Netanyahu a secrètement rencontré le président somalien en 2020
Alors qu'un réchauffement des liens entre les pays se profile, un ancien diplomate a affirmé que Trump ne voulait pas de la Somalie dans les accords d'Abraham
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le président somalien a tenu une réunion secrète au début de 2020 avec le Premier ministre de l’époque, Benjamin Netanyahu, a déclaré au Times of Israel un ancien diplomate ayant eu connaissance de ces voyages.
Mohamed Abdullahi Mohamed, plus connu sous le surnom de Farmaajo, s’est rendu à Jérusalem en février de cette année-là avec Balal Osman, l’envoyé spécial de Mohamed pour la Corne de l’Afrique, la mer Rouge et le golfe d’Aden, selon le diplomate.
Les deux dirigeants ont discuté de la possibilité d’établir des liens entre leurs deux pays. Mais ces efforts n’ont pas été soutenus par le président américain de l’époque, Donald Trump, qui ne voulait pas inclure la Somalie dans l’effort régional qui allait être connu sous le nom d’accords d’Abraham, a déclaré le diplomate.
« Il ne voulait pas traiter avec le pays, il pensait que c’était un ‘pays de merde' », a déclaré l’ancien diplomate lundi.
Le responsable a ajouté que les attaques contre Trump par la représentante démocrate américaine Ilhan Omar, une réfugiée de Somalie qui a déménagé aux États-Unis, ont créé un fossé entre le président américain et le pays africain.
La dernière fois que Netanyahu et Mohamed se sont rencontrés, c’était le 28 novembre 2017, en marge d’une rencontre très médiatisée entre Netanyahu et le président kényan Uhuru Kenyatta à Nairobi, a déclaré l’ancien diplomate. Cette rencontre avec Mohamed a eu lieu à la demande de Netanyahu.

Les porte-paroles de Netanyahu n’ont pas répondu aux demandes de commentaires.
Selon le diplomate, Farmaajo a demandé à l’ambassadrice de Somalie en Suisse, Faduma Abdullahi Mohamud, de s’abstenir lors d’un vote du Conseil des droits de l’homme de l’ONU en 2019 condamnant Israël au sujet du plateau du Golan. Il voulait ainsi tester la réaction nationale et internationale à cette petite manifestation publique de soutien à Israël.
Mohamud a été convoqué par le ministère somalien des Affaires étrangères après le vote. Selon l’ancien diplomate, Farmaajo n’a eu d’autre choix que de congédier l’ambassadrice après avoir reçu des menaces internes et externes.
Israël n’entretient pas de relations diplomatiques avec cette nation d’Afrique de l’Est, qui compte environ 11 millions d’habitants. La Somalie, pays à majorité musulmane sunnite et membre de la Ligue arabe, n’a jamais reconnu l’État d’Israël.
Pourtant, des informations – non vérifiées – font état d’un réchauffement des liens entre les deux pays.
Un porte-parole du président somalien a déclaré samedi que le gouvernement allait consulter le parlement sur la possibilité d’établir des relations diplomatiques avec Israël, selon des informations de la Douzième chaîne et de la chaîne publique israélienne Kan qui n’ont pu être vérifiées de manière indépendante.
Les médias somaliens ont rapporté le mois dernier que l’actuel président Hassan Sheikh Mohamud avait récemment eu des contacts avec des responsables israéliens lors d’un voyage aux Émirats arabes unis, et qu’il s’était même rendu en Israël par avion, selon des informations qui ont, par la suite, été démenties.

Mohamud a secrètement rencontré l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu en Israël en 2016 alors qu’il effectuait son premier mandat, qui s’est achevé en 2017.
Lors de sa réélection à ce poste en mai, un diplomate somalien proche de Mohamud a déclaré au Times of Israel que son retour au pouvoir était un développement positif pour un potentiel processus de normalisation entre Mogadiscio et Jérusalem.
Une réunion de niveau inférieur s’est tenue à Jérusalem en décembre 2015, impliquant des représentants du ministère de l’Économie et des responsables somaliens, selon un haut fonctionnaire proche de Mohamud.
La nouvelle d’une éventuelle normalisation avec la Somalie intervient dans un contexte de floraison des liens officiels entre Israël et certains pays arabes, ainsi qu’un effort d’Israël pour renforcer ses liens en Afrique.
Outre les développements avec la Somalie, la Douzième chaîne a rapporté que Muse Bihi Abdi, président du Somaliland, une région autonome et relativement stable du pays, a récemment déclaré à des responsables américains qu’il avait tendu des perches à Israël, mais sans réponse jusqu’à présent.

En mai, l’ambassade d’Israël en France a organisé une conférence et réuni des journalistes, diplomates, entrepreneurs et artistes français et africains à examiner l’avenir d’une coopération israélienne avec les différents pays d’Afrique et des entreprises africaines.
Le Somaliland était représenté à la conférence par son ministre de la Défense.
Les accords d’Abraham, une déclaration de paix conjointe initialement signée le 15 septembre 2020, avaient officiellement normalisé les relations diplomatiques entre Bahreïn, les Émirats arabes unis et Israël. En décembre 2020, le Maroc et Israël avaient signé un accord de normalisation, établissant des relations diplomatiques complètes. Puis, en janvier 2021, le Soudan avait, lui aussi, signé les accords, déclarant symboliquement son intention de faire progresser la normalisation avec Israël.