Netanyahu demande à Poutine de gracier la jeune Israélienne emprisonnée
La demande officielle cherche à faire libérer Naama Issachar, dont on pense qu'elle constitue une monnaie d'échange pour faire libérer un hacker russe recherché par les Etats-Unis
Mardi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a officiellement demandé que la Russie gracie la femme israélienne condamnée à une lourde peine de prison la semaine dernière pour un présumé « trafic de drogue ».
La demande de grâce pour Naama Issachar, qui a été soumise au nom de Netanyahu et du Président Reuven Rivlin, a été envoyée au président russe Vladimir Poutine, a déclaré le Bureau du Premier ministre.
Vendredi, Issachar, âgée de 26 ans, a été condamnée à sept ans et demi de prison. Elle est détenue depuis six mois en raison des 9,6 grammes de cannabis qui ont été retrouvés dans son sac lors d’une escale à Moscou, alors qu’elle rentrait en Israël après un voyage en Inde. Jérusalem a déclaré que la peine était totalement disproportionnée.
« Nous remercions le Premier ministre pour sa détermination en tant que chef d’Etat et pour sa compassion en tant que personne », a déclaré la famille d’Issachar en réponse à la demande de Netanyahu.
Ils ont également exprimé l’espoir que les liens proches entre Netanyahu et Poutine, qui se sont rencontrés à de nombreuses reprises ces dernières années, pourraient aider à la libération d’Issachar « dans les prochains jours, après avoir été inculpée pour un crime qu’elle n’a pas commis ».
Un porte-parole du Kremlin a déclaré lundi que Poutine examinera les demandes israéliennes de gracier Issachar une fois qu’elles auront été déposées par les canaux de communication officiels.
Issachar n’a pas démenti qu’il y avait 10 grammes de cannabis dans son sac, mais elle a affirmé qu’elle n’avait pas l’intention de passer le contrôle aux frontières russes et qu’il ne s’agissait donc pas de contrebande. Elle n’aurait pas eu accès à la drogue avant son arrivée en Israël.
La famille d’Issachar a fait appel de sa sentence. Son avocat a officiellement déposé sa requête lundi et présentera ses arguments dans la semaine. Mais les responsables israéliens estiment que l’issue de cet appel reste incertain dans la mesure où l’emprisonnement d’Issachar semble être une affaire politique impliquant l’extradition attendue d’un hacker russe vers les Etats-Unis, malgré les demandes de Moscou qui souhaite le voir extradé vers la Russie.
Tôt mardi, l’administration pénitentiaire israélienne a déclaré qu’Alexei Burkov, le pirate russe, avait été placé sous observation plus stricte dans la prison où il était détenu.
Burkov a été transféré vers une aile surveillée de la prison Nitzan à Ramle pour « s’assurer de son bien-être » et que la décision avait été prise après consultations avec des officiels des « ministères gouvernementaux compétents ».
L’administration pénitentiaire a également déclaré qu’il n’y avait pas d’indication que d’autres prisonniers avaient l’intention de faire du mal à Burkov ou qu’il voulait lui-même se faire du mal, soulignant qu’il s’agissait d’une mesure de précaution à la lumière des récents articles sur le détenu, selon le quotidien Haaretz.
Burkov, spécialiste des technologies de l’information arrêté en Israël en 2015 à la demande d’Interpol, est recherché aux Etats-Unis pour détournement de fonds dans le cadre d’une escroquerie massive au cours de laquelle il aurait volé des millions de dollars à des citoyens américains.
Les responsables israéliens estiment que le procès d’Issachar a été politique et qu’il a visé à contraindre Israël à accepter un échange de prisonniers : Burkov contre la jeune femme. La Russie aurait proposé cet échange entre les deux détenus, une offre refusée par l’Etat juif.
Son extradition aux Etats-Unis a été approuvée par la Cour suprême israélienne au mois d’août mais la Russie a déposé, elle aussi, une demande d’extradition, et les responsables de Moscou ont réclamé son retour dans le pays de manière répétée.
Il y a eu, ces derniers jours, des informations parues dans les médias israéliens qui ont laissé entendre que les officiels israéliens penseraient qu’il y a un lien entre Burkov et les renseignements russes.
La Treizième chaîne a également rapporté dimanche que cette hypothèse serait la plus partagée parmi les responsables au sein de l’Etat juif – même si elle n’a pas cité de source concernant cette affirmation. Elle a précisé que Burkov pourrait être lié aux efforts livrés par la Russie pour influencer les élections américaines.
Mais Burkov, dans un entretien à Treizième chaîne, a nié toute implication.