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Analyse

Y a-t-il un nouvel espoir de normalisation des liens avec la Somalie ?

Celui qui avait rencontré Netanyahu est revenu au pouvoir à Mogadiscio, a dit un diplomate après l'élection de Hassan Sheikh Mohamud - mais il y a d'autres priorités plus urgentes

Lazar Berman

Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Hassan Sheikh Mohamud, président  de Somalie depuis 2012, dans son bureau présidentiel, en avril 2013. (Crédit : AMISOM Public Information/CC0/WikiCommons)
Hassan Sheikh Mohamud, président de Somalie depuis 2012, dans son bureau présidentiel, en avril 2013. (Crédit : AMISOM Public Information/CC0/WikiCommons)

Le Parlement somalien a choisi un nouveau président, la semaine dernière, rappelant au pouvoir un haut-responsable qui avait rencontré secrètement Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien à l’époque, en 2016.

Hassan Sheikh Mohamud a été élu, dimanche, lors d’un vote indirect qui a eu lieu avec plus d’un an de retard – le processus ayant été bloqué par des querelles politiques qui ont par moment entraîné des violences et qui ont semé la division dans le gouvernement central fragile.

Un diplomate somalien proche de Mohamud a déclaré au Times of Israel que son retour au pouvoir est un développement positif pour un processus potentiel de normalisation entre Mogadiscio et Jérusalem.

« Le groupe qui était défavorable à la normalisation avec Israël est dorénavant dehors », a dit le diplomate. « L’ancien président Hassan Sheikh Mohamud, qui avait rencontré Bibi, a été à nouveau élu. Le peuple somalien place beaucoup d’espoir dans le nouveau président ».

Israël n’entretient pas de relations diplomatiques avec cette nation d’Afrique de l’Est, qui a une population d’environ 11 millions de personnes. La Somalie, un pays composé en majorité de musulmans sunnites, qui est également membre de la Ligue arabe, n’a jamais reconnu l’État d’Israël.

Au mois de juin 2016, un site d’information dirigé par des journalistes opposés au régime somalien avait fait savoir que Mohamud et trois autres officiels somaliens étaient venu pour une courte visite à Tel Aviv, rencontrant là-bas Netanyahu et d’autres officiels israéliens. A l’époque, un haut-responsable proche de Mohamud avait confirmé au Times of Israel que la réunion avait bien eu lieu et que d’autres entretiens entre les deux leaders étaient en cours de préparation.

Le nouveau président somalien Mohamed Abdullahi Farmajo, à droite, avec le président sortant Hassan Sheikh Mohamud, à gauche, parle aux journalistes après avoir remporté les élections à Mogadiscio, en Somalie, le 8 février 2017. (Crédit :AP Photo/Farah Abdi Warsameh)

La source avait précisé qu’il y avait déjà eu une rencontre entre responsables de moindre rang à Jérusalem, au mois de décembre 2015, entre des représentants du ministère de l’Économie et des responsables venus de Somalie.

De son côté, Netanyahu n’avait ni confirmé, ni démenti ces réunions, se contentant de noter que « nous avons de nombreux contacts avec des pays avec lesquels nous n’entretenons pas de relations officielles ».

Il y a eu d’autres signes montrant le désir de normaliser les relations avec Israël, au fil des années.

Au mois de mars 2019, la Somalie s’était abstenue lors d’un vote du Conseil des droits de l’Homme, aux Nations unies, qui condamnait l’État juif pour l’occupation du plateau du Golan. Cela avait été, avait-il semblé, la toute première fois qu’un pays membre de la Ligue arabe avait renoncé à l’opportunité de condamner Israël à une tribune internationale majeure. Et même si Mogadiscio, le même jour, avait voté en faveur de trois autres résolutions anti-israéliennes et que la Somalie avait répété ultérieurement son rejet des revendications israéliennes sur le plateau stratégique, cette abstention avait indiqué un débat en cours sur l’établissement potentiel de relations avec l’État juif dans ce pays de l’Est de l’Afrique.

