Netanyahu contrecarre les projets US de rallier des soutiens arabes pour un Gaza post-Hamas
Pour l’administration Biden, l’opposition d’Israël à ce que l'AP gouverne Gaza rétrécit le champ diplomatique permettant à Tsahal de continuer à se battre, même chez les pays du Golfe favorables à l'élimination du Hamas

Un responsable de l’administration et deux hauts diplomates arabes ont déclaré au Times of Israel que le refus du Premier ministre Benjamin Netanyahu d’envisager toute forme de retour de l’Autorité palestinienne (AP) dans la bande de Gaza sapait les efforts entrepris par les États-Unis pour rallier les pays arabes qui partagent les mêmes idées autour d’une stratégie de stabilisation de l’enclave côtière après la guerre entre Israël et le Hamas.
Le refus de Netanyahu de dire qui gouvernera Gaza si Israël réussit à renverser le Hamas, sans parler de ses messages contradictoires sur la question de savoir si l’armée israélienne réoccupera ou non la bande de Gaza, agissent comme des repoussoirs sur la Jordanie, l’Égypte, l’Arabie saoudite ou encore les Émirats arabes unis.
L’administration Biden estime que le soutien de ces pays sera nécessaire pour reconstruire et gérer la bande de Gaza pendant une période intérimaire, après-guerre, expliquent les trois responsables.
Mais en l’absence d’une stratégie d’après-guerre, les pays seront plus susceptibles de faire pression sur Israël pour qu’il cesse de se battre avant d’atteindre son objectif, qui est de renverser le Hamas. Sentant Netanyahu coincé par ses alliés de la coalition d’extrême droite, les États-Unis commenceraient à envisager l’opportunité d’un gouvernement plus modéré, estime un ancien responsable.
« Le parapluie diplomatique que les États-Unis et d’autres pays occidentaux fournissent à Israël pour qu’il continue à opérer à Gaza se rétrécit à mesure que le nombre de victimes civiles grandit », analyse un responsable de l’administration Biden sous couvert d’anonymat. « Le refus d’aller dans le sens de nos efforts – quand il ne s’agit pas de les entraver – rétrécit toujours plus la taille du parapluie. »
Samedi, Netanyahu a déclaré lors d’une conférence de presse qu’Israël s’opposerait au retour de l’Autorité palestinienne à Gaza après-guerre – objectif pourtant déclaré de Washington – et que l’évocation de la façon dont serait gouvernée la bande de Gaza après-guerre « ne viendra qu’après l’élimination du Hamas », reprenant une position qui exaspère l’administration Biden, favorable à l’élaboration de stratégies d’après-guerre dès maintenant.
Il a ajouté que l’armée resterait à Gaza « aussi longtemps que nécessaire » pour empêcher l’enclave d’être utilisée comme base d’attaques terroristes contre Israël.
« Le Hamas sera démilitarisé ; la bande de Gaza ne représentera plus aucune menace pour Israël et, aussi longtemps que nécessaire, l’armée israélienne contrôlera la sécurité de Gaza pour empêcher le terrorisme de s’y réinstaller ».
Un ambassadeur arabe, s’exprimant lui aussi sous couvert d’anonymat, a fait valoir que la fin de non-recevoir opposée par Netanyahu aux propositions de remettre une Autorité palestinienne plutôt modérée dans la bande de Gaza aurait pour effet de créer un vide, à Gaza, susceptible d’être comblé par des forces non moins radicales que le Hamas, avec le risque que la région soit encore plus déstabilisée.
Un second responsable arabe, diplomate de haut rang, semble lier la position de Netanyahu au récent rejet par le président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi d’une proposition du directeur de la CIA, William Burns, offrant au Caire de gérer la sécurité à Gaza pendant une période intérimaire, après-guerre.
Sissi aurait déclaré au chef de l’espionnage américain que l’Egypte refusait d’être complice de l’élimination du Hamas, qui a aidé à sécuriser la frontière de l’Egypte avec Gaza ces dernières années, et serait purement et simplement remplacé par des forces moins fiables, explique le haut diplomate, confirmant des informations avancées par le Wall Street Journal.
Au Caire comme dans d’autres capitales arabes se répand l’idée que Tsahal ne parviendra pas à éradiquer totalement le Hamas et que l’animosité créée par la guerre conduira à un regain d’instabilité, estime le haut diplomate arabe.

