Lors d’un contre-examen tendu, le soldat d’Hébron dit que ses supérieurs ont menti
Elor Azaria, qui a tué un terroriste neutralisé, dit à la cour que ses commandants ont délibérément omis des informations dans leurs témoignages
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
Lors de son premier contre-interrogatoire, le soldat israélien jugé pour avoir tué un Palestinien neutralisé, coupable d’une attaque au couteau, a accusé lundi ses commandants de mentir au sujet de l’incident devant le tribunal militaire, affirmant qu’ils avaient délibérément omis des informations importantes dans leurs témoignages.
Le sergent Elor Azaria était à la barre lundi pour la deuxième journée consécutive, répondant aux questions de l’accusation sur l’incident du 24 mars lors duquel il a été filmé abattant un terroriste palestinien, Abdel Fattah al-Sharif, d’une balle dans la tête, près de 15 minutes après que Sharif avait été neutralisé par des soldats alors qu’il tentait de les poignarder à Hébron.
Un soldat de Tsahal a été légèrement blessé dans l’attaque au couteau, au cours de laquelle un second assaillant palestinien a été tué par balle.
Azaria, qui a été accusé d’homicide involontaire, a déclaré au tribunal que son commandant de compagnie, le major Tom Naaman, avait omis des faits importants dans son compte rendu de l’incident et « menti sur quelques points ».
Une grande partie de l’interrogatoire a été axée sur les affirmations faites par Azaria la semaine dernière que son commandant l’avait giflé dans les minutes ayant suivi les faits.
Dans une lettre donnée à la défense la semaine dernière et à la cour, dimanche, Azaria a dit que Naaman l’avait giflé au visage peu après la fusillade. La défense a appelé à une enquête de la police militaire sur l’incident.
Au cours de l’interrogatoire de lundi l’accusation a montré au tribunal une vidéo de Azaria, interrogé immédiatement après la fusillade, dans laquelle il a dit : « Le commandant de compagnie n’était pas en colère contre moi ».
Interrogé pour savoir comment il pouvait maintenant prétendre qu’il avait été agressé physiquement, Azaria a déclaré : « Mon état d’esprit n’était pas bon. Je ne suis pas psychologue », selon le site d’information Ynet.
« J’étais en état de choc – voilà pourquoi je n’ai jamais parlé au commandant de bataillon de la gifle », a-t-il ajouté. « J’étais sous le choc de la réponse du commandant de la compagnie et de l’incident. N’importe qui dans le domaine peut comprendre ce dont je veux parler ».
Lors de son premier jour à la barre, Azaria a vivement critiqué ses commandants, affirmant qu’ils avaient échoué à garder la situation sous contrôle, alors que des civils et des équipes d’informations armées de caméras essayaient de s’approcher de plus près des attaquants.
« Les commandants étaient complaisants, ils ne faisaient pas attention au terroriste. Le commandant de compagnie se tenait près de [Sharif] parlant à la radio, ne faisant pas attention à la situation, à ce qui se passait sur les lieux, aux cris », a-t-il dit dimanche. « De mon point de vue, ils n’agissaient pas comme des commandants devraient agir ».
Le mois dernier Naaman a fourni un témoignage accablant contre Azaria, disant que Sharif ne représentait aucune menace et que après l’avoir abattu, Azaria avait dit à Naaman : « Ce terroriste était vivant et il devait mourir ».
Le ministre de la Défense, Avigdor Liberman a déclaré lundi que les politiciens devraient laisser le tribunal militaire faire son travail et non pas « décider du sort [de Azaria] » par eux-mêmes.
« L’échelon politique, et surtout le ministre de la Défense, ne doivent pas être autorisés à décider du sort du soldat, d’autant moins avant que le processus juridique ne prenne fin », a-t-il déclaré dans une référence apparente aux observations faites par son prédécesseur Moshe Yaalon qui, en tant que ministre de la Défense au moment de l’incident, avait indiqué qu’il croyait Azaria coupable.
Azaria sera interrogé pour une troisième journée, mardi.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.