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Netanyahu aurait dit avant le 7 octobre, qu’il n’ordonnerait jamais de renverser le Hamas

Le Premier ministre aurait confié au journaliste de la Treizième chaîne qu'il pensait impossible de vaincre le Hamas militairement et que l'alternative était l'anarchie

Le journaliste de la défense de la Treizième chaîne, Or Heller, témoignant devant une commission civile indépendante chargée d'enquêter sur les événements ayant conduit au 7 octobre, le 10 septembre 2024. (Crédit : Commission civile d'enquête)
Le journaliste de la défense de la Treizième chaîne, Or Heller, témoignant devant une commission civile indépendante chargée d'enquêter sur les événements ayant conduit au 7 octobre, le 10 septembre 2024. (Crédit : Commission civile d'enquête)

Benjamin Netanyahu a affirmé à plusieurs reprises avant le 7 octobre
« qu’il était absolument convaincu qu’une opération militaire ne viendrait pas à bout du régime du Hamas » à Gaza, a révélé mardi le correspondant militaire de la Treizième chaîne, Or Heller, sur la foi de ce qu’il dit être ses nombreuses conversations avec le Premier ministre.

« J’ai entendu de sa bouche ce que l’on appellera plus tard le concept de Gaza au cours de plusieurs réunions et conversations au fil des ans », a témoigné Or Heller devant une commission d’enquête civile indépendante sur l’invasion et le pogrom perpétrés par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023.

« Le Premier ministre m’a répété à maintes reprises au fil des ans, depuis des années, qu’il n’ordonnerait jamais à Tsahal d’occuper Gaza ou de renverser le régime du Hamas parce que, pour lui, l’alternative était la Somalie, c’est-à-dire un territoire sans gouvernement, gouverné par des gangs armés, sans monopole sur les moyens de violence, sans armée centrale », a-t-il indiqué.

Depuis l’invasion et le pogrom du 7 octobre par le Hamas, le Premier ministre a déclaré à maintes reprises qu’il a toujours eu l’intention d’anéantir le Hamas, mais qu’il n’a jamais eu la légitimité nationale ou internationale nécessaire pour organiser une invasion à grande échelle de la bande de Gaza. Lors d’une conférence de presse la semaine dernière, Netanyahu a déploré qu’au fil des ans, « il n’y avait pas de légitimité nationale ou internationale pour entrer, conquérir Gaza, reprendre le corridor de Philadelphi et le passage de Rafah. »

Selon Heller, Netanyahu a plaidé à plusieurs reprises en faveur de l’approche du « Whack-a-mole » [frappez la taupe], qui soutient qu’il y a « un monstre au-delà de la clôture. Ce monstre doit être attaché avec une corde au mur afin que nous puissions élever nos enfants à Nahal Oz, Nir Oz, Beeri et Sderot. Ce monstre doit être frappé à la tête de temps en temps, c’est-à-dire un nombre incalculable de fois », mais il ne peut pas être complètement vaincu.

« Le Premier ministre m’a confié qu’il ne croyait absolument pas qu’une campagne militaire puisse renverser le régime du Hamas », a-t-il poursuivi, estimant que l’idée de jeter « des morceaux de steak dans la cage du monstre pour qu’il soit rassasié et satisfait » faisait partie de l’approche.

Heller a rappelé les réunions en tête-à-tête avec les hauts responsables de Tsahal et du Shin Bet après l’opération Gardien des Murs de 2021, au cours desquelles il a « entendu de [s]es propres oreilles la recommandation sans équivoque de mettre fin au système Whack-a-mole, d’éliminer Sinwar, de lancer une attaque surprise contre le Hamas, d’éliminer les dirigeants du Hamas, afin de réinitialiser les relations entre Israël et Gaza. »

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (au centre) s’exprimant lors d’une réunion avec le chef du Commandement du Front intérieur de l’armée israélienne, le général de division Rafi Milo (à droite) et Yoram Laredo, directeur de l’Autorité nationale de gestion des urgences (non photographié) au QG du Commandement du Front intérieur, à Ramle, le 1er août 2024. (Crédit : Maayan Toaf/GPO)

Netanyahu avait connaissance de ces recommandations mais « bien sûr, c’était top secret, il m’était interdit d’y faire ne serait-ce qu’allusion à l’antenne », a déclaré Heller – ajoutant que lors de leur dernière discussion, pendant l’opération Bouclier et Flèche, cinq mois avant le 7 octobre, Netanyahu « était convaincu que le concept était le bon. »

Heller témoignait devant la commission d’enquête civile, récemment créée par des groupes représentant les survivants et les victimes du massacre, à la suite du refus de Netanyahu de mettre en place une enquête officielle de l’État.

Lors d’une conférence de presse tenue la semaine dernière, Netanyahu s’est prononcé contre le retrait total de Gaza après la guerre, arguant que si les troupes israéliennes quittaient ce que l’on appelle le corridor Philadelphi le long de la frontière entre Gaza et l’Égypte, le Hamas serait en mesure de se réarmer.

L’ancien chef du Mossad, Danny Yatom, a également témoigné mardi. Il a critiqué le gouvernement actuel, affirmant que les ministres d’extrême droite Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich « nous poussent vers la guerre de Gog et Magog », une référence biblique à l’Armageddon.

Yatom, qui a dirigé l’agence israélienne de renseignement extérieur à la fin des années 1990 avant de devenir député du parti Avoda, a accusé Netanyahu de s’attaquer aux dirigeants de Tsahal et de ne pas avoir de stratégie cohérente à Gaza.

« Il n’y a ni stratégie militaire ni stratégie politique. Le pire, c’est qu’il n’y a pas de stratégie politique. Si vous ne connaissez pas l’objectif politique, vous ne savez pas comment déterminer les objectifs militaires », a-t-il déclaré, estimant que si Israël a “de nombreuses réalisations tactiques, il est nécessaire de réfléchir à ce que devrait être la stratégie”.

L’ancien chef du Mossad, Danny Yatom, témoigne devant une commission civile indépendante chargée d’enquêter sur les événements qui ont conduit au 7 octobre, le 10 septembre 2024. (Crédit : Commission civile d’enquête)

La commission a également entendu le témoignage à huis clos d’un officier de Tsahal en service actif qui a combattu le Hamas le 7 octobre.

L’officier, qui a témoigné sous le couvert de l’anonymat, a indiqué qu’avant l’attaque, Tsahal avait adopté un « nouveau concept de défense » basé sur la réduction au minimum des effectifs dans la zone « et une plus grande dépendance sur les moyens technologiques ».

« L’intention était d’utiliser les forces d’infanterie uniquement comme réserve, de minimiser les opérations proactives et les patrouilles le long de la barrière, et de s’appuyer fortement sur la capacité technologique dans la zone », a-t-il déclaré. « C’est une belle idée, qui sonne bien lorsque vous la décrivez dans une belle présentation, mais ces choses ne résistent pas à l’épreuve de la réalité. Ces dernières années, telle a également été la perception dans le nord. »

« L’une des leçons que j’ai tirées du 7 octobre est l’absence de commandement et de contrôle. Il était tout simplement inexistant » au niveau de la brigade ou de la division, a affirmé l’officier.

« Je sais, d’après des témoignages, qu’il y avait dans certains cas des forces importantes de 50 à 100 combattants, des compagnies entières équipées, qui n’étaient pas autorisées à s’approcher et qui ne savaient pas où aller », a-t-il déclaré. « Si nous avions attendu les ordres, il n’y aurait plus eu personne à sauver. »

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