Moselle : 9 mois ferme requis contre un Allemand qui avait érigé une stèle nazie
Lors de l'enquête, il avait expliqué avoir érigé une stèle sur un terrain lui appartenant à Volmunster, le 30 octobre 2017, pour rendre hommage à un ami, soldat SS
Neuf mois de prison ferme ont été requis contre un Allemand jugé lundi à Sarreguemines (Moselle), pour avoir érigé en 2017 une stèle à la gloire de soldats nazis sur son terrain.
Le tribunal correctionnel rendra sa décision le 23 mars.
En Allemagne, le prévenu de 36 ans « est très connu des services de renseignements comme étant un militant néonazi, un militant d’extrême droite » appartenant au groupuscule de suprémacistes blancs Hammerskins, a indiqué le procureur, Jean-Luc Jaeg.
Il a requis « 18 mois de prison dont neuf mois avec sursis » contre le trentenaire, marié et père d’un enfant, pour « apologie de crime de guerre ». Le procureur a en revanche demandé la relaxe pour « apologie de crime contre l’Humanité ».
L’avocat du prévenu, Martial Gagneux a demandé la nullité de la procédure, estimant que son client ne pouvait pas être poursuivi « pour deux délits distincts ». Sur le fond, il a plaidé la relaxe, écartant le souhait de l’Allemand de faire l’apologie des crimes nazis.
« J’aimerais garder le silence », a dit en allemand à l’ouverture des débats le prévenu, crâne rasé et tatoué, accompagné d’une traductrice. Il encourt jusqu’à cinq ans de prison et 45 000 euros d’amende.
Lors de l’enquête, il avait expliqué avoir érigé une stèle sur un terrain lui appartenant à Volmunster (Moselle), le 30 octobre 2017, pour rendre hommage à un ami, soldat de la 17e SS Panzergrenadier Division, décédé six mois auparavant, et « à ses copains tombés pendant la guerre dont il (lui) parlait souvent ».
Il avait réfuté avoir voulu faire la gloire de l’unité dans son ensemble.
La stèle, portant l’inscription en allemand « En l’honneur des soldats tués appartenant à la 17e Division-Panzer SS. ‘En avant, on y va, à travers' » était visible depuis un chemin communal.
Signalé par un promeneur, le bloc de béton de 80 cm sur 60 cm avait été enlevé le 4 janvier 2018 par les gendarmes. La 17e SS Panzergrenadier Division, dont une unité est suspectée d’avoir abattu 124 habitants – dont 50 enfants – du village de Maillé (Indre-et-Loire) le 25 août 1944, a été déclarée organisation criminelle par le tribunal militaire international de Nuremberg (Allemagne).
Des témoins avaient relaté avoir observé des rassemblements sur ce terrain. Un villageois a ainsi expliqué à France Info qu’au moins « une ou deux fois par été », des gens « pour la plupart tatoués, le crâne rasé », s’y retrouvaient. « Mieux vaut ne pas trop s’approcher », expliquait-il.
« [Le prévenu] glorifie les faits d’arme d’une unité qui est venue nous massacrer et il rappelle même (sa) devise ! », s’est étranglé Simon Burkatzki, avocat de la Licra, partie civile avec le Parti communiste et l’association des Orphelins de pères Malgré-nous d’Alsace et de Moselle.
« C’est le minimum de passer devant le tribunal pour répondre de cet acte odieux », avait commenté à BFMTV.com Jacky Marx, président de la communauté israélite de Sarreguemines, avant le procès. « En France, les Juifs représentent environ 400 000 personnes, c’est la valeur d’une goutte d’eau dans l’océan ! Pour moi, c’est un mystère que des gens se sentent menacés par notre communauté au point de vénérer le nazisme encore de nos jours », avait-il déploré.
Le ministère de l’Intérieur français a révélé fin janvier que le nombre d’actes antisémites avait augmenté de 27 % entre 2018 et 2019 – 687 méfaits ont été dénombrés en 2019, contre 541 en 2018. Le nombre avait déjà augmenté de 74 % entre 2017 et 2018.