Macron à Herzog : « Je n’avais pas l’intention d’accuser Israël de cibler des civils »
Le président israélien se félicite du revirement de son homologue français dont les propos "ont causé beaucoup de douleur et de contrariété en Israël"
Le président français Emmanuel Macron a appelé dimanche le président Isaac Herzog pour clarifier sa position sur la guerre en cours à Gaza, semblant vouloir limiter les dégâts après ses propos très critiques sur l’effort de guerre israélien contre le groupe terroriste palestinien du Hamas vendredi.
Macron a déclaré à la BBC qu’il n’y avait « aucune justification » au bombardement présumé par Israël de « ces bébés, ces femmes, ces personnes âgées » et qu’il n’y avait « aucune raison à cela et aucune légitimité ». « En conséquence, nous demandons instamment à Israël d’arrêter. » Il a également réitéré son appel à un cessez-le-feu à Gaza, qu’Israël a jusqu’à présent rejeté, affirmant que cela reviendrait à donner la victoire au Hamas.
Selon le bureau de Herzog, Macron l’a appelé dimanche pour préciser qu’il « n’a pas et n’avait pas l’intention d’accuser Israël de blesser intentionnellement des civils innocents dans le cadre de l’opération contre le groupe terroriste du Hamas ».
« Le président Macron a également souligné qu’il soutenait sans équivoque le droit et le devoir d’autodéfense d’Israël, et a exprimé son soutien à la guerre d’Israël contre le Hamas », peut-on lire dans le communiqué du bureau du président israélien.
« Le président Macron a expliqué que les propos tenus au cours de l’interview concernaient la situation humanitaire, qui reste une question importante pour lui et pour de nombreux pays », précise le communiqué. Macron « a réitéré au président Herzog son engagement à exiger la libération immédiate des otages, et a indiqué qu’il s’efforçait de contribuer à cette importante question ».
Herzog a déclaré que les précédents propos de Macron « avaient causé beaucoup de douleur et de contrariété en Israël » et a salué les clarifications du dirigeant français.
« L’État d’Israël et Tsahal continuent d’agir de manière humanitaire et conformément au droit international », a déclaré Herzog à Macron, ajoutant qu’Israël prenait « toutes les mesures possibles pour éviter de nuire aux civils non impliqués » et rejetant la responsabilité des victimes civiles sur le groupe terroriste palestinien du Hamas.
Macron fait partie des dirigeants occidentaux qui se sont rendus en Israël en signe de solidarité après l’assaut du Hamas du 7 octobre, au cours duquel le groupe terroriste a tué 1 200 personnes, dont une majorité de civils, et pris au moins 240 otages. Lors de son voyage en Israël, Macron avait demandé que la coalition internationale contre le groupe terroriste État islamique soit élargie pour également combattre le Hamas.
Cependant, ces derniers jours, il s’est élevé contre les conséquences de l’opération en cours visant à éliminer le Hamas de Gaza, que Tsahal mène depuis les airs et au sol. Lors d’un forum international sur la paix organisé à Paris le week-end dernier, il a déclaré que si la France partageait la « volonté d’Israël de se débarrasser du terrorisme », il ne pensait pas que le meilleur moyen pour Israël de « se protéger était de massivement bombarder la bande de Gaza ».
La France a déjà cherché à atténuer la controverse samedi, après avoir reçu de furieuses critiques du Premier ministre Benjamin Netanyahu et d’autres responsables israéliens.
Une source diplomatique française a déclaré aux médias samedi soir que Macron n’avait « jamais laissé entendre et ne pense pas que les forces israéliennes prennent délibérément pour cible des civils ». Il a toujours qualifié l’utilisation d’otages ou de populations civiles par le Hamas de « chantage inacceptable ».
La source a également répété la condamnation par Macron de l’attaque du Hamas du 7 octobre, tout en affirmant qu’il souhaitait que davantage soit fait pour améliorer la situation humanitaire à Gaza.
Lors d’une conférence de presse samedi soir, Netanyahu a déclaré que le président français avait « commis une grave erreur, sur le plan des faits et sur le plan moral ».
« C’est le Hamas qui empêche l’évacuation des civils, ce n’est pas Israël. Israël leur dit d’évacuer », a souligné le Premier ministre accusant le Hamas de tirer sur un corridor humanitaire mis en place pour permettre aux habitants du nord de Gaza d’évacuer et d’utiliser des civils comme boucliers humains.
« Ce n’est pas Israël qui s’installe dans les hôpitaux, dans les écoles, dans les structures de l’UNRWA et des Nations unies – c’est le Hamas. Ce n’est donc pas Israël qui est responsable des atteintes aux civils mais c’est le Hamas », a-t-il affirmé.
« Et je le dis au président de la France et à d’autres amis – cela vous arrivera à vous aussi », a-t-il continué. « Il ne faut pas accorder d’immunité aux terroristes qui commettent ce double crime de guerre. Nous faisons réellement tout ce qui est possible pour réduire au maximum le nombre de victimes civiles, de non-combattants, mais nous ne donnerons pas au Hamas l’autorisation d’assassiner nos citoyens sans riposter. Nous pouvons le faire sans leçons de morale », a-t-il ajouté.
Dimanche matin, le président français a également publié une lettre sur le site d’information Le Parisien dans laquelle il exhorte son pays à lutter contre « l’insupportable résurgence d’un antisémitisme débridé ».
« En un mois, plus d’un millier d’actes antisémites ont été commis sur notre sol. Trois fois plus d’actes de haine contre nos compatriotes juifs en quelques semaines que pendant toute l’année passée », écrit-il.
« Nos compatriotes juifs éprouvent dès lors une légitime angoisse. Peur d’emmener leurs enfants à l’école. Peur de rentrer seuls chez eux. Peur jusqu’à gommer leur nom pour se protéger », a ajouté Macron. « Une France où nos concitoyens juifs ont peur n’est pas la France. Une France où des Français ont peur en raison de leur religion ou de leur origine n’est pas la France. »
Le 8 novembre, le ministre français de l’Intérieur a déclaré que 1 159 actes antisémites avaient été recensés en France et que 518 personnes avaient été interpellées depuis le 7 octobre, date de début de la guerre entre le groupe terroriste palestinien du Hamas et Israël.
Dans sa lettre, Macron a salué les actions de la police visant « à ramener l’antisémitisme à la seule place qui doit être la sienne : devant les tribunaux et derrière les barreaux. Pas de tolérance pour l’intolérable ».
Il a pris acte des atrocités commises par le Hamas le 7 octobre et a réaffirmé une fois de plus qu’il soutenait sans réserve le droit d’Israël à se défendre. Dans le même temps, il a appelé au dialogue politique et à la mise en place d’une « coalition humanitaire » qui facilitera une « trêve humanitaire devant conduire à un cessez-le-feu ».
« Nous voulons la justice, la paix et la sécurité pour le peuple d’Israël, pour le peuple palestinien et pour les États de la région. Nous voulons l’unité des Français », a-t-il conclu.
Une grande marche contre la montée de l’antisémitisme était organisée dimanche à Paris.