« Conférence humanitaire » sur Gaza à Paris: Macron rappelle le rôle de l’AP contre le terrorisme
"C'est à la protection des civils qu'il nous faut travailler. Il faut pour cela une pause humanitaire très rapide et il nous faut œuvrer à un cessez-le-feu", a déclaré Macron
« Œuvrer à un cessez-le feu »: le président Emmanuel Macron a ouvert jeudi une « conférence humanitaire » pour tenter de débloquer l’aide vers Gaza, où Israël mène une offensive contre le Hamas depuis l’attaque perpétré par le groupe terroriste le 7 octobre, sans grand espoir d’avancées en l’absence à Paris du gouvernement israélien et de hauts dirigeants des pays arabes.
La guerre a éclaté après le massacre du 7 octobre perpétré par le Hamas. Lors de cette attaque barbare menée contre Israël, près de 2 500 terroristes ont fait irruption en Israël depuis la bande de Gaza par voie terrestre, aérienne et maritime. Ils ont tué plus de 1 400 personnes, dont une majorité de civils, au cours de raids sur plus de 20 communautés frontalières près de la bande de Gaza, massacrant des familles entières dans leurs maisons et au moins 260 fêtards lors d’un festival de musique en plein air. Les terroristes ont également enlevé au moins 245 personnes, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, qu’ils ont entraînées dans la bande de Gaza où elles sont toujours retenues captives.
De son côté, Israël affirme que son offensive vise à détruire les capacités militaires et de gouvernance du Hamas, et s’est engagé à éliminer l’ensemble du groupe terroriste qui dirige la bande de Gaza. Il affirme viser toutes les zones où le Hamas opère, tout en cherchant à réduire au maximum les pertes civiles.
Un responsable militaire israélien a assuré qu' »il n’y a pas de crise humanitaire dans la bande de Gaza » tout en reconnaissant les « nombreuses difficultés » auxquelles font face les civils palestiniens.
« C’est à la protection des civils qu’il nous faut travailler. Il faut pour cela une pause humanitaire très rapide et il nous faut œuvrer à un cessez-le-feu », a déclaré le chef de l’Etat français devant les représentants d’une cinquantaine de pays et d’organisations humanitaires.
Si Israël a « le droit de se défendre et le devoir de protéger les siens », son gouvernement a aussi « une éminente responsabilité (…) de respecter le droit et protéger les civils », a-t-il poursuivi. « La lutte contre le terrorisme ne peut jamais aller sans règles », a-t-il relevé, soulignant combien la situation humanitaire se dégradait « chaque jour davantage ».
Annoncée à la hâte la semaine passée, la conférence réunissait en majorité des représentants de second rang. L’Autorité palestinienne a envoyé son Premier ministre et l’Egypte, qui contrôle à Rafah le seul point de passage vers Gaza qui ne soit pas tenu par Israël, une simple délégation ministérielle.
Le gouvernement israélien a été informé de cette initiative mais n’était pas représenté à l’Elysée. « Nous savons que la situation civile dans la bande de Gaza n’est pas facile », a affirmé jeudi le colonel Moshe Tetro, responsable pour Gaza de l’organe du ministère israélien de la Défense supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens, tout en réfutant toute crise humanitaire.
Les organisations humanitaires, représentées en force à Paris, ont de leur côté dénoncé à l’unisson l’impossibilité d’apporter de l’aide tant que se poursuivent les bombardements sur Gaza.
‘Sous nos yeux’
« On ne peut plus attendre une minute de plus pour un cessez-le-feu humanitaire à Gaza et la levée d’un siège qui est une punition collective pour un million d’enfants « , a tonné Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC). « La loi est violée sous nos yeux des deux côtés ».
L’ONU estime les besoins en aide pour la population de Gaza et de Cisjordanie à 1,2 milliard de dollars jusqu’à fin 2023.
La conférence vise à aboutir à un diagnostic commun sur la situation et à mobiliser partenaires et bailleurs. Les discussions devaient comporter en particulier un volet sur l’aide en matière d’alimentation, d’équipements médicaux et d’énergie et un autre sur les promesses de dons. La France va porter son aide de 20 à 100 millions d’euros, a ainsi indiqué Emmanuel Macron.
Pas de déclaration commune
Les appels à des « pauses », « trêve » ou « cessez-le-feu » se sont multipliés ces dernières semaines pour faciliter l’accès de l’aide et la libération des plus de 240 otages capturés par le Hamas sur le sol israélien.
Mais le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a de nouveau exclu mercredi tout cessez-le-feu sans la libération des otages, affirmant vouloir « écarter toutes sortes de rumeurs vaines ». Une source proche du Hamas à Gaza a indiqué à l’AFP que le Qatar menait une médiation pour libérer 12 otages, dont six Américains, en échange « d’une trêve humanitaire de trois jours ».
« Ce que le gouvernement israélien fait dépasse de loin le droit à l’autodéfense », a dénoncé à Paris le chef de la diplomatie égyptienne Sameh Choukri.
« Combien de Palestiniens doivent être tués pour que la guerre s’arrête ? Tuer 6 enfants, 4 femmes par heure est suffisant ? », a tonné de son côté le Premier ministre de l’Autorité palestinienne Mohammad Shtayyeh, réclamant de « mettre fin au double standard ».
Emmanuel Macron a estimé jeudi que l’Autorité palestinienne était la « seule légitime à représenter le peuple palestinien et sa cause » tout en l’appelant à la « responsabilité » pour œuvrer notamment contre le terrorisme aux côtés de la communauté internationale.
« L’Autorité palestinienne a une responsabilité éminente sur les trois piliers que j’évoquais pour œuvrer avec la communauté internationale et trouver une solution sur la lutte claire contre le terrorisme, sur les questions humanitaires que nous évoquons aujourd’hui et sur la question politique », a déclaré le président français. « Je sais pouvoir compter sur vous ».
« Les Nations unies n’ont jamais enregistré autant de morts en aussi peu de temps dans un conflit », a affirmé jeudi Philippe Lazzarini, le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), évoquant près de cent tués dans ses rangs.
Selon l’Elysée, il n’y aura pas de déclaration commune à l’issue de la conférence pour ne « pas tomber » dans un débat interminable « sur un mot ou un autre ».