ZAKA avance qu’au moins 260 civils ont été tués à la rave party
Le bilan établi par l’organisation est dramatique ; les proches des disparus réclament de l'aide ; le Hamas attaque toujours ; Tsahal poursuit sa riposte
Quelque 260 personnes ont été tuées par des terroristes du Hamas dans leur attaque d’une rave party en plein air samedi dans le sud d’Israël, dans le cadre de la large offensive meurtrière menée contre Israël, a rapporté dimanche un service d’urgence. Le pays tentait alors de faire face au carnage déclenché par le Hamas. Cette journée du 7 octobre est depuis devenue la plus meurtrière de l’histoire du pays.
L’annonce de ZAKA, groupe de bénévoles qui tentent de récupérer les restes humains après des attaques terroristes et autres catastrophes, a amplifié les craintes de nombreux parents et amis, alors qu’ils recherchent toujours frénétiquement leurs proches disparus depuis le début de l’attaque sans précédent du Hamas. Si de nombreuses personnes disparues figurent parmi les morts, dont beaucoup n’ont pas encore été identifiées, d’autres auraient été kidnappées et emmenées à Gaza, où les groupes terroristes du Hamas et du Jihad islamique déteindraient 130 personnes.
L’attaque contre le festival Nova, une rave party qui a attiré quelque 3 000 jeunes, Israéliens pour la plupart, a été filmée. Des séquences chaotiques montrent ainsi des fêtards terrifiés courant à travers de vastes champs, cherchant à s’abriter dans des vergers.
Les participants décrivent l’évènement comme un massacre, cauchemardesque, lors duquel les terroristes – qui étaient apparemment au courant de l’événement et qui y ont dirigé un certain nombre de forces – ont encerclé les participants et en ont abattu des dizaines par armes à feu, avant de se mouvoir dans la zone, traquant les civils cachés afin de les exécuter ou de les capturer.
Un porte-parole de ZAKA a déclaré que quelque 260 corps avaient été retrouvés sur le site, à proximité du kibboutz Reim.
Au moins 700 personnes ont été tuées dans l’attaque effrontée de samedi matin, au cours de laquelle les terroristes du Hamas ont envahi au moins 22 sites, dont des communautés agricoles endormies et même une ville située à environ 24 kilomètres de la frontière, tuant des civils dans les rues et chez eux. Cette attaque surprise féroce ne ressemblait à rien de ce qu’a pu connaitre le pays auparavant.
Des échanges de tirs entre les forces militaires israéliennes et des terroristes retranchés ont fait rage tout au long de la journée de samedi, l’armée se remettant lentement du choc subi, et tuant et capturant de nombreux terroristes, après de longues heures au cours desquelles ceux-ci ont ravagé les communautés et villes conquises temporairement. Dimanche soir, il n’y avait plus que peu de combats de ce genre, mais l’armée a indiqué que des poches terroristes subsistaient encore dans la région, et que des efforts pour sécuriser complètement les communautés étaient en cours.
Israël a promis de reprendre les combats contre le Hamas ; des jets et des hélicoptères de combat israéliens ont frappé plus de 800 sites à Gaza tout au long de la journée de dimanche, alors que les troupes de réserve se préparaient à une vaste offensive contre les terroristes basés à Gaza. Un porte-avions américain, accompagné d’avions de combat et de canons, s’est dirigé vers la région, en signe de soutien à l’effort de guerre d’Israël, alors que les États-Unis ont promis un soutien inébranlable.
Parmi les morts figurent au moins 73 soldats, dont des officiers supérieurs, et 34 policiers.
Le ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer, a déclaré qu’il croyait comprendre que le nombre réel de morts était en fait nettement plus élevé. « Il y en aura probablement encore des centaines, voire plusieurs centaines », a-t-il déclaré.
Alors que les dépouilles des morts étaient retrouvées et emmenées pour identification, des parents désespérés faisaient la queue samedi soir devant un centre pour personnes disparues installé près de l’aéroport Ben Gourion. Les proches des disparus ont été invités à apporter des objets tels que des brosses à dents pouvant contenir de l’ADN.
