Macron présidera un hommage national à Gisèle Halimi le 8 mars, annonce l’Elysée
Femme politique et écrivain, elle a fait de sa vie un combat pour le droit des femmes, marqué par un procès retentissant en 1972 qui a ouvert la voie à la légalisation de l'avortement
Un hommage national à l’avocate Gisèle Halimi, décédée en 2020, sera rendu par Emmanuel Macron le 8 mars à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, a indiqué l’Élysée.
Le chef de l’État prononcera un discours au Palais de justice de Paris, a-t-on précisé, confirmant une information de L’Obs.
En 2020, le calendrier d’une première cérémonie avait été bousculé par le déplacement du chef de l’État au Liban, peu après l’explosion dans le port de Beyrouth. Une deuxième date, début 2022, avait été évoquée, mais l’hommage n’avait finalement pas eu lieu.
L’Élysée a écarté l’idée de faire entrer au Panthéon l’avocate, militante pour l’avortement et contre la guerre d’Algérie, malgré les demandes répétées des associations féministes et de responsables politiques.
Interrogé par l’AFP, son fils Jean-Yves Halimi, s’est dit « on ne peut plus satisfait » qu’un hommage national lui soit rendu.
« On devait bien ça à la personnalité publique qu’a été ma mère pendant des dizaines d’années, sur de nombreux sujets comme la lutte anticoloniale, ou la lutte et les droits des femmes », a-t-il déclaré, se disant également « tout à fait favorable à une panthéonisation ».
Gisèle Halimi a été l’une des principales avocates des militants du Front de libération nationale (FLN), dénonçant l’usage de la torture par les militaires français, ce qui lui vaudra une arrestation et une brève détention.
Femme politique et écrivain, Gisèle Halimi, elle a aussi fait de sa vie un combat pour le droit des femmes, marqué par un procès retentissant en 1972, qui a ouvert la voie à la légalisation de l’avortement en France.
Elle s’est également fait connaître pour ses positions pro-palestiniennes et antisionistes.
En 2014, lors de l’Opération Bordure protectrice à Gaza, elle publiait un court texte dans le journal L’Humanité dans lequel elle condamnait sans réserve l’action israélienne dans le conflit. « Un peuple aux mains nues – le peuple palestinien – est en train de se faire massacrer. Une armée le tient en otage. Pourquoi ? Quelle cause défend ce peuple et que lui oppose-t-on ? J’affirme que cette cause est juste et sera reconnue comme telle dans l’histoire », écrivait-elle.
Elle dénonçait ensuite un « silence complice, en France, pays des droits de l’homme et dans tout un Occident américanisé » et disait ne pas vouloir se « taire » ni se « résigner ». « Je veux crier fort pour ces voix qui se sont tues et celles que l’on ne veut pas entendre. L’histoire jugera mais n’effacera pas le saccage. Saccage des vies, saccage d’un peuple, saccage des innocents. Le monde n’a-t-il pas espéré que la Shoah marquerait la fin définitive de la barbarie ? », concluait-elle.
En signe de soutien à la cause palestinienne, elle a également été membre du collectif d’avocats de Marwan Barghouti, haut cadre du Fatah, arrêté en 2002 par Israël qui l’a condamné à cinq peines de prison à perpétuité pour meurtres pour son rôle dans différents attentats anti-israéliens au cours de la seconde Intifada. S’il est décrit par ses partisans comme le « Mandela palestinien », il est considéré comme terroriste par Israël.
« Marwan Barghouti appartient à ces combattants de la liberté qui ont rendu l’espérance à leur peuple, comme Jean Moulin pendant l’Occupation, avait affirmé Gisèle Halimi en 2014. Tous ceux qui sont impliqués dans ce difficile conflit savent qu’il est le seul interlocuteur valable pour une solution politique car le seul susceptible d’unir les Palestiniens. »