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À Vichy, Macron rend hommage aux 6 500 Juifs victimes de la rafle du 26 août 1942

Le chef de l'État a commenté la polémique lancée par Éric Zemmour, selon laquelle le maréchal Pétain avait sauvé des Juifs français

Le président français Emmanuel Macron (4e à droite) et l'ancien chasseur de nazis Serge (à droite) et Beate (2e à droite) Klarsfeld rendent hommage à un mémorial aux Juifs déportés pendant la Seconde Guerre mondiale à Vichy, dans le centre de la France, le 8 décembre 2021, dans le cadre de sa visite dans les départements du Cher et de l'Allier. (Crédit : Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (4e à droite) et l'ancien chasseur de nazis Serge (à droite) et Beate (2e à droite) Klarsfeld rendent hommage à un mémorial aux Juifs déportés pendant la Seconde Guerre mondiale à Vichy, dans le centre de la France, le 8 décembre 2021, dans le cadre de sa visite dans les départements du Cher et de l'Allier. (Crédit : Ludovic MARIN / AFP)

Emmanuel Macron a mis en garde mercredi contre toute « manipulation » de l’Histoire, une allusion à la controverse sur le nom de Vichy mais aussi à celle sur le régime du maréchal Pétain lancée par le polémiste Éric Zemmour.

« Vichy nous renvoie à une Histoire. Cette Histoire nous l’avons vécue, elle est écrite par les historiennes et historiens », « gardons-nous de la manipuler, de l’agiter, de la revoir », a-t-il dit sur France Bleu Pays d’Auvergne, alors qu’il était en route pour se rendre dans la ville.

Le chef de l’État évoquait la polémique sur l’appellation de « régime de Vichy » qui a été utilisée par de nombreux historiens pour nommer le régime du maréchal Pétain qui gouverna la France, depuis Vichy, entre 1940 et 1944. Une appellation que le maire de la ville Frédéric Aguilera souhaite voir disparaître pour la libérer de ce passé.

Plutôt que nier « la vérité historiographique », le chef de l’État, a expliqué qu’il préférait « regarder l’avenir » de la ville. Mais aussi qu’il comptait « saluer le courage de ces 80 parlementaires qui, à Vichy, se sont opposés à ce qui était l’esprit de défaite et ont dit non » en refusant de voter les pleins pouvoir au maréchal Pétain en juin 1940.

Le journaliste français d’extrême droite et candidat à la présidentielle de 2022, Eric Zemmour, présente le nom de son nouveau parti « Reconquête ! » lors de son premier meeting de campagne à Villepinte, près de Paris, le 5 décembre 2021. (Crédit : JULIEN DE ROSA / AFP)

Ses propos renvoient également à la polémique lancée par le candidat à la présidentielle Éric Zemmour. Depuis des années, surtout depuis la publication de son livre Le Suicide français en 2014, le journaliste défend bec et ongles une position controversée selon laquelle le régime de Vichy – tout en reconnaissant et en condamnant son caractère xénophobe et antisémite – aurait sauvé une majorité de Juifs français en sacrifiant et en livrant aux nazis les Juifs étrangers présents en France. Par cette soi-disante thèse, il a été accusé de réhabiliter Philippe Pétain, qui gouverna la France et collabora avec l’occupant nazi de 1940 à 1944, et son régime. Ses propos ont soulevé un tollé dans la classe politique, de nombreux responsables politiques estimant qu’ils relèvent du « révisionnisme et de l’antisémitisme traditionnel », à l’instar du secrétaire d’État aux Affaires européennes, Clément Beaune.

