L’UE propose un compromis sur la radiation du CGRI de liste noire terroriste
Josep Borrell a déclaré au Financial Times que le bloc espérait trouver une "voie médiane" pour sortir de l'impasse
L’Union européenne fait une ultime tentative pour relancer les négociations sur le programme nucléaire iranien, connues sous le nom de Plan d’action global conjoint (JCPOA), qui sont au point mort depuis plus de six semaines, en grande partie à cause de la demande iranienne que Washington retire le Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI) de la liste des organisations terroristes étrangères du Département d’État.
Les pourparlers entre l’Iran et les puissances mondiales qui se déroulent à Vienne et visent à relancer l’accord nucléaire de 2015 sont dans l’impasse.
Le chef de la politique étrangère de l’Union Européenne, Josep Borrell, a toutefois déclaré au Financial Times, dans une interview publiée samedi, que le bloc espérait trouver une « voie médiane » pour sortir de l’impasse.
Selon le rapport, Borrell a suggéré un scénario dans lequel la désignation sur le CGRI est levée de façon générale, mais maintenue sur certaines parties spécifiques de l’organisation. Les responsables israéliens ont ouvertement exprimé leur inquiétude quant à la suppression de la désignation, essentiellement symbolique.
Le rapport note que le CGRI possède un certain nombre d’ailes ainsi que des intérêts commerciaux étendus.
Selon le rapport, l’une des possibilités serait de supprimer la désignation du Corps des gardiens de la révolution islamique, mais de la maintenir pour la Force Qods, la branche étrangère de l’organisation qui mène des opérations et finance des groupes terroristes dans tout le Moyen-Orient, notamment dans la bande de Gaza, en Irak, au Liban, en Syrie et au Yémen.
La Force Qods est désignée par un certain nombre de pays comme une organisation terroriste, notamment par les États-Unis et Israël.
« À un certain moment, en tant que coordinateur [des pourparlers de Vienne], je devrais formellement mettre cette proposition sur la table,… ce sera le seul point d’équilibre possible », a déclaré Borrell au journal. « Nous ne pouvons pas continuer comme ça éternellement, parce que pendant ce temps l’Iran continue à développer son programme nucléaire ».
Borrell a déclaré que « le dossier est sur la table du président {américain} Biden en personne. Mes discussions avec [le secrétaire d’État américain Antony] Blinken ont atteint leur limite. »
Selon le Financial Times, Borrell a décrit les efforts pour trouver une solution comme « la dernière chance », mais a déclaré qu’il ne lancerait pas d’ultimatum à l’Iran en la matière.
« Nous, Européens, serons également gagnants de cet accord, la situation a changé maintenant. Pour nous, c’e n’était pas une priorité… nous n’en avions pas besoin’, mais maintenant il serait très intéressant pour nous d’avoir un autre fournisseur [de pétrole brut] », a déclaré Borrell. « Et les Américains auraient bien besoin d’un succès diplomatique. »
L’accord de 2015 accordait à l’Iran un allègement des sanctions en échange de restrictions destinées à garantir que Téhéran ne puisse pas développer une arme nucléaire, ce que le pays a toujours nié vouloir faire.
Les États-Unis se sont retirés unilatéralement de l’accord en 2018 sous la présidence de Donald Trump, alors président des États-Unis, en promettant d’instituer « le plus haut niveau de sanctions économiques » sur la République islamique, incitant ainsi l’Iran à revenir sur ses propres engagements et à faire progresser son développement nucléaire.
Les pourparlers de Vienne, qui ont débuté il y a un an, visent à ramener les États-Unis dans l’accord nucléaire, notamment par la levée des sanctions contre l’Iran, et à faire en sorte que Téhéran respecte pleinement ses engagements. Les États-Unis communiquent avec l’Iran par le biais d’intermédiaires lors des pourparlers.
La Maison-Blanche a déclaré le mois dernier que le temps de sortie du nucléaire de l’Iran, c’est-à-dire la période dont il aurait besoin pour amasser la matière fissile nécessaire à la fabrication d’une bombe s’il décidait de le faire, n’était plus que de quelques semaines. Les États-Unis continuent d’insister sur le fait qu’une solution diplomatique est la meilleure voie à suivre.
La semaine dernière, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a déclaré jeudi avoir été informée par l’Iran de la mise en service d’un nouvel atelier de fabrication de composants de centrifugeuses à Natanz (centre), principal site d’enrichissement d’uranium du pays.
Le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, a déclaré que les machines avaient été déplacées de Karaj, près de Téhéran, vers le nouveau site, qui, selon lui, se trouve à trois niveaux sous terre, certainement pour les protéger d’éventuelles frappes aériennes.
L’atelier produit des pièces pour les centrifugeuses utilisées pour enrichir l’uranium.
L’accord nucléaire prévoyait que l’Iran stocke des centrifugeuses sous la surveillance de l’AIEA, tout en limitant son taux d’enrichissement à 3,67 % et son stock à maximum 300 kilogrammes d’uranium.
Selon l’AIEA, au 19 février, le stock d’uranium enrichi de l’Iran s’élevait à près de 3 200 kilogrammes. Certains ont été enrichis jusqu’à 60 %, ce qui représente une courte étape technique par rapport aux niveaux de 90 % de qualité militaire. Entre-temps, l’Iran a empêché l’AIEA d’accéder à certaines images de ses caméras de surveillance.
L’Iran a longtemps insisté sur le fait que son programme nucléaire était destiné à des fins pacifiques. Cependant, les agences de renseignement américaines et l’AIEA pensent que l’Iran a eu un programme nucléaire militaire organisé jusqu’en 2003, tandis qu’Israël a affirmé disposer de nouvelles « preuves concluantes » d’un programme secret iranien pour se doter de l’arme nucléaire.