Le nombre de blessés a également continué d’augmenter tout au long de la journée. Le ministère de la Santé a déclaré lundi matin que 2 382 personnes avaient été soignées dans les hôpitaux, dont 23 personnes se trouvent dans un état critique et des centaines d’autres luttent également pour leur survie.
Parallèlement à l’invasion, menée par des terroristes à bord de convois véhiculés et des motos, ainsi qu’avec des vedettes rapides et des planeurs motorisés, les groupes de Gaza ont tiré des milliers de roquettes sur Israël, touchant des maisons à Tel Aviv et ailleurs. Dimanche, les tirs de roquettes se sont largement calmés, avec des salves sporadiques visant des zones plus proches de la bande de Gaza tout au long de la journée. Cependant, quelques instants avant minuit, un vaste bombardement a ciblé des zones éloignées, plus au nord, telles Rishon Lezion et Rehovot, à environ 50 kilomètres de Gaza. Alors que de nombreuses roquettes ont été interceptées par le système antimissile du Dôme de Fer, des tirs directs ont été rapportés sur des maisons et dans des zones peuplées, notamment à Netivot, Ashkelon et Sderot.
Environ 40 heures après le début de l’attaque, les troupes ratissaient toujours les communautés du sud et combattaient les poches terroristes restantes sur le territoire israélien, a rapporté l’armée israélienne. Certaines prises d’otages, dans un certain nombre d’endroits, n’ont pris fin que tôt dimanche matin.
L’armée a publié peu d’informations sur les sites qui restaient menacés.
À Sderot, la plus grande ville de la région, certaines zones de la ville restaient jonchées de décombres suite aux combats intenses de la veille, notamment autour du commissariat de police capturés par les terroristes du Hamas et finalement détruit par les forces israéliennes. Les routes du sud étaient jonchées de véhicules criblés de balles et incendiés, des mares de sang tachant encore les trottoirs et les rues, preuves de la boucherie perpétrée par les envahisseurs palestiniens la veille.
Les combats en cours et le flou des informations ont aggravé les questionnements autour des divers échecs qui ont permis aux terroristes de Gaza de mener leur attaque sans entrave. Les proches de personnes disparues ou soupçonnées d’avoir été kidnappées ou tuées ont déclaré qu’ils se sentaient abandonnés par les autorités, nombre d’entre eux affirmant d’ailleurs n’avoir pas encore été contactés par des services gouvernementaux.
La situation actuelle est ainsi « incroyable… c’est incompréhensible. Nous exigeons que ce gouvernement nous donne des réponses. Nous savons que les réponses ne seront pas forcément joyeuses », a déclaré Uri David, dont les deux filles sont portées disparues, lors d’une conférence de presse convoquée par des proches en quête de réponses.
Ce sentiment de gestion chaotique de la catastrophe s’est poursuivi samedi, lorsque de nombreux habitants assiégés dans les communautés envahies ont appelé, à voix basse, leurs proches et les autorités, implorant des secours qui, dans de nombreux cas, ne sont pas arrivés avant plusieurs heures, alors que l’armée peinait à réagir.
Certaines familles ont recherché des informations sur les réseaux sociaux, inondées de vidéos traumatisantes, filmées par des terroristes, montrant des hommes, des femmes et des enfants emmenés de force dans la bande de Gaza. Beaucoup d’entre eux semblaient avoir été frappés.
L’armée israélienne a déclaré avoir ouvert un centre de crise chargé de recueillir des informations précises sur les otages israéliens. Le Hamas et le Jihad islamique ont affirmé détenir au moins 130 personnes.
Dimanche, le gouvernement a annoncé que Gal Hirsch, un général de brigade réserviste qui commandait la 91e Division lors de la Seconde Guerre du Liban en 2006, serait son interlocuteur privilégié afin d’aider à retrouver les citoyens disparus et enlevés.
