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L’Université du Vermont attaquée pour avoir nié les accusations d’antisémitisme

Une vingtaine d’organisations juives, dont l’ADL, Hillel et les fédérations juives, dénoncent l’université qui a qualifié les allégations de discrimination d' « infondées »

Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël

Illustration : Campus de l’Université du Vermont à Burlington, Vermont, le 11 mars 2020. (Crédit : AP Photo/Charles Krupa)
Illustration : Campus de l’Université du Vermont à Burlington, Vermont, le 11 mars 2020. (Crédit : AP Photo/Charles Krupa)

Les principales organisations juives américaines ont condamné l’Université du Vermont vendredi, suite à la publication d’un démenti ferme de toute forme d’antisémitisme sur le campus, en réponse à une enquête fédérale sur des faits de possibles discriminations anti-juive par des étudiants et des professeurs.

L’enquête du ministère américain de l’Éducation sur ce qui pourrait constituer une série d’incidents antisémites à l’université a été annoncée mardi.

Jeudi, la célèbre université de l’État du Vermont à Burlington, communément appelée UVM, rejetait les accusations comme « manifestement infondées ».

« Les informations sans fondements publiées cette semaine font du tort à l’UVM », a déclaré le président de l’université, Suresh Garimella, dans un message adressé à la communauté universitaire.

« Et, de manière tout aussi préoccupante, elles font du tort à nos étudiants, professeurs, membres du personnel et anciens élèves juifs. »

« Il ne fait aucun doute que l’antisémitisme existe dans le monde et, malgré tous nos efforts, au sein-même de notre communauté », a-t-il ajouté. « Exploiter la peur et les divisions en affirmant, à tort, que l’UVM ne s’est pas préoccupée des plaintes pour antisémitisme génère de la confusion et un sentiment d’insécurité pour toute la communauté. »

L’université s’est dite confiante que l’enquête l’innocenterait en tout point.

Il s’agit là du démenti le plus cinglant aux accusations d’antisémitisme qui touchent de nombreuses universités américaines, également placées sous enquête.

« Il est normalement de bon ton de garder le silence en pareilles circonstances, puisque nous apportons notre concours à l’enquête en cours, mais cela ne m’est tout bonnement pas possible. Ces accusations publiques, tout comme les valeurs profondément ancrées au sein de notre communauté, exigent une réponse forte et immédiate », a déclaré Garimella.

Le président de l’Université du Vermont, Suresh Garimella, s’entretient avec des journalistes le 1er lundi juillet 2019 à Burlington, dans le Vermont. (Crédit : AP/Lisa Rathke)

Les organisations juives ont déclaré que le fait de nier l’existence de problèmes revenait à reprocher aux étudiants juifs d’avoir soulevé la question, et pourrait aliéner davantage les Juifs et attiser davantage l’antisémitisme sur le campus.

Vingt organisations juives de premier plan se sont dites « alarmées, déçues et troublées par la réponse », qui, selon elles, « ne fait que légitimer » l’antisémitisme.

« Au lieu de faire preuve du courage dont d’autres dirigeants universitaires aux Etats-Unis ont fait preuve en reconnaissant le problème ou en offrant leur aide aux étudiants juifs qui craignent de faire état de leur judéité, le président de l’UVM persiste et signe en refusant de prendre ses responsabilités », indique une lettre signée par des organisations telles que l’Anti-Defamation League, Hillel International, le Centre Simon Wiesenthal, Juif sur le campus, les Fédérations juives d’Amérique du Nord et la section Habad de l’Université du Vermont.

« L’université refuse son aide à une communauté prise pour cible. En outre, en suggérant que les étudiants juifs doivent apprendre à se protéger, elle préfère faire des reproches aux victimes », précise la lettre.

Le Louis D. Brandeis Center for Human Rights Under Law, qui a apporté son concours à la plainte déposée contre l’université, a déclaré que la réponse de cette dernière était « étonnamment inappropriée et blessante ».

Le campus de l’Université du Vermont à Burlington, Vermont, le 11 mars 2020. (Crédit : AP Photo/Charles Krupa)

« La déclaration de Garimella ne montre ni réflexion, ni compassion, ni remords », regrette le Centre Brandeis.

« Garimella témoigne de cette même attitude dédaigneuse qui a rendu les étudiants juifs vulnérables au harcèlement et à la discrimination, reprochant aux victimes de l’avoir dénoncé », a déclaré le centre.

L’American Jewish Committee a pour sa part indiqué que le déni de Garimella « avait eu un impact négatif sur les étudiants juifs en butte à l’antisémitisme sur le campus, faisant en sorte que les étudiants et les groupes juifs se sentent moins inclus, valorisés et protégés ».