« Au-delà d’être un simple groupe de résistance armé, le Hamas est une idée, qui ne peut pas être vaincue uniquement par une armée », souligne le diplomate. « Si on continue de saper les alternatives non-violentes, Israël ne retirera rien de cette guerre. »
Le diplomate et le responsable de l’administration Biden ajoutent que les alliés arabes – actuels et potentiels – d’Israël ne sont en théorie pas opposés à la destitution du Hamas. Le groupe terroriste est une émanation des Frères musulmans, mouvement dont le populisme islamiste est considéré comme une menace par les monarchies arabes et l’homme fort de l’Égypte, Sissi.
Mais « la façon dont il est éradiqué est importante », assure le responsable américain, affirmant que même les régimes autoritaires du monde arabe ne pourront pas ignorer la colère de la population face à la mort de milliers de civils et à la destruction de Gaza.
Où en est le monde arabe ?
Les pays arabes, y compris les alliés d’Israël, ont publié des déclarations véhémentes condamnant l’offensive israélienne à Gaza et appelant à un cessez-le-feu qui laisserait le Hamas intact, mais le responsable de l’administration Biden explique qu’elles sont surtout destinées à apaiser l’opinion publique et que leurs positions réelles sont nettement plus nuancées.
Le haut diplomate arabe explique qu’aucun des pays signataires des accords d’Abraham – les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc – n’envisage pour l’heure de rompre ses relations diplomatiques avec Israël, expliquant que chacun avait pris la « décision stratégique » de créer des liens avec Israël de façon à promouvoir une région plus « intégrée et prospère ».
Toutefois, le diplomate reconnait qu’un incident faisant de très nombreuses victimes civiles à Gaza pourrait changer la donne, même parmi les amis les plus proches d’Israël dans le monde arabe.

L’Égypte et la Jordanie se trouvent elles dans une autre catégorie, étant donné que la rupture des liens avec Israël aurait des implications en matière de sécurité nationale pour les deux pays, qui dépendent de la coopération avec Israël pour garder leurs frontières communes calmes, explique le diplomate arabe.
Cependant, dans la mesure où Sissi fait actuellement campagne pour sa réélection et qu’une monarchie jordanienne déjà assiégée tente tant bien que mal de contenir une population majoritairement palestinienne, la ligne officielle du Caire et d’Amman contre Israël devrait continuer à se durcir, estime le diplomate.
Tous ajoutent que des mesures pourraient être prises en cas d’incident faisant de très nombreuses victimes à Gaza.
Selon l’ambassadeur arabe, l’Arabie saoudite n’a toujours pas fermé la porte aux tentatives américaines de négocier un accord de normalisation entre Ryad et Jérusalem, ajoutant que le royaume était mécontent que ses priorités en matière de sécurité nationale aient été bouleversées par le Hamas, lorsqu’il a perpétré les massacres du 7 octobre.
Selon une information, l’Arabie saoudite se serait jointe aux Émirats arabes unis, à Bahreïn, au Soudan, au Maroc, à la Mauritanie, à Djibouti, à la Jordanie et à l’Égypte pour empêcher l’ajout d’une clause appelant tous les pays à rompre leurs relations avec Israël, dans la déclaration conjointe publiée à l’issue d’une réunion de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique à Riyad, samedi dernier.
Par ailleurs, dans le cadre d’un éventuel accord de normalisation avec Ryad, une concession aux Palestiniens, précédemment présentée comme « significative », devra désormais être « encore plus significative » lorsque les pourparlers reprendront, explique l’ambassadeur, en raison du regain de sympathie du public pour la cause palestinienne, que le royaume du Golfe ne pourra ignorer.
Les déclarations arabes contribuent à faire pression sur Israël en faveur d’un cessez-le-feu, réduisant ainsi la marge de manœuvre dont il dispose pour mener à bien son offensive.
L’armée israélienne préfère travailler relativement lentement afin de limiter les pertes parmi ses forces ainsi que parmi les civils palestiniens, mais plus la guerre s’éternise, plus la laisse diplomatique se raccourcit, reconnait un responsable israélien.
Pour redonner de la marge de manœuvre diplomatique à Israël, il conviendrait d’envisager le retour d’une AP « réformée » dans la bande de Gaza, assure le responsable de l’administration Biden.
Très impopulaire, l’Autorité palestinienne a été chassée de Gaza lors d’un coup d’État sanglant du Hamas, en 2007, et son emprise sur certaines parties du nord de la Cisjordanie n’a pas cessé de s’affaiblir ces dernières années.
Selon le haut diplomate arabe, une grande partie du monde arabe ne se fait pas d’illusions sur la capacité actuelle de Ramallah à gouverner, mais l’Autorité palestinienne est malgré tout perçue comme la meilleure option – et aussi la plus réaliste -, à condition qu’Israël coopère.

