Malgré le boycott officiel, des entreprises palestiniennes iront au Bahreïn
Des conseillers israélo-américains disent qu'environ 10 Palestiniens qui travaillent dans des petites et moyennes entreprises en Cisjordanie se rendront à Manama pour le sommet

Environ 10 Palestiniens du monde des affaires assisteront à l’atelier économique dirigé par les États-Unis au Bahreïn plus tard cette semaine, selon un homme d’affaires israélo-américain qui a déclaré qu’il participera à la conférence en tant que conseiller de la délégation.
De nombreux Palestiniens ont rejeté le sommet, que Ramallah considère comme une tentative visant à acheter les aspirations politiques palestiniennes. Mais Charles Tawil a déclaré que plusieurs hommes d’affaires de toute la Cisjordanie travaillant dans des petites et moyennes entreprises seraient présents.
M. Tawil a déclaré dimanche au Times of Israel que tous les hommes d’affaires palestiniens participant au sommet ont des liens avec Ashraf Jabari, homme d’affaires de la région de Hébron.
M. Jabari, ancien membre des forces de sécurité de l’Autorité palestinienne qui entretient des liens avec les résidents israéliens de Cisjordanie et l’ambassadeur des États-Unis en Israël, David Friedman, est l’un des deux hommes d’affaires palestiniens à déclarer publiquement sa participation à la conférence. Il est souvent tourné en dérision comme étant en marge de la société palestinienne.
L’administration américaine et Bahreïn ont annoncé à la mi-mai qu’ils accueilleront un atelier économique à Manama les 25 et 26 juin, qui « facilitera les discussions sur une vision et un cadre ambitieux et réalisable pour un avenir prospère pour le peuple palestinien et la région ».
Les responsables américains ont déclaré que le sommet portera sur la partie économique du plan de l’administration américaine visant à résoudre le conflit israélo-palestinien.
La Maison Blanche a révélé la partie économique du plan de paix américain samedi sur son site web, qui comprend des propositions pour plus de 50 milliards de dollars d’investissements sur les 10 prochaines années en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et les pays arabes voisins.
La décision d’axer la conférence sur l’économie plutôt que sur la politique a mis en colère les dirigeants palestiniens basés à Ramallah, qui ont fermement refusé d’y participer. Quelques États arabes, dont l’Irak et le Liban, ont apporté leur soutien aux Palestiniens et refusé d’y participer, et certains de ceux qui envoient des représentants, comme la Jordanie, ont averti que ce plan ne pouvait pas remplacer une solution politique.

Depuis que le président américain Donald Trump a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et a initié le transfert de l’ambassade des États-Unis dans l’État juif vers la ville, les Palestiniens ont considérablement réduit leurs liens avec Washington.
Charles Tawil a confirmé que Mohammed Massad, un homme d’affaires palestinien, assistera à la conférence.
Ce dernier, dont la page Facebook dit qu’il est originaire de Jénine mais vit actuellement à Haïfa, se décrit comme « indépendant ».
Il a publié un message sur Facebook jeudi, déclarant qu’il participerait à la conférence et joignant un enregistrement du discours qu’il a dit avoir l’intention de prononcer à la conférence, qui comprend des déclarations très critiques à l’égard d’Israël et de l’Autorité palestinienne.
Mohammed Massad n’a pas répondu aux demandes de commentaires sur sa participation.
M. Tawil a déclaré qu’il ne pouvait pas révéler les noms des hommes d’affaires palestiniens, autres que Jabari et Massad, présents au sommet pour des raisons de « sécurité ».
Un certain nombre d’hommes d’affaires palestiniens éminents ont vivement critiqué la conférence, et certains d’entre eux ont dit qu’ils avaient décliné toute invitation.
« Nous ne travaillerons avec aucun événement en dehors du consensus national palestinien », a écrit le promoteur immobilier Bashar Masri, le visionnaire de Rawabi, la première ville palestinienne prévue en Cisjordanie, sur sa page Facebook en mai. « L’idée de paix économique est une vieille idée qui est aujourd’hui suggérée différemment… Comme notre peuple l’a rejetée, nous la rejetons maintenant. »
Les responsables de la Maison Blanche ont insisté pour que le plan américain de résolution du conflit israélo-palestinien comporte également une partie politique, qu’ils dévoileront à une date indéterminée.

M. Tawil a ajouté qu’il était devenu conseiller de la délégation d’hommes d’affaires palestiniens se rendant à l’atelier économique à la demande de M. Jabari, ajoutant qu’il prévoit également de faire venir deux de ses conseillers à ce sommet.
Ce dernier n’a pas répondu à nos appels avant la publication de cet article.
Interrogé sur ce qu’il attend de la conférence, Tawil a répondu : « J’espère que ce pour quoi ils ont décidé d’organiser la conférence ira de l’avant… Pour une fois on a l’idée de se soucier des Palestiniens. Alors, pourquoi pas ? »