« Nous sommes profondément déçus que l’université ait choisi de parler au nom des étudiants juifs, au lieu de les recevoir et de s’entretenir sérieusement avec eux », a déclaré le comité.

Le Congrès juif mondial s’est dit « troublé » par la réponse de Garimella.

« Sa déclaration est beaucoup plus équivoque que les réactions d’autres présidents ou administrations d’universités ou de collèges confrontés aux mêmes difficultés », a déclaré le groupe.

Les accusations contre l’UVM concernent des étudiants sionistes qui déclarent avoir été exclus de clubs étudiants, y compris d’un groupe de soutien aux victimes d’agressions sexuelles. Par ailleurs, une assistante d’enseignement aurait menacé de baisser les notes des étudiants sionistes et les aurait intimidés en ligne. Enfin, des étudiants auraient jeté des pierres sur un dortoir d’étudiants pour Juifs Hillel et vandalisé les portes.

Garimella a déclaré que l’université avait rapidement et minutieusement enquêté sur ces plaintes.

Après avoir enquêté sur les organisations qui auraient exclu des étudiants sionistes, l’université a indiqué qu’il ne s’agissait pas d’organisations étudiantes reconnues, qu’elles ne recevaient aucun soutien universitaire et ne relevaient donc pas des règles de l’université.

Publication sur Instagram d’un groupe de soutien aux victimes d’agressions sexuelles de l’Université du Vermont annonçant l’exclusion des sionistes. (Courtoisie)

L’université assure qu’aucune note n’a été baissée par l’assistante anti-sioniste, en dépit de ses menaces, et qu’aucun étudiant n’a signalé avoir été victime de discrimination.

Enfin, après avoir été informée que des pierres avaient été jetées sur un bâtiment Hillel du campus où vivent des étudiants juifs, la police a établi que de petites pierres avaient effectivement été lancées sur le bâtiment, mais pour appeler l’attention d’un résident, et que rien ne permettait d’affirmer que c’était motivé par des préjugés antisémites, a déclaré Garimella.

Le Centre Brandeis a indiqué que ces arguments étaient « totalement inappropriés ».

Le club de lecture étudiant qui a interdit les sionistes est en fait parrainé par l’université, a expliqué le Centre Brandeis, affirmant que la conduite discriminatoire des deux groupes n’était pas couverte par la liberté d’expression.

Le groupe de soutien aux victimes d’agressions sexuelles qui a fermé ses portes aux sionistes est une importante organisation étudiante qui, bien que non soutenue par l’université, est bien connue de l’administration. Le Centre Brandeis considère que ceci suffit à attester de la responsabilité de l’université dans cette affaire de discrimination.

L’assistante d’enseignement, pour sa part, a « encouragé l’hostilité » envers les Juifs en disant qu’il était « bon et drôle » de les intimider, encourageant ses élèves à faire de même. Elle a en outre fait peser une menace sur leurs notes, a déclaré le centre.

Dans la réponse apportée au sujet de cette assistante, l’université n’a pas évoqué la question de l’intimidation en ligne, pas davantage que son incitation à l’antisémitisme. Elle n’a pas davantage contesté qu’elle faisait toujours partie des effectifs de l’université.

Selon la plainte, les étudiants qui ont jeté des pierres sur les dortoirs juifs ont demandé aux résidents, sortis s’informer de ce qui se passait, s’ils étaient juifs et ont continué à jeter des pierres pendant une trentaine de minutes, vandalisant les portes du bâtiment. Ceci ne correspond en rien à l’explication donnée par l’université.

Le Centre Burack Hillel Center près du campus de l’Université du Vermont à Burlington, Vermont, le 11 mars 2020. (Crédit : AP Photo/Charles Krupa)

La plainte déposée contre l’université reproche à cette dernière d’avoir laissé prospérer un environnement antisémite chargé d’hostilité sur le campus, en contravention avec le titre VI de la loi sur les droits civils de 1964.

La loi interdit la discrimination fondée sur la race, la couleur ou l’origine nationale dans les programmes bénéficiaires d’un financement fédéral.

La discrimination antisémite fait partie des violations du titre VI depuis 2019, grâce à un décret de l’ex-président Donald Trump. Cela a ouvert une nouvelle voie de droit aux défenseurs juifs en lutte contre l’antisémitisme sur les campus.

Le Bureau des droits civils du ministère de l’Éducation ne mène d’enquêtes que sur les plaintes qu’il juge dignes d’une enquête approfondie.

Préalablement à l’enquête fédérale, les étudiants juifs du collège de l’État du Vermont avaient déjà signalé des faits de discrimination généralisée. Une information de Jewish on Campus publiée cette année avait révélé que l’Université du Vermont avait signalé plus d’incidents antisémites que tout autre campus en 2021.

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