Un certain nombre de ressortissants étrangers et de doubles citoyens figuraient parmi les personnes soupçonnées d’avoir été kidnappées ou tuées. Des victimes originaires des États-Unis, du Royaume-Uni, de France, d’Allemagne, de Thaïlande, du Mexique, du Népal et d’ailleurs seraient ainsi à déplorer. Beaucoup étaient présents à la rave, comme l’Américano-Israélien Hersh Goldberg-Polin.
Le jeune homme de 23 ans a donné signe de vie pour la dernière fois samedi à 8h11, quand il a envoyé deux messages à ses parents : « Je vous aime » et « Je suis désolé ».
Un responsable américain a déclaré que quatre Américains avaient été tués et que sept autres étaient portés disparus, alors que les chiffres sont susceptibles d’évoluer.
Un jour après avoir annoncé qu’Israël mènerait une vaste campagne de représailles à Gaza, le Premier ministre Benjamin Netanyahu est resté largement silencieux dimanche. Son bureau a annoncé dans l’après-midi que les ministres avaient approuvé la déclaration formelle de guerre la nuit précédente ; peu de temps après, l’armée israélienne a annoncé qu’elle intensifiait ses frappes sur Gaza.
Jusqu’à présent, Israël a frappé plus de 800 cibles à Gaza, a indiqué son armée. Le pays a ainsi notamment mené des frappes aériennes qui ont détruit une grande partie de la ville de Beit Hanoun, dans le nord-est de l’enclave.
Des avions militaires ont tiré des tonnes d’explosifs sur 120 cibles, a rapporté le porte-parole Daniel Hagari à la presse, affirmant que le Hamas utilisait la ville comme base pour ses attaques.
« Nous continuerons à frapper de cette manière, avec cette force, en continu, sur tous les lieux de rassemblement et sur toutes les routes » utilisées par le Hamas, a indiqué Hagari.
Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, dirigé par le Hamas, a déclaré que 413 Palestiniens avaient été tués et que 2 300 autres avaient été blessés dans la bande de Gaza. Israël a déclaré avoir tué au moins 400 terroristes palestiniens en Israël et lors de frappes à Gaza. Onze autres Palestiniens auraient été tués dans des troubles en Cisjordanie, bien qu’il y ait peu d’informations sur ces affrontements, les efforts de guerre étant principalement concentrés dans le sud.
Dimanche soir, Tsahal a déclaré qu’une unité de commando naval d’élite avait capturé Muhammad Abu Ghali, commandant adjoint de la division sud de la force navale du Hamas à Gaza. L’officier de Gaza pourrait être utilisé comme monnaie d’échange dans d’éventuelles négociations pour un échange de prisonniers – même si, dimanche, Israël et le Hamas ont nié que de tels pourparlers avaient lieu, bien que l’Égypte a proposé d’agir en tant que médiateur.
Dans le nord, une brève flambée de violences a éclaté avec le groupe terroriste libanais du Hezbollah, qui a déclenché des tirs de mortier sur des zones frontalières. La situation s’est rapidement calmée. Mais cela fait craindre que le conflit ne s’aggrave et implique davantage d’acteurs. Le ministre de la Défense Yoav Gallant a ainsi ordonné que des plans soient élaborés pour une éventuelle évacuation des villes du nord si le groupe mandataire iranien s’impliquait davantage.
À Téhéran, le président iranien Ebrahim Raissi a salué l’attaque du Hamas et de grandes affiches et rassemblements ont célébré l’assaut, nommé « déluge d’Al-Aqsa » par le Hamas, en référence au nom arabe de Jérusalem.
Raissi a déclaré s’être entretenu dimanche avec des responsables du Hamas et du Jihad islamique. Des représentants du Hamas et du Hezbollah ont déclaré au Wall Street Journal que l’Iran avait joué un rôle majeur dans la planification de l’attaque. Cependant, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré à NBC News que les États-Unis n’avaient aucune preuve d’une implication directe de l’Iran.
« Pour l’instant, nous n’avons rien qui nous montre que l’Iran a été directement impliqué dans cette attaque, dans sa planification ou dans sa réalisation », a-t-il déclaré, « mais c’est quelque chose que nous examinons très attentivement, et il nous reste à voir où mènent les faits ».