Netanyahu condamne l’attaque aux cocktails Molotov contre la police à Yitzhar
Aucun policier des Frontières n'a été blessé, mais la Jeep militaire a été endommagée
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Des Israéliens ont lancé trois cocktails Molotov sur un véhicule de la police des Frontières à proximité de l’implantation radicale d’Yitzhar, au nord de la Cisjordanie, ont fait savoir les autorités jeudi soir.
Aucun officier n’a été blessé pendant l’incident, mais la Jeep a été endommagée, lit-on dans un communiqué de la police des Frontières, qui a qualifié l’évènement d’attaque « terroriste ».
Vendredi matin, de hauts responsables israéliens ont à leur tour dénoncé l’attaque. Les responsables militaires ont qualifié l’incident de « grave attaque terroriste », tandis que les ministres se sont abstenus de cette désignation et l’ont simplement condamné, la désignant plutôt comme un « acte de violence ».
Benjamin Netanyahu, Premier ministre par intérim, a qualifié l’attaque de « doublement criminelle ».
« Je condamne fermement les violences graves perpétrées contre une unité de la police des Frontières pendant la nuit. Les forces de sécurité nous protègent tous. Ces faits seraient à tout moment criminels, mais ils le sont doublement à l’heure où la police des Frontières et la police nous aident à lutter contre la crise du coronavirus », a déclaré Netanyahu.
Un feu de brousse provoqué par des cocktails Molotov lancés sur la police des Frontières, à proximité de l’implantation de Yitzhar, le 27 mars 2020. (Crédit : Police des Frontières)
Le ministre de la Défense par intérim, Naftali Bennett, a également dénoncé l’attaque, qui semblait survenir en réponse à une récente répression de la police des Frontières contre l’avant-poste illégal voisin de Kumi Uri. Bennett a affirmé donner aux forces de sécurité tout pouvoir afin de procéder à l’interpellation des responsables – une directive courante, mais rarement appliquée quand il s’agit d’attaques contre les troupes armées perpétrées par des Juifs israéliens.
« Honteux. L’acte de violence à Yitzhar est plus grave que tout. Je n’accepterai aucune manifestation de violence, en aucune circonstance et sous aucune condition, surtout pas lorsque les forces de sécurité protègent et défendent la sécurité d’Israël », a déclaré Bennett dans un communiqué.
« J’ai ordonné aux forces de sécurité d’agir de toutes les manières possibles afin de retrouver les criminels et les traduire en justice », a-t-il déclaré.
Yossi Dagan, chef du conseil régional de Samarie, a également dénoncé l’attaque, sans la qualifier de terroriste.
« L’ensemble des implantations, y compris moi-même, soutient l’armée et les gardes-frontières. Les habitants de Yitzhar rejettent totalement la violence et les attaques contre l’armée, la police des Frontières et les troupes de sécurité », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Alors que les politiciens se sont abstenus de qualifier l’attaque d’acte terroriste, l’armée et la police des Frontières l’ont explicitement décrite comme telle.

Le chef d’état-major, Aviv Kohavi, a dénoncé avec fureur le lancer des cocktails Molotov comme « une attaque terroriste des plus graves, qui viole les fondements de l’État et le sape ».
Le chef du Commandement central de l’armée, qui est responsable de la Cisjordanie, a également condamné l’attaque et identifié les responsables comme des membres de l’avant-poste de Kumi Ori.
« Alors que l’État d’Israël est confronté à un certain nombre de défis, y compris le coronavirus, un jeune criminel de la colline de Kumi Ori a choisi le chemin de la terreur et a lancé des cocktails Molotov sur les policiers aux Frontières en mission de sécurité dans la communauté de [Yitzhar] », a déclaré le major-général Nadav Padan.
« Il s’agit d’un incident des plus graves qui soit et qui aurait pu se conclure par des blessures physiques », a-t-il déclaré.
« Nous agirons avec détermination contre ces criminels. Je dénonce pleinement la violence de toutes sortes contre les civils, les policiers et les soldats », a ajouté Padan.
Un responsable de la sécurité, qui s’est adressé au Times of Israël sous couvert d’anonymat, a décrit l’attaque comme « une tentative de meurtre dans tous les sens du terme ».
Les forces de l’ordre quittaient Yitzhar après une opération dans la région visant à faire appliquer un ordre de fermeture autour de l’avant-poste de Kumi Ori, au sud-ouest de l’implantation.

