Moshe Gafni : « Je ne comprends pas pourquoi nous nous battons à Gaza »
Des députés de droite fustigent l'élu ultra-orthodoxe, dont le parti a menacé de quitter la coalition si celle-ci n'adoptait pas une loi exemptant les haredim du service militaire

Le député Moshe Gafni, chef de la faction ultra-orthodoxe Degel Hatorah, qui fait partie du parti Yahadout HaTorah, a suscité l’ire d’élus de droite mercredi matin en déclarant qu’il ne comprenait pas pourquoi Israël se battait à Gaza.
Lors de l’ouverture de la réunion de la commission des Finances de la Knesset, qu’il préside, Gafni a déclaré aux députés qu’il était reconnaissant envers Dieu et le président américain Donald Trump pour la fin de la guerre contre la République islamique, et a exprimé ses condoléances pour la mort de sept soldats, tombés au champ d’honneur la veille à Khan Younès, dans le sud de l’enclave.
« Mais je ne comprends toujours pas, même à l’heure actuelle, pourquoi nous nous battons là-bas », a-t-il ajouté.
« Je ne comprends pas pourquoi c’est nécessaire. Que faisons-nous là-bas alors que des soldats sont tués tous les jours ?… Nous avons besoin qu’un Trump vienne ici et dise : ‘Nous libérons les otages, nous mettons fin à tout cela et nous revenons à la normale.’ Mais apparemment, nous ne le méritons pas encore. »
Le député ultra-orthodoxe Yinon Azulaï (Shas) a abondé en ce sens.
« Nous devons tout faire pour mettre fin à cette guerre maintenant, alors que nous sommes forts, et non faibles, et ramener les otages », a-t-il déclaré.
Gafni a également reçu le soutien du Forum des familles des otages et disparus, qui a écrit sur le réseau social X : « Il dit la vérité telle qu’elle est, sans embellissement ni manipulation. »

« La guerre à Gaza s’enlise et se poursuit sans objectif clair ni plan concret. Il est temps de faire preuve de courage et de dire haut et fort : ramenez les otages, cessez les combats. C’est la bonne solution, c’est la seule façon de parvenir à une victoire israélienne », a déclaré le forum.
Mais la déclaration de Gafni a suscité de vives condamnations de la part de la droite politique, le parti Otzma Yehudit du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir estimant que la sécurité nationale est compromise par la remise en question de la guerre menée à Gaza contre le groupe terroriste palestinien du Hamas.
Sa rhétorique « rappelle les déclarations similaires de l’extrême gauche Moshe Yaalon, nuit à la sécurité d’Israël et aux familles des héros tombés au combat », a déclaré le parti dans un communiqué, faisant référence à l’affirmation de l’ancien ministre de la Défense du Likud, selon laquelle Israël mène un « nettoyage ethnique » dans le nord de l’enclave.
« Nos guerriers héroïques mènent une guerre obligatoire contre […] le groupe terroriste nazi du Hamas » afin de « rétablir la sécurité des habitants du sud en particulier et des habitants d’Israël en général, et de ramener tous nos otages, vivants ou morts », poursuit le communiqué. Il a également ajouté que le sacrifice des soldats tombés au combat exigeait qu’Israël poursuive la guerre jusqu’à la victoire.

Ben Gvir a qualifié la remarque de Gafni de « honteuse et scandaleuse ».
« Dans quels buts se battent-ils là-bas ? », a-t-il demandé de manière rhétorique.
« Ils mènent une guerre pour leur survie, afin qu’il n’y ait plus jamais de 7 octobre, plus jamais de viols, de massacres et de meurtres », a-t-il déclaré au micro de la radio de l’armée, précisant qu’il avait actuellement un fils engagé dans Tsahal.
Yehuda Wald, directeur général du parti ultranationaliste HaTzionout HaDatit, a également critiqué Gafni, affirmant que « seule une personne qui n’envoie pas ses fils à la guerre peut parler avec un tel détachement ». La communauté ultra-orthodoxe – ou haredi – ne sert pratiquement jamais dans l’armée.
Dans le même ordre d’idées, le député Dan Illouz (Likud) a déclaré que les Israéliens se battaient à Gaza « pour que plus jamais des bébés ne soient brûlés vifs dans leur maison, comme cela s’est produit à Kfar Aza » le 7 octobre 2023.
« Il n’est pas surprenant que ceux qui ne comprennent pas cela aient menacé, il y a seulement deux semaines, alors qu’Israël était sur le point d’attaquer l’Iran, de renverser un gouvernement de droite en pleine guerre pour sa survie, uniquement pour ne pas prendre part à cette guerre », a-t-il écrit sur X.
La faction Degel Hatorah de Gafni fait partie du parti Yahadout HaTorah, qui a récemment menacé de dissoudre la Knesset en raison des efforts visant à enrôler les haredim.
Les députés de la coalition et de l’opposition font pression pour adopter une loi qui mettrait fin à l’exemption de longue date dont bénéficient les ultra-orthodoxes étudiant en yeshiva pour échapper au service militaire, afin de pallier la pénurie de main-d’œuvre en temps de guerre et d’alléger la charge des réservistes.

Gafni a également été critiqué par la gauche et le centre politique, mais pour des raisons différentes.
S’exprimant lors de la séance plénière de la Knesset, la députée Merav Ben-Ari (Yesh Atid) a déclaré qu’il n’y avait « pas besoin de Trump », mais plutôt d’un Premier ministre qui « ignore les éléments messianiques, délirants et sans mandat » et qui écoute le peuple, qui soutient massivement la fin de la guerre et le retour des otages.
Compte tenu de la position de Gafni au sein de la coalition qui dirige la guerre, sa déclaration est « une honte et un déshonneur », a écrit sur X le député Gilad Kariv (Les Démocrates).
« Vous portez une responsabilité personnelle et directe pour tout ce qui se passe dans la bande de Gaza. Si vous ne comprenez pas pourquoi la guerre à Gaza se poursuit, que diable faites-vous dans la coalition ? »
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