Netanyahu aurait reconnu qu’Israël a mené l’attaque « des bipeurs » du Hezbollah
Le Premier ministre aurait dit au cabinet que l'opération avait eu lieu malgré "l'opposition" des hauts responsables de la défense, en référence à Yoav Gallant, récemment limogé
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a admis pour la première fois lors de la réunion hebdomadaire du cabinet dimanche qu’Israël était derrière les explosions des bipeurs et talkies-walkies appartenant au groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah en septembre, selon des citations divulguées aux médias israéliens.
Les explosions de bipeurs sont survenues après près d’un an d’attaques incessantes de roquettes et de drones contre Israël menées par le Hezbollah, qui ont commencé au lendemain du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël. Ces attaques ont conduit à l’évacuation de quelque 60 000 habitants des villes du nord d’Israël situées à la frontière avec le Liban.
L’opération « bipeur » et l’élimination du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ont été menées à bien malgré l’opposition de hauts fonctionnaires de l’establishment de la défense et de leurs responsables à l’échelon politique », aurait déclaré Netanyahu, dans une allusion claire à Yoav Gallant, le ministre de la Défense, récemment limogé.
Avant les explosions, Gallant avait déclaré que les activités militaires d’Israël se concentreraient désormais sur le front nord.
Au cours de leur collaboration au sein du gouvernement, Netanyahu et Gallant se sont affrontés à plusieurs reprises. En mars 2023, Netanyahu avait renvoyé Gallant un jour après que le ministre de la Défense de l’époque eut appelé à suspendre le processus législatif des plans de refonte judiciaire largement controversés du gouvernement, qui, selon lui, provoquaient des divisions qui constituaient une menace pour la sécurité nationale.
Il a cependant été réintégré moins d’un mois plus tard et était à la tête du ministère de la Défense lorsque le Hamas a lancé son assaut barbare et sadique. Il est resté à son poste tout au long de la guerre qui a suivi dans la bande de Gaza, des combats à la frontière nord et de l’opération terrestre visant le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah au sud-Liban.
Lors d’une conférence de presse tenue mardi, Gallant a déclaré avoir été congédié en raison de ses positions sur l’urgente nécessité d’enrôler des hommes ultra-orthodoxes dans l’armée israélienne, sur l’impératif de ramener les otages de Gaza et sur la nécessité d’une commission d’enquête d’État sur le pogrom du 7 octobre et sur la guerre qui s’en est suivie.
Dans une tentative manifeste d’éviter d’être tenu pour responsable des négligences du pays en matière de sécurité, Netanyahu a reproché aux forces de sécurité israéliennes de ne pas avoir prévu les massacres du 7 octobre perpétrés par le Hamas et a résisté aux appels en faveur de la création d’une commission d’enquête publique sur les événements qui ont conduit à ce pogrom.
Israël n’a pas assumé publiquement la responsabilité des attaques ayant visé le Hezbollah, au cours desquelles des bipeurs et des talkies-walkies ont explosé en deux vagues les 17 et 18 septembre, faisant au moins 39 morts.
Le Liban a déclaré que près de 3 000 autres personnes avaient été blessées dans l’attaque. Les bilans ne font pas de distinction entre les civils et les terroristes. Parmi les blessés figurait l’ambassadeur de Téhéran au Liban, Mojtaba Amani. Une semaine plus tard, un responsable du Hezbollah a déclaré à Reuters que ces attaques avaient mis hors d’état de nuire 1 500 terroristes du Hezbollah, en raison de leurs blessures. Nombre d’entre eux avaient été rendus aveugles ou avaient eu les mains arrachées.
Dans la foulée, divers articles de presse ont indiqué que ces attaques étaient le fruit d’une opération hautement sophistiquée des agences de renseignement israéliennes, préparée depuis des années, et que le groupe terroriste chiite libanais s’était fait berner en achetant les engins compromis.
Les explosions ont été suivies d’une série de frappes aériennes israéliennes qui ont éliminé une grande partie de la structure de commandement du Hezbollah, y compris Nasrallah, et d’une opération terrestre limitée au sud-Liban visant à éliminer les menaces immédiates que le groupe terroriste fait peser sur les communautés frontalières du nord d’Israël.
Les attaques contre le nord d’Israël au cours de l’année écoulée ont entraîné la mort de 40 civils israéliens. En outre, 61 soldats et réservistes de l’armée israélienne ont perdu la vie lors d’affrontements transfrontaliers et de l’opération terrestre lancée dans le sud du Liban à la fin du mois de septembre.
Deux soldats ont été tués lors d’une attaque de drone depuis l’Irak, et plusieurs attaques ont également eu lieu depuis la Syrie, sans faire de blessés.
Le ministère de la Santé libanais a annoncé lundi que le bilan de la guerre entre Israël et le Hezbollah avait franchi la barre des 3 000 morts dans le pays. Ce chiffre ne fait pas de distinction entre les civils et les terroristes. Tsahal estime par ailleurs que près de 3 000 terroristes du Hezbollah ont été éliminés durant le conflit. Une centaine de membres d’autres groupes terroristes auraient également été tués au Liban.
Face à l’escalade, le groupe terroriste chiite libanais semble avoir cessé de publier les noms des éléments éliminés.