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"Soyez des êtres humains !"

Mort à 103 ans de Margot Friedländer, rescapée de la Shoah et militante contre l’oubli

"Elle nous a confié son histoire. Il est de notre devoir et de notre responsabilité de la transmettre", a déclaré le nouveau chancelier Friedrich Merz

Margot Friedlander, survivante de la Shoah, lors d'une cérémonie à laquelle ont assisté le secrétaire d'État américain Antony Blinken et le ministre allemand des Affaires étrangères de l'époque, Heiko Maas, à gauche, pour le lancement d'un dialogue américano-allemand sur les questions liées à la Shoah au Mémorial aux Juifs assassinés d'Europe à Berlin, le 24 juin 2021. (Crédit : AP Photo/Andrew Harnik, Pool)
Margot Friedlander, survivante de la Shoah, lors d'une cérémonie à laquelle ont assisté le secrétaire d'État américain Antony Blinken et le ministre allemand des Affaires étrangères de l'époque, Heiko Maas, à gauche, pour le lancement d'un dialogue américano-allemand sur les questions liées à la Shoah au Mémorial aux Juifs assassinés d'Europe à Berlin, le 24 juin 2021. (Crédit : AP Photo/Andrew Harnik, Pool)

Survivante de la Shoah, Margot Friedländer, décédée vendredi en Allemagne à l’âge de 103 ans, était l’un des témoins les plus éminents des horreurs nazies qui, jusqu’au bout, n’aura eu de cesse de mettre en garde contre l’oubli.

Par son infatigable combat pour la mémoire et pour la démocratie, elle « a offert la réconciliation à notre pays, malgré tout ce que les Allemands lui ont fait subir lorsqu’elle était jeune. Nous ne saurions être assez reconnaissants pour ce cadeau », a salué le chef de l’Etat allemand Frank-Walter Steinmeier.

« Elle nous a confié son histoire. Il est de notre devoir et de notre responsabilité de la transmettre », a ajouté le nouveau chancelier Friedrich Merz sur son compte X.

Cette femme d’apparence frêle toujours élégamment vêtue – elle avait posé en Une du magazine de mode Vogue en 2024 – s’était réinstallée dans sa ville natale de Berlin à 88 ans, après avoir vécu six décennies aux États-Unis.

Elle avait alors dédié sa vie à aller à la rencontre des jeunes pour raconter son histoire et prôner l’empathie comme antidote contre la haine.

Deux jours avant son décès, elle a encore pris la parole, mercredi à la mairie de Berlin, lors de la cérémonie commémorative du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale : « Pour vous. Soyez des êtres humains. C’est ce que je vous demande de faire : soyez des êtres humains ! », a-t-elle lancé, selon des propos cités par la Fondation qui porte son nom.

Des personnes marchant près de la porte « Arbeit Macht Frei » (« Le travail rend libre ») de l’ancien camp de concentration et d’extermination nazi allemand d’Auschwitz-Birkenau, à Oswiecim, en Pologne, le 26 janvier 2023. (Crédit : Michal Dyjuk/AP)

« Essaie de faire ta vie »

Née Margot Bendheim en 1921 dans une famille de fabricants de boutons, elle a suivi une formation de couturière.

Sa famille a vécu l’ascension au pouvoir d’Adolf Hitler, puis les pogroms de la Nuit de Cristal contre les commerces juifs en 1938. Ils ont plusieurs fois tenté de fuir, mais sans succès.

En 1943, la police secrète nazie, la Gestapo, arrête dans leur appartement son frère Ralph, 17 ans.

Absente, elle y échappe. Mais en rentrant chez elle ce jour-là, elle aperçoit un inconnu à l’entrée de leur immeuble. Elle cache alors son étoile jaune, que les Juifs étaient obligés de porter sous le nazisme, passe devant l’homme et frappe à la porte d’un voisin.

Peu après, elle apprendra que son frère a été emmené et sa mère, Auguste Bendheim, s’est rendue à la police pour le rejoindre.

Elle laissera à sa fille un collier d’ambre et un mot : « Essaie de faire ta vie ».

Douglas Emhoff, époux de la vice présidente américaine Kamala Harris, à droite, parle avec Margot Friedländer, survivante de la Shoah de 101 ans, à gauche, pendant une rencontre avec des survivants à Berlin, le 31 janvier 2023. (Crédit : Ambassade américaine à Berlin)

Déportés à Auschwitz, sa mère est immédiatement exécutée, tandis que son frère survivra encore un mois avant d’être à son tour assassiné. Elle apprendra plus tard que son père, qui avait divorcé, a lui aussi péri dans les chambres à gaz.

La jeune femme vit plus d’un an dans la clandestinité, se teignant les cheveux en rouge et subissant même une opération du nez pour paraître moins juive.

Mais arrêtée lors d’un contrôle d’identité de collaborateurs juifs travaillant pour la Gestapo, elle est déportée au camp nazi de Theresienstadt, en République Tchèque.

Scène d’un documentaire nazi tourné dans le ghetto de Theresienstadt pendant l’été 1944. (Crédit : Musée commémoratif de l’Holocauste aux États-Unis)

« Restez vigilants »

Elle y retrouve une vieille connaissance, Adolf Friedländer. Après la libération du camp par l’Armée rouge en 1945, ils se marient.

Un an plus tard, le couple émigre aux États-Unis et s’installe à New York. Adolf travaille pour des organisations juives, tandis que Margot est couturière et agente de voyage. Le couple n’aura pas d’enfant.

En 1997, Adolf décède et elle commence à suivre des cours d’écriture où les survivants de la Shoah racontent leur histoire.

Elle rencontre le producteur allemand Thomas Halaczinsky qui lui propose de venir à Berlin pour tourner un documentaire.

C’est ainsi qu’en 2003, elle revient à Berlin. En 2008, elle publie son autobiographie.

Margot Friedlander (au centre), survivante de la Shoah, prononce un discours lors de la visite du secrétaire d’État américain et du ministre allemand des Affaires étrangères au Mémorial des Juifs assassinés d’Europe pour le lancement d’un dialogue entre les États-Unis et l’Allemagne sur les questions liées à l’Holocauste à Berlin, en Allemagne, le 24 juin 2021. (Crédit : Andrew Harnik / POOL / AFP)

Deux ans plus tard, elle se pose définitivement dans sa ville et reprend la nationalité allemande. « Je n’ai récupéré que ce qui m’appartenait », dira-t-elle à l’époque.

Quand elle parle aux jeunes, elle se garde bien de juger. « Je ne veux pas savoir ce qu’ont fait les parents ou les grands-parents », avait-elle dit à l’hebdomadaire allemand Die Zeit à l’occasion de son centenaire.

« Je leur dis : restez vigilants, veillez à ce que cela ne se reproduise plus jamais. Pas pour moi, mais pour vous-mêmes. »

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