Des soldats de la réserve d’artillerie participent à un exercice sur les hauteurs du Golan, dans le nord d’Israël, le 28 mars 2022. (Crédit : Michael Giladi/Flash90)

L’envoyé somalien à l’ONU avait été rapidement convoqué après le vote et un haut-responsable du gouvernement avait indiqué aux journalistes qu’il avait été « surpris » par l’abstention sur le vote du Golan, disant qu’elle était « contradictoire avec le positionnement officiel du gouvernement ».

Peu après le vote, un haut-diplomate avait publiquement fait part de son soutien à la normalisation des liens avec Israël.

« Il aurait fallu le faire depuis longtemps. Établir des relations ne fait de mal à personne mais aide à promouvoir la paix et la coopération », avait écrit Abdullahi Dool sur Twitter.

« Les Palestiniens sont les pires ennemis des Palestiniens », avait-il écrit dans une deuxième publication. « Ils ne ratent jamais l’opportunité de rater une chance. A Gaza, ce sont des idiots et des perdants. Ils devraient être condamnés chaque fois qu’ils s’en prennent à des civils. Il est dans notre intérêt de nous ouvrir à Israël ».

Deux jours plus tard, le ministre somalien des Affaires étrangères Ahmed Isse Awad avait renvoyé Dool, qui travaillait pour les services diplomatiques somaliens depuis 1983.

Abdullahi Dool (Capture d’écran : Twitter)

Le même jour, Abdinur Mohamed, porte-parole du président d’alors, Mohamed Abdullahi Mohamed, s’était tourné vers Twitter pour déclarer que tant qu’Israël continuerait à contrôler « des territoires musulmans » et Jérusalem et que le pays continuerait à refuser aux Palestiniens leurs droits, la Somalie n’aurait aucune relation diplomatique avec l’État juif. Et il affirmait que ceux qui disaient le contraire ne pouvaient pas travailler pour le gouvernement.

En 2020, Israël a signé des accords de normalisation avec les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc dans le cadre des Accords d’Abraham.

Mais tous les observateurs n’anticipent pas, avec le retour de Mohamud, d’initiative prochaine en faveur de la normalisation entre Mogadiscio et Jérusalem.

« [Mohamud] incarne le courant le plus islamiste », commente Irit Back, à la tête du programme de recherche Afrique au centre Moshe Dayan de l’université de Tel Aviv. « Il est moins orienté vers la normalisation, mais ces choses arrivent toujours par surprise ».

« Pour le moment, je ne pense pas qu’il y ait des signes de changement radical dans le positionnement du pays », ajoute-t-elle. « De surcroît, les Somaliens ont des problèmes bien plus graves à régler et je ne pense pas que la normalisation soit une priorité pour eux ».

Le groupe terroriste Al-Shabaab, en Somalie, tente de renverser le gouvernement central de Mogadiscio depuis plus d’une décennie, et il a commis des attaques meurtrières au Kenya et en Ouganda, des nations voisines. Il contrôle de large pans de territoire.

Les combattants d’Al-Shabaab défilent pendant des exercices militaires aux abords de Mogadiscio, en Somalie, en 2011. (Crédit : AP/Mohamed Sheikh Nor)

La Somalie est l’un des pays les plus pauvres du monde, et 70 % de la population y vit avec moins de 1,90 dollar par jour. Une sécheresse sévère menace d’entraîner une famine susceptible de toucher des millions de personnes, et les agences des Nations unies ont mis en garde contre une catastrophe humanitaire en l’absence d’actions rapides.

Mohamud — qui a été président entre 2012 et 2017 et qui est le premier dirigeant somalien à remporter un second mandat – a fait la promesse de transformer cette nation de la Corne de l’Afrique, en proie aux troubles, en « pays pacifique en paix avec le monde ».

Et si cette promesse devait inclure Israël, un signe tangible de désir de liens diplomatiques pourrait être décelable l’année prochaine, quand les nations africaines devront débattre de l’octroi d’un éventuel statut d’observateur à Israël au sein de l’Union africaine. Les discussions sur le sujet avaient été suspendues pendant le sommet annuel qui avait eu lieu au mois de février et la commission chargée d’étudier le dossier présentera ses conclusions lors de la conférence de 2023.

Raphael Ahren et l’AFP ont contribué à cet article.

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