L’Ukraine appelle Israël à aider les Juifs d’Odessa sous les frappes russes
L'ambassade d'Ukraine en Israël déclare que la communauté juive a été fortement touchée par les attaques, dont une qui a endommagé les locaux d'Hillel

L’ambassade d’Ukraine en Israël a appelé vendredi le gouvernement israélien à venir en aide à la communauté juive d’Odessa, alors que la ville est devenue une cible de plus en plus fréquente des attaques russes.
Depuis que Moscou s’est retirée le mois dernier de l’accord sur les céréales qui permettait à Kiev de continuer à exporter des céréales via la mer Noire malgré la guerre, la Russie martèle Odessa et ses environs.
La semaine dernière, les bureaux de Hillel International, l’organisation universitaire juive, ont été endommagés par une attaque de missiles.
« La communauté juive d’Odessa continue d’être gravement touchée par les attaques russes – le gouvernement israélien doit se réveiller », a déclaré l’ambassade dans un communiqué, exhortant Israël à « ne pas abandonner sa communauté en ces temps difficiles ».
« La communauté juive d’Odessa, comme tous les citoyens de la ville, est fortement affectée par ces attaques. Et malgré la gravité de la situation, les dirigeants de la communauté continuent à guider avec courage leur peuple, conscients que l’éducation de leurs enfants ne peut pas être interrompue », a déclaré l’ambassade.
L’ambassade a cité le rabbin d’Odessa, Abraham Wolf, en décrivant la communauté juive de la ville, qu’elle considère comme une « lueur d’espoir » en raison de sa « résilience et de son unité ».
« Au milieu des décombres et de la peur, nous continuons à renforcer nos institutions, à nourrir notre peuple et à éduquer notre jeunesse. Car nous savons qu’en ces temps de crise, nous ne sommes pas seulement des survivants, mais des porteurs d’espoir et de continuité », a déclaré Wolf, selon le communiqué.

Avant les pogroms qui ont marqué le XIXe siècle et le début du XXe siècle, Odessa comptait l’une des plus grandes concentrations de Juifs d’Europe, qui représentaient environ un quart de la population. Le président ukrainien Volodomyr Zelensky, qui est juif, a déjà brandi la menace de dommages aux sites juifs ukrainiens pour rallier les Juifs du monde entier à l’effort de guerre.
Israël a soutenu plusieurs mesures en faveur de l’Ukraine aux Nations unies, notamment une résolution non contraignante adoptée à l’occasion du premier anniversaire de la guerre, appelant la Russie à mettre fin aux hostilités en Ukraine et à retirer ses forces.
Toutefois, contrairement à ses alliés occidentaux, Israël s’est abstenu de fournir une aide militaire à l’Ukraine, malgré les demandes répétées de cette dernière. Tout en apportant une aide humanitaire à l’Ukraine, Israël poursuit une politique stricte consistant à ne pas lui fournir d’aide militaire, dont notamment des systèmes qui pourraient l’aider à intercepter les attaques de missiles et de drones russes.
Cela dit, le pays travaille avec les Ukrainiens à la mise en place d’un système d’alerte aux missiles, basé sur les connaissances acquises après avoir été la cible d’attaques à la roquette pendant des années.
La décision de ne pas fournir d’armes serait motivée par la nécessité stratégique pour Israël de conserver sa liberté d’action en Syrie, où l’espace aérien est largement contrôlé par la Russie. Les responsables israéliens ont également exprimé la crainte que des technologies militaires de pointe ne tombent entre les mains de l’ennemi et ont invoqué les limites de la production et de l’approvisionnement.

Mercredi, la Russie a frappé un silo à grains dans le port d’Izmail, dans la région d’Odessa, endommageant des silos, des entrepôts et des bâtiments administratifs, selon Kiev.
Izmail est actuellement la principale voie d’exportation des produits agricoles ukrainiens transitant par la Roumanie, à la suite du retrait de la Russie de l’accord sur les céréales.
Cet accord a permis à quelque 33 millions de tonnes de céréales de quitter les ports ukrainiens, dissipant ainsi les craintes d’une pénurie alimentaire mondiale suite au déclenchement du conflit.
Les ports maritimes de la région d’Odessa ont été une plaque tournante essentielle pour les exportations de céréales, qui ont bénéficié des garanties de passage prévues par l’accord.
La semaine dernière, un tir de missile a également gravement endommagé la cathédrale de la Transfiguration, emblématique de la ville.