza, on vit de la fumée », déclare au Times of Israel le Dr Amir Khalil, de l’agence Four Paws, via un entretien exclusif par Skype depuis le zoo, dans la nuit de mardi dernier.
Khalil dit qu’il est resté imperturbable et que son équipe de 13 personnes a passé toute la journée de mardi à préparer les animaux pour leur voyage à travers la bande de Gaza vers le passage Erez, à la frontière.
A part Laziz, tous les animaux seront emmenés vers le New Hope Centre en Jordanie, faisant partie du Ma’wa, pour la préservation de la nature, la faune et la flore.
Laziz va devoir entreprendre un plus long voyage. Il sera envoyé par avion depuis l’aéroport Ben Gurion en Afrique du Sud vers son nouveau foyer : le sanctuaire du Lions Rock de Four Paws pour grands félins.
Il partagera un grand espace d’un hectare avec 18 tigres, des arbres offrant de l’ombre, une aire de natation et de l’herbe pour se promener.
Mardi, « le tigre était très calme », dit Khalil. « Si (un animal) peut sentir un tremblement de terre avant qu’il n’arrive ou un tsunami, comme il arrivé en Indonésie, quelques minutes avant, il sent qu’il va partir. Il était heureux de partir. »
Les opérations de sauvetage ont impliqué une coopération entre des gouvernements en conflit, alors même qu’en simultané de l’opération la violence faisait rage sur le territoire.
Lorsque l’équipe est arrivée à Khan Younis cette semaine, les préparatifs ont abouti avec succès.
Four Paws a travaillé avec l’Afrique du Sud, la Jordanie, Israël, le Fatah et le Hamas pendant deux mois sur cette mission toute particulière.
« Ça a été, je pense, » dit Khalil à propos de l’opération, dans le zoo, ayant débuté vers 5 heures du matin.
« L’équipe a fait un super boulot. Ils ont travaillé très très dur, du petit matin et non-stop. Ce fut une très très grosse mission. Il y a eu beaucoup d’intérêt. Ce fut un très très gros défi. »
L’équipe, comprenant Khalil et deux vétérinaires, a transféré les animaux dans des caisses de tailles diverses. Ils ont dû attacher et piquer Laziz, ce tigre du Bengale âgé de 9 ans.
Bien que décrit comme un animal particulièrement costaud, l’équipe n’a eu de cesse de lui donner des glaçons sous cette chaleur intense.
Les radios ont révélé que les deux guenons étaient enceintes.
Mais il y a également de plus tristes nouvelles : Un des singes est blessé à sa patte gauche, le cerf sauvé est très affaibli et dans les jours précédant l’arrivée de l’équipe, un faon est décédé.
« Il était très malade », dit Khalil.
« La biche était blessée grièvement, à sa patte et était infectée en partie. Nous avons dû travailler sous anesthésie. C’était très très difficile. (Le personnel local) nous a énormément aidés. »
Il prédit, néanmoins, que la biche s’en sortira.
Khalil a eu recours à des négociations de dernière minute lorsque les deux porc épics disparurent.
« Lorsque nous sommes arrivés, les porc épics avaient disparu, » dit-il. « Nous étions au courant de la situation. Nous n’avons pas fait confiance au propriétaire du zoo. J’ai dû lui mettre la pression. Le deal ne pouvait pas marcher (sans qu’ils reviennent ou qu’on les retrouve). Nous avons instauré une dead line, si les animaux ne reviennent pas avant 22h30. Tous les animaux ont fini par revenir.
Khalil est un vétérinaire spécialisé en missions de sauvetage d’animaux en zones de combat comme la Libye à l’émergence de l’insurrection qui fit tomber Muammar Kadhafi. Il a alors même eu le temps de faire quelques blagues à propos de ses échanges avec le propriétaire du Zoo Abu Diab Oweida.
Pourtant, il n’y avait rien de fantaisiste à propos du zoo lui-même depuis son ouverture il y a quelques neuf ans avec des animaux amenés en contrebande depuis l’Egypte via des tunnels de six kilomètres de long. Laziz est venu d’Afrique, et il y avait également des lions, la compagne de Laziz et beaucoup d’oiseaux.
Lorsque Khalil se rendit pour la première fois au zoo en avril dernier, il décrit la situation comme
« horrifiante ».
« Il y a des cages minuscules » dit-il. « C’est comme une exposition, où vous accrochez des peintures sur un mur, sur un bout de terrain avec des animaux dessus. C’est comme dans certaines images, sauf que les personnages ici sont vivants. Ce sont des images vivantes. Vous regardez les personnages. Qu’est-ce que cela veut dire que d’avoir un Tigre du Bengale dans une cage de 3 mètres sur 4, dans une cage minuscule ? »
Khalil apprit pour le zoo de Khan Younis lorsqu’il aida à sauver les deux lionceaux qui avaient été vendus à un père dans le camp de réfugiés de Rafah. En Février, Khalil coordonna une mission d’assistance à Khan Younis.
« Après le Nouvel An, nous avons eu un hiver très rude à Gaza, » dit Khalil. « Il n’y avait pas d’électricité et la plupart des animaux sont mort».
Il organisa une seconde mission d’assistance en juin.
« Il y avait un mauvais karma, des énergies négatives les deux dernières fois », dit-il.
« Il y avait des animaux momifiés, des squelettes, des os ». Il demanda alors si Khan Younis était « un musée, un zoo ou plutôt une prison d’animaux. »
Il a fallu ce que Four Paws appelle, de très longues négociations, mais Khan Youness a finalement fermé et Oweida devait accepter de ne plus jamais travailler avec des animaux. « Ceci », dit Khalil, « était la partie la plus difficile de l’accord ».
« Oweida, précédemment un vendeur de bois dans l’import-export, avait monté une boutique à Gaza pour travailler dans la téléphonie mobile », dit Khalil.
Khalil dit d’Oweida qu’il était juste « un homme d’affaires » et qu’il lui donna une mauvaise impression, n’ayant visité le zoo que deux fois dans l’année et demi écoulée.
Il dit que le fils d’Oweida, Mohamad, s’est occupé des animaux l’année dernière.
Il dit également que, respectivement, les gouvernement palestinien du Fatah en Cisjordanie et du Hamas dans la bande de Gaza ont évoqué la possibilité d’un sanctuaire d’animaux dans la bande de Gaza.
Au cours de l’évacuation du zoo, cinq vétérinaires du ministère de l’Agriculture du Hamas ont été formés sur des sujets tels que « piquer les animaux ou effectuer des prises de sang ».
« Il y avait des signes positifs » dit Khalil, « beaucoup de signes positifs, à l’échelle locale ».
« Mais », dit-il, « il est aussi très clair pour nous que le seul moyen ce n’est pas de soutenir mais faire sortir les animaux et fermer le zoo.
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