Dans son éloge funèbre, Leo Dee évoque les rêves de ses filles assassinées
Des milliers de personnes étaient rassemblées au cimetière de l’implantation de Kfar Ezion pour les funérailles des deux sœurs tuées dans un attentat terroriste, Maia et Rina Dee
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
Dans une démonstration de colère et de chagrin, ce sont des milliers de personnes qui se sont rassemblées, dimanche après-midi, pour rendre un dernier hommage à Maia Dee, 20 ans, et à sa sœur Rina Dee, 15 ans, assassinées vendredi par des terroristes palestiniens dans le nord de la Cisjordanie.
Dans l’enceinte du cimetière de l’implantation de Kfar Etzion, la souffrance et la tristesse étaient palpables lorsque les corps sans vie des deux jeunes filles ont été amenés pour la cérémonie funéraire, leur père, le rabbin Leo Dee, se réfugiant auprès de ses trois autres enfants pour trouver un semblant de réconfort.
Son épouse, Lucy, 48 ans, qui a été grièvement blessée dans l’attentat terroriste survenu dans la Vallée du Jourdain, est encore dans un état critique après une intervention chirurgicale.
Également présents, les amis et la famille des deux sœurs et notamment les autres élèves du séminaire religieux et du lycée qu’elles fréquentaient. L’assistance a entonné des psaumes et des chants de lamentation, de deuil et d’espoir, en attendant l’arrivée du cortège funèbre au cimetière.
Plusieurs responsables du gouvernement figuraient dans la foule réunie à l’occasion de ces funérailles, notamment le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir et l’ancien président Reuven Rivlin.
Faisant l’éloge de ses deux filles trop tôt disparues, Dee a rendu hommage à son épouse, « ma directrice-générale », priant pour son rétablissement et il a remercié les amis, les voisins et les soutiens venus lui apporter leur aide dans les jours qui ont suivi l’attaque.
« Comment vais-je expliquer à Lucy ce qui est arrivé à ses deux précieux dons lorsqu’elle s’éveillera de son coma ? », s’est-il interrogé.
Évoquant ses filles tout en se laissant souvent submerger par une émotion trop forte, il s’est souvenu de leur amour pour leurs études, de leur amour pour leur pays et des espoirs et des rêves qu’elles nourrissaient pour l’avenir.
« La recette de la foi, c’est de toujours se focaliser sur ce que l’on a et non sur ce qui nous manque… J’ai encore aujourd’hui trois enfants merveilleux et une épouse merveilleuse », a-t-il déclaré.
« Ma belle Maia, ma parfaite Maia, nous t’avions baptisée ‘l’eau de Dieu’ et tu étais l’amie de tellement de gens différents, tu circulais entre tant de groupes différents… Tu as toujours été un ange, maintenant tu seras notre ange gardien à jamais », a déclaré Dee en pleurant.
Parlant de Rina, il s’est souvenu d’une étudiante et d’une amie dévouée – ainsi que d’une personne responsable sur laquelle les autres comptaient et en qui ils avaient confiance.
« Ma chère Rina, tu t’occupais du club des jeunes pendant des heures. Les gens t’aimaient et savaient qu’ils pouvaient compter sur toi », s’est-il rappelé.
Mourners singing at the funeral of Maia and Rina who were murdered in a Palestinian terror attack on Friday pic.twitter.com/GO9tiHoGUt
— Jeremy Sharon (@jeremysharon) April 9, 2023
« Tu rêvais de voyager dans le monde entier, maintenant tu voyages au paradis », a dit Dee, qui se trouvait au moment de l’attaque dans une deuxième voiture avec d’autres membres de sa famille, devançant sur la route son épouse, Maia et Rina, à l’occasion d’un déplacement à Tibériade.
« Maia et Rina, vous êtes deux flammes qui jamais ne s’éteindront. Vous apporterez plus de lumière au monde. Vous nous avez inspirés et aimés, en retour nous vous aimerons pour toujours. »
Dee a aussi évoqué la fracture sociétale croissante dans le pays qui a été entraînée par le plan de réforme du système judiciaire israélien avancé par le gouvernement, disant que l’afflux de messages de condoléances et de soutien dont il a été le destinataire, ainsi que la foule compacte réunie pour les funérailles, étaient la preuve que le pays restait toutefois uni.
