L’UE annonce la reprise du forum de dialogue suspendu avec Israël depuis 2012
Josep Borrell a mis l'accent sur la "détérioration" de la situation palestinienne dans une déclaration sur le Conseil d'association, qui s'est réuni pour la dernière fois en 2012
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Le Conseil des affaires étrangères de l’Union européenne a décidé de reprendre les réunions du Conseil d’association avec Israël, a annoncé lundi le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell.
Le Conseil d’association est une réunion qui doit avoir lieu une fois par an entre Israël et l’UE pour évoquer des questions d’intérêt commun. La dernière rencontre du conseil remonte à 2012. En tant que ministre des Affaires étrangères, Yair Lapid s’était fixé comme objectif de reconvoquer ce forum.
La position de l’Union européenne « n’a pas changé en ce qui concerne le processus de paix au Moyen-Orient », a déclaré Borrell lors d’une conférence de presse après la réunion des 27 ministres des Affaires étrangères de l’UE à Bruxelles. « Nous maintenons la conclusion du Conseil de 2016 qui soutenait la solution à deux États ».
« Nous savons que la situation dans les territoires palestiniens se détériore, et je pense que les ministres ont convenu que ce Conseil d’association serait une bonne occasion de s’engager avec Israël sur ces questions », a-t-il poursuivi.
Dans une déclaration faite tard lundi soir, le Premier ministre Yair Lapid a déclaré que le vote des ministres des Affaires étrangères de l’UE « est la preuve de la puissance diplomatique d’Israël et de la capacité du gouvernement à créer de nouvelles opportunités avec la communauté internationale. »
La date de la réunion sera fixée d’un commun accord entre l’UE et Israël.
La semaine dernière, un haut fonctionnaire européen a déclaré au Times of Israel que Borrell hésitait à reconvoquer ce forum majeur en raison de la mort de la journaliste d’Al-Jazeera, Shireen Abu Akleh en mai
Borrell était réticent à l’idée d’un Conseil d’association avec Israël, mais il s’est ravisé sous la pression des États membres de l’UE.
Mais la situation a changé, lorsque Shireen Abu Akleh, 51 ans, a été tuée alors qu’elle couvrait un raid militaire israélien à Jénine, le 11 mai, aux côtés d’une équipe d’autres journalistes. Au cours du raid, une fusillade a éclaté entre les troupes israéliennes et des hommes armés palestiniens et, à un moment donné, dans des circonstances peu claires, Abu Akleh a reçu une balle dans la tête.
Le lendemain, le ministère de la Défense a approuvé les plans de 4 427 nouveaux logements dans les implantations.
« Il y avait deux choses inacceptables en termes de diplomatie – la mort de la journaliste et l’annonce de 4 000 nouvelles colonies », a déclaré le fonctionnaire.
« Borrell nous a dit, pouvez-vous imaginer que je vais mettre à l’ordre du jour une réunion de coopération avec les images qui circulent à la télévision… non mais, sérieusement », a déclaré le fonctionnaire européen.
Borrell a indiqué aux ministres qu’il ferait avancer le texte durant les six mois de la présidence tchèque du Conseil de l’Europe, qui a débuté le 1er juillet.
Le bureau du porte-parole de Borrell n’a pas répondu lorsqu’il a été interrogé à ce sujet. Le ministère israélien des Affaires étrangères s’est refusé à tout commentaire.
En 1995, Israël avait signé un accord d’association qui définissait sa relation avec l’UE, un accord ratifié en l’an 2000. Israël avait annulé la rencontre du conseil en 2013 quand l’UE avait entraîné la colère de l’État juif en émettant de nouvelles régulations qui déterminaient qu’aucune instance israélienne opérant au-delà de la Ligne verte ne pourrait prétendre à un financement européen ou coopérer avec le bloc européen.
Pendant sa présidence du Conseil de l’UE, la France a tenté de faire avancer la rencontre avec Israël. « Nous espérons approfondir les relations UE-Israël à travers le Conseil d’association », a déclaré l’envoyé de la France en Israël, Eric Danon en mai. « Nous travaillons actuellement dans cette perspective, conscients des conditions politiques et techniques relatives aux règles et au cadre de l’UE. »
Pendant plusieurs années, certains États membres de l’UE ont empêché la tenue de ces réunions.
Lors de la réunion de Lapid avec ses homologues de l’Union européenne en juillet dernier, la plupart des pays ont soutenu l’idée de programmer une réunion du Conseil d’association et de renforcer les relations bilatérales en général, selon des sources internes au Times of Israel.
En juillet 2011, un groupe multipartite de 158 membres du Parlement européen a signé une lettre appelant les dirigeants de l’UE à reprendre le Conseil d’association.
« Nous sommes très heureux de voir l’Union européenne réagir après que plus d’un quart des députés ont signé la lettre appelant à la reprise du Conseil d’association », a déclaré Shai Bazak, PDG d’ELNET-Israël. « Cela profitera à la fois à Israël et à l’UE, et stimulera les liens déjà prospères entre Israël et l’UE. »