Malgré ses portes closes, le musée d’Israël continue d’acheter des œuvres d’art
En 2020, l'institution de Jérusalem a ajouté à sa collection les œuvres de huit artistes contemporains
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Le Musée d’Israël n’a ouvert ses portes au public que pour de brèves périodes au cours de l’année dernière, mais il continue d’acheter de nouvelles œuvres d’art.
L’institution de Jérusalem a reçu 625 000 shekels (environ 190 000 dollars) pour acheter 24 œuvres de huit artistes israéliens, principalement pour sa collection d’art contemporain.
Les fonds ont été récoltés par la Commission des acquisitions Here & Now [Ici et maintenant] du musée, composée de donateurs et d’individus israéliens qui soutiennent le musée. Depuis une décennie que cette commission a été créée, le musée a acquis plus de 170 œuvres d’art de quelque 95 artistes pour 8 millions de shekels (2,4 millions de dollars).
Compte tenu des pertes financières du musée au cours de l’année passée, le musée n’avait pas anticipé que la commission investirait dans de nouvelles œuvres d’art, a déclaré Amitai Mendelsohn, conservateur principal de l’art israélien au musée.
« Cette année a été une rude épreuve, nous sommes fermés depuis si longtemps », a déclaré Mendelsohn. « Nous voulons encourager les artistes et les soutenir, surtout ces jours-ci, dans cette période très difficile pour les artistes, même lorsque les musées sont fermés. »
Les artistes choisis – Nevet Yitzhak, Maria Saleh Mahameed, Merav Kamal, Halil Balabin, Lee Yanor, Khen Shish, Orly Maiberg et Uri Gershuni – sont âgés de 30 à 50 ans et travaillent sur différents supports, de la vidéo à la sculpture en passant par le fusain, l’huile et la photographie.

C’est un groupe d’artistes très divers, a déclaré Mendelsohn, choisis pour enrichir la collection contemporaine du musée.
Parmi les nouvelles acquisitions, il y a « Portraits juifs typiques », une série d’œuvres vidéo d’animation en 3D d’Yitzhak (né en 1975), dans une sorte de collage de lampes de Hanoukka, de menorahs, de sculptures, de bas-reliefs et d’autres œuvres judaïques qui allient un savoir-faire artisanal de qualité avec l’idéal sioniste.

« Ana Hun » (« Je suis » en arabe) est l’œuvre monumentale au fusain de Maria Saleh Mahameed, 33 ans, née à Umm al-Fahm, qui combine des éléments autobiographiques avec le symbolisme chrétien et juif.
« C’est une œuvre d’art magnifique », a déclaré Mendelsohn, « et c’est un choix du musée d’acquérir davantage d’œuvres d’artistes arabes, que nous voulons perpétuer. »

Le projet « The Hotdog Man and the Thief of Distances », du duo d’artistes Halil Balabin, 31 ans, et Merav Kamal, 30 ans – lauréats du Prix Béatrice Kolliner 2020 du Musée d’Israël pour un jeune artiste israélien – est composé de neuf sculptures et d’un dessin monumental formé de 57 feuilles.

« Ils travaillent très, très dur ; le confinement est une seconde nature pour eux », a déclaré Mendelsohn de Balabin et Kamal, dont il a visité le studio entre deux confinements. « C’est à ce moment-là qu’ils peuvent peut-être créer les choses les plus imaginatives et exubérantes. »
Parmi les autres acquisitions, une œuvre vidéo de Yanor, « Pina Bausch : Solo for Hands », se concentre sur les mains du légendaire chorégraphe de la fin du 20e siècle ; une peinture à l’huile de Maiberg (né en 1958) ; et un immense dessin de Shish, 50 ans, présentant le style fluide et griffonné de l’artiste, avec des oiseaux, des cœurs, des fleurs et des visages.
Quatre nouvelles œuvres photographiques de Gershuni, 50 ans, récemment présentées ensemble à la Galerie Chelouche de Tel Aviv, complètent les nouvelles acquisitions.

L’équipe de Mendelson tient des réunions hebdomadaires avec des artistes israéliens, afin de suivre l’activité florissante de la scène artistique locale. Ils s’intéressent aux expositions diplômantes des étudiants des écoles d’art locales et se tournent également vers leurs anciens élèves.
« Nous recherchons de nouveaux talents », a déclaré Mendelsohn. « Ma politique n’est pas seulement d’observer les jeunes artistes, mais également de maintenir des relations avec les artistes que nous suivons, comme le montre l’éventail des œuvres que nous avons choisies pour cette acquisition. »
Il souhaitait trouver des œuvres illustrant spécifiquement cette période, mais « on ne peut jamais forcer », a-t-il dit. « Les artistes n’arrêtent pas de travailler à cause du coronavirus, et nous verrons peut-être les fruits de cette période plus tard. Qui sait, ils ont peut-être produit leur meilleur travail l’année passée. »