La zone militaire fermée a été instaurée en octobre dernier, après une série d’attaques violentes menées contre les Palestiniens et les forces de l’ordre par des jeunes résidents de la région. Si l’on a pu observer un calme relatif depuis, la situation a dégénéré mercredi quand des résidents d’implantations ont affronté la police des Frontières, arrivée à Kumi Ori alors que des résidents tentaient d’y construire une synagogue.
Quatre Israéliens ont été arrêtés pour outrage à agent et violation d’une zone militaire fermée, selon laquelle seule la présence des sept familles qui y vivent officiellement est autorisée.
La majeure partie de l’avant-poste est située en Zone B de la Cisjordanie, qui est sous contrôle civil palestinien et ou les Israéliens ne sont pas autorisés à vivre, en vertu des accords d’Oslo.
Meir Ettinger, un résident d’Yitzhar et figure de l’activisme d’extrême-droite, fait partie des personnes arrêtées. Ettinger, petit-fils du défunt Meir Kahane, a un casier judiciaire faisant état d’actes terroristes. Il a été relâché dans la journée, tout comme les autres agresseurs.
En plus des attaques menées contre les forces de sécurité, des groupes de défense des droits civiques ont rapporté que les résidents du nord de la Cisjordanie ont également pris pour cible les Palestiniens de la région ces derniers jours.
Jeudi dernier, le groupe de veille Yesh Din a publié des photos d’un groupe de 15 résidents d’implantations armés et masqués descendant de la colline du nord de la Cisjordanie où se trouvait l’implantation démantelée de Homesh en train de lancer des pierres sur les Palestiniens du village voisin de Burqa. Bien qu’une plainte ait été déposée, une porte-parole des forces de l’ordre a déclaré ne pas être au courant de cet incident.

Un incident presque identique a eu lieu deux jours plus tôt, au cours duquel des résidents d’implantations étaient entrés dans le champ d’un fermier palestinien de Burqa, détruisant une clôture et endommageant ses cultures, selon Yesh Din. Les villageois qui ont vu la scène se dérouler sont arrivés pour aider le fermier, et un échange de jets de pierres s’en est suivi.
Les soldats israéliens sont arrivés sur les lieux et ont séparé les parties, ramenant les résidents d’implantation vers le sommet de la colline abandonnée. Le site appartient à un groupe de fermiers palestiniens qui, le mois dernier, ont reçu pour la première fois depuis l’évacuation de 2005 l’autorisation d’accéder à leurs terres. Cependant, une yeshiva nationaliste-religieuse radicale continue d’y opérer quotidiennement, sans que l’armée n’intervienne.
Des actes de violence – israélienne et palestinienne – ont été signalés dans un certain nombre d’endroits en Cisjordanie lundi et mardi, les auteurs refusant manifestement de respecter les directives de confinement.

Israël et l’Autorité palestinienne ont récemment renforcé les restrictions ces derniers jours afin de contenir la propagation du virus, en interdisant à la population de sortir, sauf pour des cas exceptionnels.
L’armée israélienne a également fait état d’une recrudescence des jets de pierres par des Palestiniens sur des véhicules israéliens roulant sur les routes de Cisjordanie.
À deux reprises la semaine dernière, les forces de sécurité ont tendu des embuscades à des points sensibles du nord de la Cisjordanie, tirant et blessant des Palestiniens qui jetaient des pierres, selon l’armée.