Répéter les erreurs du passé
Netanyahu a catégoriquement refusé cette idée ce week-end en accusant l’Autorité palestinienne d’« élever ses enfants dans la haine d’Israël », reprochant à Ramallah sa politique de prestations sociales – qui passe par des allocations aux terroristes emprisonnés et aux familles des assaillants tués – et interpellant le président de l’AP Mahmoud Abbas pour ses propos sur le massacre du 7 octobre, qui condamnait certes l’attaque de civils mais sans évoquer le Hamas.
Selon une source israélienne proche du dossier, Netanyahu n’exclurait pas totalement le retour de l’Autorité palestinienne à Gaza, mais sous réserve que sa direction soit réformée de manière significative, de façon à inspirer confiance à Israël.
Netanyahu a agi conformément à ses propos, le 3 novembre, en se déclarant favorable à la rétention de 100 millions de shekels de recettes fiscales palestiniennes – alors que l’Autorité palestinienne est notoirement à court d’argent -, contre l’avis des États-Unis et de ses propres autorités militaires, convaincus que l’Autorité palestinienne est un partenaire dans le maintien de la stabilité en Cisjordanie et que contribuer à son effondrement risquerait d’ouvrir un front supplémentaire.
Les États-Unis tentent de convaincre Israël de tirer les leçons des erreurs commises par Washington après les attentats du 11 septembre 2001, qui ont conduit à l’enlisement des troupes américaines pendant plus d’une décennie au Moyen-Orient, après avoir envahi l’Irak et l’Afghanistan sans stratégie de sortie claire.

Des stratèges israéliens pensent que l’après-guerre à Gaza pourrait offrir des similitudes avec la zone B en Cisjordanie, sous contrôle civil palestinien et sécuritaire israélien, déclare le responsable israélien au Times of Israel.
Par ailleurs, les États-Unis se disent favorables à ce qu’une force internationale joue un rôle intérimaire dans la gestion de la sécurité de Gaza.
Mais aucun pays n’acceptera de fournir des troupes à une force intérimaire à Gaza après-guerre si elles sont constamment minées par l’armée israélienne, comme cela a été le cas avec les forces de sécurité de l’AP en Cisjordanie, affirme le haut diplomate arabe.
D’autres options ?
Netanyahu n’a pas expliqué comment cet engagement à maintenir un « contrôle global sur la sécurité » s’accorderait avec d’autres déclarations selon lesquelles Israël ne réoccuperait pas ou ne gouvernerait pas Gaza après la guerre.
En privé, l’administration Biden a demandé des éclaircissements aux services du Premier ministre, assure le second responsable américain, ajoutant que Netanyahu paraissait plus influencé par les préoccupations de ses partenaires de coalition d’extrême droite que par celles de l’administration Biden.