« Quand une simple famille d’Efrat est dévastée et que c’est tout le pays qui souffre, il n’y a aucune preuve plus forte de notre unité que celle-là », a-t-il noté, ajoutant que la réelle menace planant sur le pays était celle des terroristes « qui se préparent à détruire nos existences en l’espace d’un instant ».
Il a continué en disant que « Maia et Rina… Vous faites dorénavant partie de nous pour l’éternité. Si on observe ce qu’on a et non ce qui nous manque, alors nous réalisons que nous nous sommes unis aux forces du bien contre les forces du mal – et que nous l’emporterons toujours ».
Keren Dee, 17 ans, ravagée par le chagrin suite à la mort de ses deux sœurs, a déclaré qu’elle ne parvenait pas à faire face à ce deuil trop lourd.
Ses mots ont bouleversé l’assistance et des sanglots se sont élevés de l’assistance, famille, amis et inconnus, pendant tout son éloge funèbre.
« Maia, tu étais mon monde, tu étais ma meilleure amie, tu étais ma grande sœur… On a tout traversé ensemble », a dit Keren, en pleurant. « Maia, ma grande sœur, je vais dorénavant prendre ton rôle de grande sœur à la maison. J’espère que je serai à ta hauteur en cela, mais j’ai la certitude que jamais je ne réussirai à te remplacer. Je te promets de prendre soin de Tali et de Yehudah comme tu as pris soin de nous », a-t-elle ajouté, évoquant les petits de la fratrie.
« Je t’aime et tu me manques tellement », a-t-elle continué.
« Ma Rina, ma petite sœur, je t’avais promis que je prendrais soin de toi et je suis désolée de ne pas avoir su tenir cette promesse. Je ferais tout pour avoir été dans cette voiture à ta place. J’ai peur d’imaginer ce que tu as vécu dans ces moments de souffrances. Comment tu as vécu cette terreur alors que je n’étais pas là pour te sauver. Le monde a perdu une âme pure ».
S’exprimant avant le début des funérailles, Udi Abramovitch, directeur du séminaire religieux Midreshet Lindenbaum Lod où Maia a étudié, a expliqué qu’elle était une étudiante dévouée qui aimait les livres et les études religieuses.
« Maia aimait la Terre d’Israël, elle adorait les excursions à travers le pays et elle disait toujours à quel point chaque endroit qu’elle découvrait était beau », a déclaré Abramovitch.
Parmi les personnes présentes, des fidèles de la synagogue de Radlett du Royaume-Uni, où le père des filles, Leo Dee, avait été rabbin pendant quatre ans. Ils ont décrit la famille comme étant « très hospitalière » – une famille qui ouvrait toujours sa maison aux invités.
« Nous sommes dévastés, c’est une famille adorable », a déclaré une fidèle qui n’a pas souhaité donner son nom. « Ils parlaient toujours de faire leur alyah, nous avons toujours su qu’ils reviendraient en Israël, mais ils voulaient d’abord apporter un peu d’Israël et de judaïsme à Radlett », a-t-elle ajouté.
Pendant la cérémonie, la voiture qui aurait été utilisée par les terroristes palestiniens qui ont assassiné Maia et Rina a été retrouvée par les forces de sécurité palestiniennes à Naplouse, selon des informations qui ont été partagées sur les réseaux sociaux.
Les locaux, à Naplouse, ont affirmé que le véhicule – qui porte des plaques d’immatriculation israéliennes – a été retrouvé dans le nord de Cisjordanie quarante-huit heures après l’attaque meurtrière. Certaines informations – qui n’ont pas été confirmées – ont fait savoir que la voiture avait été confiée pour inspection aux responsables de l’Autorité palestinienne.
Les plaques d’immatriculation apparaissant sur les images de la caméra de surveillance correspondent à celles du véhicule qui a été retrouvé.
Pour leur part, les auteurs de l’attentat sont encore en fuite.
Emanuel Fabian a contribué à la rédaction de cet article.