L’usage d’un immeuble laïc par les ultra-orthodoxes provoque un tollé
Les membres du Conseil Beit Shemesh qualifient cette autorisation de la mairie de « conquête insidieuse » de l’école
Marissa Newman est la correspondante politique du Times of Israël
L’autorisation de laisser des étudiants ultra-orthodoxes utiliser une partie de l’espace d’une école laïque a entraîné une vague de protestations des parents et des politiciens, qui accusent la ville de permettre la prise de contrôle de l’institution de l’école par les haredim.
La ville de Beit Shemesh a récemment annoncé que les étudiantes ultra-orthodoxes seront autorisées à utiliser les classes vides de l’école Safot V’Tarbuyot à cause, selon la mairie, de la pénurie de salles de cours dans la région.
Il y avait de vives tensions au moment de la rentrée scolaire, lundi, lorsque les parents laïcs et orthodoxes se sont retrouvés à l’entrée de l’école dans le quartier de Ramat à Beit Shemesh.
Le jour précédent, une grande manifestation a été organisée par les parents laïcs au cours de laquelle seul un enseignant a été légèrement blessé, selon Israel Radio.
Les parents laïcs ont reçu le soutien du ministère de l’Education, qui a déclaré dans un communiqué qu’il « s’oppose fermement » à cette autorisation, selon le site d’informations Walla.
« C’est une conquête insidieuse de l’institution de l’école. Leur but ultime est la fermeture de l’école car les haredim ne sont pas capables d’apprendre avec les laïcs », affirme Moshe Shitrit, un membre de la municipalité affilié au Likud.
Shitrit a demandé au ministre de l’Education, Shai Piron, d’intervenir et a accusé les décideurs de « flouter l’identité laïque de Ramat Beit Shemesh Alef ».
L’école en question est la dernière institution non ultra-orthodoxe dans cette enclave haredi, et est considérée comme une école prestigieuse dans la région. Elle s’enorgueillit de sa pluralité et de son ouverture à d’autres cultures, selon son site Internet.
La ville connaît une recrudescence de tensions communautaires ces dernières années. Les laïcs affirment qu’ils sont marginalisés par une population ultra-orthodoxe grandissante, qui est par endroit de plus en plus extrémiste.
Une élection particulièrement tendue, gagnée par le maire haredi Moshe Abutbul l’année dernière, a été annulée à cause des soupçons de fraudes. Il a gagné les deuxièmes élections contre son adversaire, le laïc Eli Cohen. Cette défaite a entraîné des demandes visant à séparer la ville en deux.
En réponse aux critiques, la municipalité de Beit Shemesh a expliqué que les résidents ultra-orthodoxes de la région n’ont pas suffisamment de classes, et l’immeuble où se trouve l’école laïque a la capacité d’accueillir 500 étudiants – mais n’a que 140 inscrits.
« Le rôle de la municipalité est de lancer l’année scolaire et de garantir aux enfants de la ville, de tous les secteurs, un endroit approprié pour apprendre. La municipalité a décidé que les classes vides de l’école Safot V’Tarbuyot accueilleraient les étudiantes de l’école ‘Mishkenot Daat’ vivant dans le quartier et qui n’ont nulle part où apprendre ou d’endroit pour mettre en place une structure
temporaire », peut-on lire dans le communiqué.
La municipalité a aussi affirmé que les étudiants laïcs se rendent à l’école de Beit Shemesh intra-muros, « où il y a une douzaine de classes vides », alors que les étudiants ultra-orthodoxes qui vivent à Ramat Beit Shemesh n’ont nulle part pour étudier.
La municipalité avait tenté une première fois de permettre aux étudiants ultra-orthodoxes d’étudier dans l’école en 2009 mais le ministre de l’Education de l’époque Gideon Saar avait empêché la mise en place de cette mesure après que des parents s’y soient opposés.