Si cette idée a été présentée et défendue notamment par le rabbin et historien franco-israélien Alain Michel, qui estime lui aussi que le gouvernement de Vichy serait parvenu à éviter la mort à 90 à 92 % de Juifs français, elle est vivement rejetée par d’autres historiens – Robert Paxton, Jacques Semelin, André Kaspi, Denis Peschanski, Laurent Joly… – qui ont notamment rappelé les mesures antisémites mises en place dès l’instauration du régime de Vichy et appliquées à l’égard de tous les Juifs de France, qu’ils soient Français ou étrangers. Éric Zemmour avait comparu en décembre 2020 devant la justice pour ces propos pour « contestation de crime contre l’humanité ». Il a été relaxé en février dernier.

Les commentaires du chef de l’État, qui n’a pas cité le nom du polémiste, surviennent quelques jours après la déclaration de candidature d’Éric Zemmour et son premier meeting émaillé de violences. Ce dernier a depuis lancé des attaques virulentes et personnelles contre Emmanuel Macron. Hier, il l’a notamment qualifié « d’adolescent qui se cherche », de « type qui n’est pas fini », de « quelqu’un qui n’a les idées claires sur rien ».

Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement. (Capture d’écran Twitter)

« Il y a plusieurs visions de l’histoire de France qui s’affrontent aujourd’hui dans le débat public, la nôtre, c’est qu’un travail d’historiens se base sur des faits, sur des documents, sur des recherches, et non sur des lubies personnelles, des volontés d’instrumentalisation politique », a abondé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.

« Nous assumons de regarder l’Histoire dans les yeux et de combattre toute tentation de réécriture ou d’instrumentalisation », a-t-il ajouté lors d’un point de presse à la sortie du Conseil des ministres.

« Ceux qui effacent les crimes du passé justifient en quelque sorte ceux du futur et nous devons au contraire apprendre du passé dans toute sa complexité, y compris des pages les plus sombres de notre histoire », a-t-il averti.

Emmanuel Macron s’est recueilli dans l’après-midi devant une stèle en mémoire aux déportés à Vichy. Le chef de l’Etat a respecté un moment de silence devant la stèle érigée en hommage aux 6 500 juifs victimes de la rafle du 26 août 1942. Il était notamment en compagnie des époux Beate et Serge Klarsfeld, défenseurs de la mémoire des déportés de France, récemment mis à l’honneur lors d’une cérémonie par la LICRA Paris.

Le président français Emmanuel Macron (C) s’entretient avec l’ancien chasseur de nazis Serge (g) et Beate (d) Klarsfeld après avoir rendu hommage à un mémorial aux Juifs déportés pendant la Seconde Guerre mondiale à Vichy, dans le centre de la France, le 8 décembre 2021, dans le cadre de sa visite dans les départements du Cher et de l’Allier. (Crédit : Ludovic MARIN / AFP)

« C’est un moment d’émotion et un moment de soulagement de voir un président venir à Vichy », a réagi Serge Klarsfeld, alors que le précédent geste mémoriel d’un chef de l’Etat remontait à celui du général de Gaulle en 1959.

Emmanuel Macron s’est ensuite arrêté devant la plaque portant les noms des 80 parlementaires qui ont refusé de voter les pleins pouvoir au maréchal Pétain en juin 1940.

S’exprimant en présence du chef de l’Etat avant la cérémonie, le maire LR a souhaité voir disparaître l’expression « régime de Vichy », qui est « un boulet sémantique qui continue de lester l’envol » de sa ville. « Nous mesurons au quotidien le poids des mots, le poids d’une stigmatisation injuste. Vichy reste associée à la honte française, Vichy est la honte française. Vichy est la victime expiatoire d’un pays qui a du mal à regarder son passé en face », a-t-il regretté. Or, selon lui, « Vichy est résolument portée vers son avenir » autour de trois priorités – le sport, le thermalisme et le patrimoine – auxquelles vont être consacrés 200 millions d’investissements dans les prochaines années.

Emmanuel Macron, qui a également expliqué vouloir « regarder l’avenir », a déambulé dans le centre-ville et devait débattre avec une cinquantaine d’associations de Vichy pour marquer les 120 ans de la loi sur la liberté d’association.

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