Reconnaissant que l’administration avait les mains liées par la coalition de Netanyahu, l’administration Biden envisagerait la possibilité de former un gouvernement plus modéré à Jérusalem, confie un ancien responsable américain proche de la question.
De très proches collaborateurs de Biden auraient organisé des réunions avec le ministre du Conseil de guerre Benny Gantz, rival politique de premier plan de Netanyahu, ainsi qu’avec le chef de l’opposition Yair Lapid et l’ex-Premier ministre Naftali Bennett.
Good meeting with @JakeSullivan46 and @brett_mcgurk re: war in Gaza, defeating Hamas and bringing home our hostages.
Also discussed other regional issues.I thanked them for @POTUS support for Israel at a tough moment. pic.twitter.com/331g0Miiyi
— Naftali Bennett נפתלי בנט (@naftalibennett) November 8, 2023
« Ils n’essaient pas de changer le gouvernement, mais ils sont conscients des mauvais résultats de Netanyahu dans les sondages », explique l’ancien responsable.
« Ils se heurtent de plus en plus à des impasses avec ce gouvernement, et tout leur programme régional est en jeu », ajoutent-ils.
« Nous ne ramasserons pas les pots cassés par Israël »
Même avant les propos tenus par le Premier ministre, samedi, l’administration Biden avait bien du mal à galvaniser ses alliés arabes.
Le Secrétaire d’État américain Antony Blinken a participé à un sommet ministériel, le week-end dernier à Amman, avec ses homologues de Jordanie, d’Égypte, d’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et du Qatar, qui accueillent favorablement l’idée d’un retour de l’Autorité palestinienne dans la bande de Gaza, même si cela implique pour eux de mettre à disposition des fonds ou des soldats pour la reconstruction et la gestion de l’enclave côtière pendant une période intérimaire après-guerre, jusqu’à ce que l’Autorité palestinienne soit prête à prendre la relève, explique le responsable de l’administration et l’ambassadeur arabe.
Blinken a tenté d’obtenir un certain degré de coopération de la part d’Israël lors de son passage à Tel Aviv, la veille, sans succès, ce qui a eu pour effet de torpiller ses efforts à Amman, déclare l’ambassadeur arabe.
« La réunion ne s’est pas bien passée », assène l’ambassadeur sans ambages.
Il est déjà assez difficile pour les voisins arabes d’Israël d’envisager des scénarios d’après-guerre alors que les combats à Gaza se poursuivent, étant donné la sympathie écrasante pour les Palestiniens dans les pays arabes, souligne l’ambassadeur. Le refus israélien a eu pour conséquence de bloquer les gouvernements arabes.
« Que se passera-t-il ensuite ? Comment envisager ce qui va se passer ? », a déclaré le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman al-Safadi, lors d’une conférence de presse enflammée aux côtés de M. Blinken et de son homologue égyptien Sameh Shoukry.
« Nous sommes loin d’avoir tous les éléments pour commencer à y penser… Il nous faut d’abord mettre de l’ordre dans nos priorités », a déclaré M. Safadi.

Les États-Unis souhaitaient profiter de ce sommet ministériel d’Amman pour publier une déclaration commune affirmant plusieurs principes tels que le soutien aux pauses humanitaires, à l’augmentation de l’aide humanitaire à Gaza et à la recherche d’une solution à deux États après la guerre, tout en s’opposant au déplacement des Palestiniens, à la réoccupation de Gaza et à la réduction du territoire de Gaza, affirme le responsable américain. Mais l’idée en a été refusée par une majorité des pays présents, qui ont estimé que ce n’était pas la bonne manière de faire.
Tant qu’Israël ne sera pas au clair sur sa propre stratégie d’après-guerre et pour dissiper les craintes de son opposition à un contrôle palestinien de la bande de Gaza, il ne sera pas possible d’obtenir des capitales arabes qu’elles soutiennent les propositions de Washington.
« Il sera déjà assez difficile de convaincre les États arabes d’assumer temporairement le fardeau, mais ils rejetteront d’emblée tout scénario qui ne conduirait pas finalement à l’autonomie palestinienne à Gaza », estime le responsable américain.

L’ambassadeur arabe rappelle la croyance populaire selon laquelle Netanyahu lui-même aurait joué un rôle dans le maintien du Hamas, de manière à garder l’Autorité palestinienne sous contrôle, notant que le gouvernement avait alors autorisé le transfert de dizaines de millions de dollars en espèces qataries à la bande de Gaza, sous la férule d’un groupe terroriste, tout en refusant de pareilles faveurs à l’Autorité palestinienne.
« Netanyahu a volontairement contribué à affaiblir l’Autorité palestinienne, tout en renforçant le Hamas », assure l’ambassadeur.
Netanyahu a démenti, samedi, affirmant avoir frappé durement le Hamas, et prenant à témoin quatre opérations militaires menées par Tsahal contre le groupe terroriste de Gaza ces dix dernières années.
« Nous les avons tondus comme le gazon, mais pas déracinés ; aujourd’hui, nous corrigeons cette erreur », a-t-il déclaré.
L’ambassadeur arabe n’est pas convaincu.
« Pour l’heure, il pense qu’Israël peut y parvenir seul. Mais bientôt, il fera appel à nous pour nettoyer ses dégâts », disent-ils. « Mais d’ici là, il sera peut-être trop tard. »
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