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L’UNRWA doit procéder « à des changements fondamentaux », disent les États-Unis

Le département d'État déclare qu'une somme de 300 000 dollars est actuellement bloquée suite au gel entraîné par les accusations lancées à l'encontre des employés de l'agence qui auraient pris part au massacre du 7 octobre

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

L'ambassadrice américaine aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, au siège de l'ONU à New York, le 1er mars 2021. (Crédit : TIMOTHY A. CLARY / AFP)
L'ambassadrice américaine aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, au siège de l'ONU à New York, le 1er mars 2021. (Crédit : TIMOTHY A. CLARY / AFP)

L’envoyée américaine aux Nations unies a fait savoir, mardi, que Washington devait pouvoir constater « des changements fondamentaux » au sein de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, l’UNRWA, avant de pouvoir recommencer à financer l’agence, suite aux accusations lancées à l’encontre de certains de ses employés qui auraient été impliqués dans le massacre commis par le groupe terroriste palestinien sur le sol israélien, le 7 octobre.

Linda Thomas-Greenfield, l’ambassadrice des États-Unis aux Nations unies, a salué la décision prise par l’organisation de lancer des investigations au sein de l’instance chargée des réfugiés palestiniens.

« Nous devons examiner l’organisation, la manière dont elle mène ses opérations à Gaza, la manière dont elle gère ses personnels et nous devons garantir que les personnes qui commettent des actes criminels, comme cela a été le cas de ces douze individus, rendront immédiatement des comptes afin que l’UNRWA puisse continuer à mener la mission déterminante qu’elle mène », a-t-elle dit.

Le porte-parole du département d’État Matt Miller a expliqué mardi qu’une enveloppe d’environ 300 000 dollars qui devait être transférés à l’UNRWA avait été gelée, suite à la décision prise par l’administration Biden de suspendre ses financements.

Les États-Unis devaient donner environ mille fois ce montant avant la fin de l’année fiscale, au mois de septembre.

A peu-près 121 millions de dollars avaient été transférés par l’administration américaine depuis le 1er octobre.

Habituellement, les États-Unis fournissent à l’agence une somme de 300 à 400 millions de dollars par an – ce qui fait d’eux le premier soutien de l’agence dans le monde.

Le prochain versement majeur ne devrait pas être effectué avant l’été mais son montant dépendra des fonds alloués par le Congrès dans le cadre de l’enveloppe supplémentaire de financement et de la Résolution de continuation du budget. L’une et l’autre n’ont pas encore été approuvées.

Miller a souligné que les États-Unis allaient prendre une décision sur les 300 000 dollars qui ont été suspendus ainsi que sur tous les autres financements de l’UNRWA sur la base des conclusions des investigations lancées par les Nations unies sur les employés de l’agence.

Mettant l’accent sur la gravité des accusations, le porte-parole du département d’État a indiqué que l’UNRWA avait d’ores et déjà décidé de renvoyer huit de ses employés, ajoutant que deux autres avaient été suspendus. L’administration américaine, annonçant vendredi qu’elle gelait les fonds à destination de l’agence, avait fait remarquer que les accusations avaient été lancées à l’encontre de douze employés de l’UNRWA. Le Wall Street Journal a en outre fait savoir, mardi, qu’à peu-près 1 200 employés – soit 10% des personnels en poste à Gaza – étaient liés au Hamas ou au Jihad islamique palestinien, selon les services de renseignement israéliens.

Approximativement 121 millions de dollars de financement américain avaient déjà été transmis à l’UNRWA entre le 1er octobre et la décision de la suspension des dons, sous réserve des résultats de l’enquête.

Les États-Unis n’ont pas été les seuls à bloquer ces versements suite aux accusations israéliennes et plusieurs pays leur ont emboîté le pas, notamment le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Japon.

Les partisans palestiniens du Hamas réclament la reprise des financements apportés à l’agence de l’ONU chargée des réfugiés palestiniens (UNRWA) au siège de Beyrouth de cette dernière, au Liban, le 30 janvier 2024. (Crédit : AP Photo/Bilal Hussein)

La semaine dernière, les renseignements israéliens avaient transmis un dossier accusant 190 employés de l’UNRWA d’être des terroristes du Hamas et du Jihad islamique palestinien, disant que certains d’entre eux avaient pris part au massacre du 7 octobre, commis sur le sol israélien, qui avait déclenché la guerre à Gaza, ou d’avoir pris part à des enlèvements, ce jour-là.

Mardi, Israël a accusé l’agence des Nations unies de laisser le Hamas utiliser ses infrastructures dans la bande de Gaza à des fins terroristes.

« L’UNRWA est une vitrine du Hamas », a dit le porte-parole du gouvernement, Eylon Levy, dans une vidéo. « Elle s’est fondamentalement compromise à trois niveaux principaux : en embauchant des terroristes à grande échelle ; en laissant ses infrastructures être utilisées pour les activités militaires du Hamas et en s’appuyant sur le Hamas pour la distribution des aides dans la bande de Gaza ».

Les Palestiniens, à leur tour, ont accusé Israël de falsifier des informations de manière à ternir la réputation de l’UNRWA qui déclare avoir, pour sa part, renvoyé certains salariés et enquêter sur les accusations lancées.

Mardi dans la matinée, le Conseil de sécurité des Nations unies a fait part de son inquiétude face « à la situation humanitaire difficile » dans la bande de Gaza, une situation qui, selon lui, « se détériore rapidement ». Il a sommé toutes les parties de travailler avec la Coordinatrice humanitaire et pour la reconstruction de Gaza, Sigrid Kaag.

Une déclaration qui a été faite par les 15 membres du Conseil après une toute première réunion à huis-clos avec Kaag depuis qu’elle a été nommée à son poste, il y a environ un mois.

La Coordinatrice humanitaire et pour la reconstruction de Gaza, Sigrid Kaag, pendant une conférence de presse aux Nations unies à New York City, le 30 janvier. (Crédit : Michael M. Santiago/Getty Images North America/Getty Images via AFP)

Kaag a indiqué que le rôle humanitaire assumé par l’UNRWA qui dirige des écoles, des dispensaires à Gaza, qui y assure d’autres services et qui y distribue des aides, était actuellement unique.

« Il est impossible qu’une autre organisation puisse remplacer ou se substituer aux capacités énormes de l’UNRWA, à son tissu social, à ses aptitudes et à sa connaissance de la population de Gaza », a-t-elle affirmé devant les journalistes à l’issue de la réunion à huis-clos avec le Conseil de sécurité.

Malgré les accusations lancées à l’encontre de l’agence, Miller a fait part du même sentiment, disant que les États-Unis apportaient encore leur soutien au travail « déterminant » d’aide humanitaire qui est réalisé par l’UNRWA à Gaza.

« Il n’y a aucun autre acteur humanitaire, à Gaza, qui est en mesure de fournir autant de produits alimentaires, d’eau et de médicaments que l’UNRWA et à une telle échelle », a-t-il fait remarquer, disant que c’est la raison pour laquelle les États-Unis veulent que l’ONU puisse minutieusement et rapidement mener son enquête de façon à ce qu’une telle conduite de ses salariés ne puisse jamais se reproduire et que l’instance puisse continuer ses activités.

L’AFP a contribué à cet article.

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