Netanyahu appelle au vote direct pour désigner le Premier ministre
Cette proposition improbable, à laquelle Gantz s'oppose, pourrait être remise en cause par la Haute cour de justice en raison des réformes qui devraient être mises en place
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré samedi soir qu’il apporterait son soutien à une proposition qui consisterait à élire directement un Premier ministre, une tentative visant à écarter le spectre d’un troisième scrutin national en moins d’un an.
Dans un communiqué, il a attribué à ses adversaires de Kakhol lavan la responsabilité de l’impasse politique en cours qui empêche la formation d’un gouvernement. Netanyahu a indiqué qu’il donnerait son appui à la mise en place d’un vote direct désignant un Premier ministre, s’opposant ainsi à Benny Gantz, chef de Kakhol lavan, qui est contre cette initiative.
« Ce n’est pas encore trop tard », a dit Netanyahu en évoquant la possibilité que sa formation du Likud et celle de Kakhol lavan parviennent à trouver un accord au cours des trois derniers jours qui restent avant que des élections ne soient automatiquement appelées, en date du 11 décembre.
« Mais si les responsables de Kakhol lavan ne se rassemblent pas et qu’ils ne forment pas un gouvernement d’unité nationale, il reste encore une chose à faire pour empêcher d’inutiles élections à la Knesset – c’est de procéder à un scrutin direct pour le poste de Premier ministre entre Benny Gantz et moi-même », a déclaré Netanyahu. « On sait bien, au sein de Kakhol lavan, ce que veut le peuple – je suis donc favorable à l’idée de laisser le peuple prendre la décision et personne d’autre ».
Après que ni Netanyahu, ni Gantz ne soient parvenus à rassembler une majorité de sièges avec leurs alliés respectifs lors des élections de septembre, les deux hommes ont exprimé leur soutien à un gouvernement d’unité qui comprendrait leurs deux partis – mais les négociations ont échoué à mettre en place une coalition et les deux rivaux s’attribuent mutuellement la responsabilité de cette impasse dans laquelle le pays est bloqué.
Kakhol lavan a répondu samedi soir aux propos de Netanyahu : « nous sommes attachés à l’idée d’éviter un scrutin coûteux et inutile, mais pas de recourir à des effets visant à restaurer un système électoral qui a… misérablement échoué ».
Selon la formation, cette idée est « une proposition creuse qui a pour but de détourner l’attention et la critique de Netanyahu, accusé dans trois dossiers graves pour corruption et qui est le seul responsable de cette perspective de traîner l’Etat d’Israël pour la troisième fois » vers les urnes.
Le mois dernier, le parti HaYamin HaHadash avait présenté un plan improbable au président Reuven Rivlin qui prévoyait l’adoption de réformes électorales qui verraient l’introduction d’un scrutin direct pour désigner le Premier ministre.
Cette proposition pourrait toutefois être remise en cause par la Haute cour de justice parce qu’elle impliquerait des réformes d’envergure qui seraient alors menées par un gouvernement intérimaire, et ce, dans le cadre d’une campagne électorale. Autrement dit changer les règles du jeu pendant la partie.
Le mois dernier, le président du Shas, Aryeh Deri, avait soulevé l’idée, estimant qu’un vote direct et public pour départager Netanyahu et Gantz serait susceptible d’empêcher un troisième scrutin. Une proposition que Netanyahu aurait alors écartée, affirmant qu’elle ne pourrait pas résoudre l’impasse. Selon une source proche du Premier ministre citée par Kan, ce dernier aurait alors qualifié l’initiative de « stupide ».
Tandis qu’un scrutin direct pour le poste de Premier ministre déterminerait de manière automatique la personnalité chargée de former le gouvernement, il ne modifierait pas pour autant l’arithmétique de la coalition et le vainqueur devrait toujours former une majorité à partir des mêmes partis élus au mois de septembre.
Israël avait brièvement connu les élections directes au poste de Premier ministre lorsque Netanyahu avait été pour la première fois désigné à la fonction, quand il avait battu Shimon Peres en 1996. Néanmoins l’Etat juif était revenu à l’élection de partis plutôt que d’individus, cinq ans plus tard, après avoir constaté la difficulté représentée par la formation d’une coalition suite au vote.