Membres de villes évacuées, 100 ados israéliens reviennent de vacances aux États-Unis
Ces membres du mouvement scout Tsofim ont été accueillis par NJY Camps en Pennsylvanie, pour ce que les organisateurs qualifient de modèle de relations approfondiess entre Israël et la diaspora
Arriver cet été aux Etats-unis dans un grand camp juif de Pennsylvanie a fait à ces adolescents israéliens évacués, invités à se détendre à l’étranger, l’effet de mettre le pied sur une autre planète.
C’était « une expérience incroyable. Très amusante et tellement éloignée de notre façon de vivre », confie Lianne Abutbul, Israélienne originaire de Kiryat Shmona, ville du nord du pays pour ainsi dire totalement évacuée.
Abutbul fait partie des 100 adolescents israéliens rentrés la semaine dernière de 10 jours passés au camp NJY, au bord d’un lac dans les montagnes Pocono, dans le cadre du programme Machane Am Echad. Tous sont membres de Tzofim, le mouvement scout israélien, et tous ont été évacués de leur maison du nord ou du sud d’Israël à cause de la guerre entre Israël et le Hamas et des attaques quasi quotidiennes de l’organisation terroriste du Hezbollah.
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« Nous savons ce qu’ils ont vécu. Certains ont eu des terroristes chez eux et nous sommes très heureux de pouvoir leur offrir un moment et un endroit pour se remettre », explique Michael Schlank, PDG de NJY Camps, lors d’un entretien téléphonique avec le Times of Israel.
Le groupe était composé d’adolescents âgés de 13 à 17 ans, ainsi que d’une dizaine de conseillers adultes israéliens de Tzofim, pour certains également évacués, ajoute Schlank. L’initiative était subventionnée par l’Agence juive, Mosaic United et des contributions « surprenantes » de la
« communauté philanthropique juive américaine », précise-t-il.
Les participants ont d’abord été évalués afin de « s’assurer qu’ils pouvaient parcourir 11 000 km. La plupart d’entre eux n’avaient jamais pris l’avion, n’étaient jamais venus en Amérique ou n’avaient jamais quitté Israël. Ils viennent de la périphérie et vivent dans des hôtels en tant qu’évacués, ils ont beaucoup de difficultés », poursuit-il.
« A son arrivée, l’un de ces jeunes, en voyant les arbres, a demandé s’ils étaient vrais. Un autre criait : ‘Il y a trois lacs ici !’ Des encadrants et des jeunes nous ont confié que cela faisait 10 mois qu’ils ne souriaient plus… Ce qu’ils racontent est très douloureux », souligne Schlank.
Broadway, baby
En plus du camp, les participants ont découvert New York, sont allés voir un match des Mets et le spectacle de Broadway « Hamilton ».
« Nous n’avons pas tout compris » à « Hamilton », spectacle à succès qui utilise le hip-hop pour raconter la Révolution américaine, « mais nous avons vraiment apprécié le spectacle », explique Liza Levitt, 17 ans, elle aussi originaire de Kiryat Shmona. L’un des encadrants leur avait fait une petite présentation avant pour les aider à comprendre certains thèmes et passages de l’histoire, ajoute-t-elle.
Il sera difficile d’expliquer ce qu’ils ont vécu à leurs amis, de retour en Israël, estime Levitt. « Nous sommes allés à New York, nous avons vu Times Square, nous étions sur un lac à l’intérieur d’un camp d’été… Nous avons mangé d’énormes pancakes le matin et aussi beaucoup de malbouffe. »
C’est exactement ce genre d’expérience culturelle que les encadrants avaient à l’esprit. « Quoi de plus new-yorkais que Broadway ? », s’exclame Will Eastman, l’un des organisateurs du camp NJY. « Nous voulions qu’ils vivent cette expérience, qu’ils se disent ‘wow’, et qu’ils sachent que beaucoup de personnes en Amérique les aiment. »
Eastman, qui dit de ce groupe qu’il est « l’un des meilleurs avec lesquels il nous ait été donné de travailler », rappelle que, compte tenu de l’atmosphère aux États-Unis, le sujet numéro 1 a été la sécurité. L’organisation NJY Camp, qui accueille régulièrement des groupes israéliens, a plus que doublé son budget de sécurité depuis le 7 octobre, explique Eastman.
Ce voyage est « une opportunité unique », analyse Elad Gabso, travailleur social adulte qui faisait partie des encadrants israéliens.
C’était « une sorte de bulle – on était à New York et dans le camp et on s’amusait -… mais il y avait toujours la guerre en Israël. Nous continuions de recevoir les alertes, ce qui nous affectait. Une nuit, il y a eu des roquettes sur l’enveloppe [de Gaza], et nous sommes restés debout toute la nuit », se souvient-il.
« Ces jeunes viennent des branches de Tzofim à Kiyrat Shmona, Ofakim, Ashkelon… Au début, nous étions sceptiques à l’idée de faire venir des jeunes des zones évacuées, mais c’est l’occasion ou jamais de nouer des liens », explique Yaniv Biran, PDG de Tzofim North America. Biran est un Israélien qui a grandi au sein du mouvement Tzofim et qui vit désormais aux États-Unis, où il dirige la branche nord-américaine.
Les Israéliens, poursuit-il, sont « parfois surpris que ce qui se passe en Israël touche également les Juifs américains. Peut-être vont-ils retenir cela, à savoir que nous avons des frères ici. »
Hollywood comme dans un rêve
Pendant le voyage, « on avait l’impression d’être dans un film », s’exclame Ilay Shlomo, 16 ans. Originaire de Sderot, Shlomo a été évacué de cette ville du sud d’Israël avec le reste de sa famille, mais, contrairement aux participants évacués du nord d’Israël, il a pu rentrer chez lui en mars.
Les adolescents en Israël « vivent des choses difficiles », dit-il, ce qui fait que malgré ce qu’ils ont vécu au camp, « une sorte de rêve… Impossible pour nous d’oublier ce qui se passait » chez nous.
« Peu importe à quel point les Juifs américains aiment Israël, ils ne sont pas Israéliens », confie Schlank, de NJY. Cet été, « nous avons vraiment pris conscience du fait que, quand bien même nous pensions savoir [ce qui se passe là-bas], nous ne savons pas », admet-il en donnant l’exemple d’un événement au camp, durant lequel on a fait exploser des ballons, ce qui n’a pas fait réagir les Américains mais a « alerté » les Israéliens.
A l’avenir, Schlank aimerait faire de ce type d’opportunité éducative adossée à des interactions interculturelles de qualité « un modèle de relations entre la diaspora et les Juifs israéliens ».
Avant le 7 octobre, « il y avait beaucoup de questions » autour de la relation entre Israël et la diaspora, mais il y a surtout de « l’amour inconditionnel ». Je me fiche de la politique, c’est surtout une question d’amour », résume Schlank.
« Je prie pour qu’une fois ce balagan [« bordel »] terminé, nous tirions pour longtemps les leçons sur la façon dont Juifs américains et Juifs israéliens sont liés », conclut-il.
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