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L’Université hébraïque suspend une conférencière qui a appelé à abolir le sionisme

Nadera Shalhoub-Kevorkian, critique de longue date d'Israël, a également remis en question les atrocités commises par le Hamas le 7 octobre

Nadera Shalhoub-Kevorkian, professeure de travail social et de droit à l'Université hébraïque de Jérusalem, lors d'une présentation. (Crédit : Capture d'écran YouTube ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur les droits d'auteur)
Nadera Shalhoub-Kevorkian, professeure de travail social et de droit à l'Université hébraïque de Jérusalem, lors d'une présentation. (Crédit : Capture d'écran YouTube ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur les droits d'auteur)

L’Université hébraïque a suspendu la professeure Nadera Shalhoub-Kevorkian de la Faculté de droit suite à une série de déclarations incendiaires, a annoncé mardi l’université dans un communiqué.

Cette mesure inhabituelle a été prise un jour après que Shalhoub-Kevorkian, qui critique ouvertement Israël et le sionisme, a déclaré dans une interview à la Quatorzième chaîne que le sionisme devrait être aboli et a remis en question les viols et autres atrocités commis par le Hamas le 7 octobre.

Shalhoub-Kiborkian a déclaré que les Israéliens avaient peur lorsqu’ils passaient près d’elle et l’entendaient parler arabe au téléphone, mais qu’ils « devraient avoir peur parce que les criminels ont toujours peur […] Il est temps d’abolir le sionisme. Ça ne peut pas continuer, c’est criminel. Ce n’est qu’en abolissant le sionisme que nous pourrons continuer ».

« Ils utiliseront n’importe quel mensonge. Ils ont commencé avec des bébés, ils ont continué avec le viol, et ils continueront avec un million d’autres mensonges. Nous avons cessé de les croire, j’espère que le monde cessera de les croire », a-t-elle poursuivi.

Shalhoub-Kevorkian est active dans le milieu universitaire progressiste international depuis de nombreuses années. En octobre, quelques semaines après l’assaut du Hamas du 7 octobre et peu après le début de l’incursion terrestre d’Israël dans la bande de Gaza, elle a été la première signataire d’une lettre ouverte accusant Israël de « génocide ».

Cette lettre, signée par plus de 1 000 universitaires du monde entier, demandait « l’arrêt immédiat du génocide israélien soutenu par l’Occident à Gaza et la violation flagrante des droits des enfants palestiniens ».

La lettre, qui appelle à un cessez-le-feu et à l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, soutient également « les appels lancés en Palestine/Israël en faveur d’une solution politique à long-terme, fondée sur la fin de l’occupation actuelle de la Palestine et du régime d’apartheid israélien », ainsi que « les appels mondiaux en faveur de la libération immédiate des civils, y compris les 500 à 700 mineurs palestiniens détenus arbitrairement par Israël chaque année et les enfants retenus en otage par le Hamas ».

La lettre indique également que « 75 ans d’occupation coloniale en Palestine et 17 ans pendant lesquels Gaza n’a été guère plus qu’une prison à ciel ouvert » ont « engendré certaines des conditions de vie les plus odieuses que l’on puisse imaginer pour la population civile de Gaza ».

À ce moment-là, le 29 octobre, l’université avait envoyé une lettre officielle qui « exprimait une forte condamnation de l’alignement de l’enseignante Shalhoub-Kevorkian sur une pétition caractérisant les actions d’Israël à Gaza comme génocidaires et la qualifiant de force d’occupation depuis 1948 ». La direction de l’université lui avait suggéré de démissionner de son poste à l’Université hébraïque de Jérusalem, indique le communiqué publié mardi.

Malgré cela, elle n’a pas semblé perturbée et a continué à faire des « déclarations qui sèment la discorde » et qui « mettent notre estimée institution dans l’embarras », a poursuivi l’université, accusant Shalhoub-Kevorkian de profiter de sa liberté d’expression académique « pour inciter à la haine et semer la discorde ».

Suite à ces dernières déclarations, et en réponse à la pression des législateurs et de la communauté universitaire, l’établissement a prononcé une suspension formelle.

« En tant que fière institution israélienne, publique et sioniste, l’Université hébraïque condamne fermement les récentes déclarations choquantes et scandaleuses de Pr. Shalhoub-Kevorkian […] Afin de garantir un environnement sûr et propice à nos étudiants sur le campus, l’université a décidé de suspendre Pr. Shalhoub-Kevorkian de ses fonctions de professeure, à compter d’aujourd’hui », indique le communiqué.

L’entrée de l’Université hébraïque de Jérusalem. (Crédit : Wikimedia Commons)

Shalhoub-Kevorkian est titulaire de la chaire de droit Lawrence D. Biele à la Faculté de droit-Institut de criminologie et à l’École de travail social et de bien-être public de l’Université hébraïque de Jérusalem, ainsi que de la chaire mondiale de droit de l’Université Queen Mary de Londres, selon la page de sa faculté, qui indique qu’elle réside dans la Vieille Ville de Jérusalem et qu’elle est une « activiste locale de premier plan ».

Elle est experte en « traumatisme, crimes d’État et criminologie, surveillance, violence de genre, droit et société ». Elle étudie « le féminicide et d’autres formes de violence sexiste, la violence contre les enfants dans les zones de conflit, les crimes d’abus de pouvoir dans les contextes coloniaux, la surveillance, la sécurisation et le contrôle social », selon sa page.

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