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Nadera Shalhoub-Kevorkian, professeure israélienne controversée, prend sa retraite

La conférencière arabe israélienne, qui avait été brièvement arrêtée en avril soupçonnée d'incitation à la haine, avait appelé à la fin de l'État juif

La professeure Nadera Shalhoub-Kevorkian, arrêtée pour suspicion d'incitation à la haine, lors de son audience au tribunal de Jérusalem, le 19 avril 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)
La professeure Nadera Shalhoub-Kevorkian, arrêtée pour suspicion d'incitation à la haine, lors de son audience au tribunal de Jérusalem, le 19 avril 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

La professeure controversée de l’université hébraïque de Jérusalem, Nadera Shalhoub-Kevorkian, qui avait été brièvement arrêtée en avril pour suspicion d’incitation à la violence liée à ses commentaires sur la guerre entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas, a quitté son poste à l’université et n’enseignera pas au cours de la prochaine année académique, a-t-on appris mercredi d’un grand nombre de sources.

L’administration de l’université, qui avait soutenu le droit de Shalhoub-Kevorkian à la liberté d’expression tout en condamnant ses déclarations publiques anti-sionistes, n’a pas publié de communiqué de presse à ce sujet, mais un responsable de l’université hébraïque a confirmé au Times of Israel mercredi que Shalhoub-Kevorkian avait « décidé de prendre sa retraite » et a rejeté les informations parues dans la presse israélienne faisant état d’un licenciement.

Shalhoub-Kevorkian, maître de conférences à l’École de travail social et d’affaires sociales de l’université hébraïque, avait été arrêtée en avril sur des soupçons d’incitation à la violence, mais avait été libérée le lendemain, après que le tribunal a rejeté une demande de la police de prolonger sa détention provisoire, selon des médias israéliens, affirmant que les conclusions de la police ne justifiaient pas l’arrestation.

« Certaines expressions ont pu franchir la ligne qui sépare la liberté d’expression de l’incitation à la violence », avait écrit le juge Dov Pollock dans son jugement.
« Pourtant, la question qui se pose à la Cour est de savoir s’il est nécessaire de prolonger son arrestation parce qu’elle est soupçonnée de représenter un danger. »

« Je ne suis pas convaincu qu’il soit nécessaire de poursuivre son incarcération », avait conclu le juge.

L’université avait condamné l’arrestation, déclarant que même si l’administration était « fortement opposée » à de nombreuses déclarations publiques de Shalhoub-Kevorkian, « nous sommes extrêmement préoccupés par son arrestation, si elle est effectivement basée sur les choses qu’elle avait déclarées publiquement ».

Nadera Shalhoub-Kevorkian, professeure de travail social et de droit à l’université hébraïque de Jérusalem, lors d’une présentation. (Crédit : Capture d’écran YouTube ; utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur les droits d’auteur)

Shalhoub-Kevorkian avait été suspendue en mars après une interview dans laquelle elle déclarait que le sionisme devrait être aboli et remettait en question les viols et autres atrocités commis par le Hamas le 7 octobre.

« Il est temps d’abolir le sionisme. Ça ne peut pas continuer, c’est criminel. Ce n’est qu’en abolissant le sionisme que nous pourrons continuer […] Ils utiliseront n’importe quel mensonge. Ils ont commencé avec des bébés, ils ont continué avec le viol, et ils continueront avec un million d’autres mensonges. Nous avons cessé de les croire, j’espère que le monde cessera de les croire », avait déclaré Shalhoub-Kevorkian.

Selon elle, les Israéliens ont peur lorsqu’ils passent à côté d’elle et l’entendent parler en arabe, « et ils devraient avoir peur parce que les criminels ont toujours peur. Ils ne peuvent pas me déposséder de ma terre, ils ne peuvent pas déplacer mon peuple. Ils ne peuvent pas tuer sans avoir peur, alors ils feraient mieux d’avoir peur ».

Les déclarations de Shalhoub-Kevorkian niant les atrocités commises par le Hamas avaient alors entraîné sa brève suspension par l’université, qui avait déclaré que la professeure avait profité de sa liberté d’expression académique « pour inciter à la violence et créer des divisions » et que sa suspension était nécessaire pour « garantir un environnement sûr et propice à nos étudiants sur le campus ».

Fin mars, cependant, l’université l’avait réintégrée, citant une réunion que Shalhoub-Kevorkian avait eue avec son recteur, le professeur Tamir Sheafer, au cours de laquelle elle avait « précisé qu’en tant que chercheuse féministe, elle croyait les victimes et ne doutait pas de leurs revendications, et qu’elle ne niait pas qu’il y avait eu des ‘incidents’ de viol le 7 octobre ».

Il ne lui a pas été demandé de revenir sur une affirmation précédente selon laquelle Israël commettait un génocide à Gaza, a rapporté le quotidien Haaretz.

En octobre, plusieurs semaines après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre et peu après le début de l’opération terrestre d’Israël à Gaza, elle a été la première signataire d’une lettre ouverte accusant Israël de génocide.

Cette lettre, signée par plus d’un millier d’universitaires du monde entier, appelait notamment à « l’arrêt immédiat du génocide israélien soutenu par l’Occident à Gaza et à la violation flagrante des droits des enfants palestiniens ».

À l’époque, l’université avait envoyé une lettre officielle qui « exprimait une forte condamnation de l’alignement de Shalhoub-Kevorkian sur un recours caractérisant les actions d’Israël à Gaza comme génocidaires et l’étiquetant comme « une force d’occupation » depuis 1948. La direction de l’université avait suggéré qu’elle envisage de démissionner de son poste à l’université israélienne de Jérusalem.

Avant de prendre sa retraite, Shalhoub-Kevorkian était titulaire de la chaire de droit Lawrence D. Biele à la Faculté de droit-Institut de criminologie et à l’École de travail social et d’affaires sociales de l’université hébraïque de Jérusalem, selon la page de sa faculté, qui note qu’elle réside dans la Vieille Ville de Jérusalem et qu’elle est une « militante locale de premier plan ».

Elle est spécialiste des « traumatismes, des crimes d’État et de la criminologie, de la surveillance, de la violence de genre, du droit et de la société ». Elle étudie le crime de féminicide et d’autres formes de violence sexiste, la violence contre les enfants dans les zones de conflit, les crimes d’abus de pouvoir dans les contextes coloniaux, la surveillance, la sécurisation et le contrôle social, selon sa page.

En juin, un projet de loi obligeant les établissements d’enseignement supérieur à licencier les conférenciers qui expriment des sentiments anti-sionistes avait suscité de vives condamnations de la part de parlementaires et d’universitaires arabes, dans le contexte de ce que les critiques considèrent comme une répression de la liberté d’expression en temps de guerre.

S’il est adopté, le projet de loi, qui a été présenté lundi à la Knesset par le président de la coalition du Likud, Ofir Katz, obligerait les universités à renvoyer sans indemnisation tout enseignant niant le droit à l’existence d’Israël en tant que nation juive souveraine, qui inciterait au terrorisme, ou qui exprimerait à un groupe terroriste ou à une lutte armée contre l’État d’Israël.

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