Netanyahu dément la “panique” après des coupes présumées de l’aide militaire américaine
La Maison Blanche s'oppose à un financement supplémentaire pour la défense antimissile d'Israël ; l'annonce a été accueillie avec déception par l'AIPAC
WASHINGTON – La Maison Blanche a déclaré mardi qu’elle s’opposait à une demande de la Chambre des représentants destinée à augmenter le financement de l’acquisition par Israël d’équipements de défense antimissiles, pour un montant supplémentaire de 455 millions de dollars au-dessus de la demande de budget de l’administration pour l’exercice 2017.
L’annonce a été accueillie avec déception par l’AIPAC, qui a souligné l’importance du financement supplémentaire.
Dans une longue lettre adressée mardi au Congrès, l’administration Obama a détaillé ses nombreuses objections à la version de la Chambre du projet de loi de crédits de défense pour l’exercice à venir.
L’administration a qualifié le texte proposé de tour de passe-passe budgétaire, se plaignant qu’il redirige des fonds destinés à l’effort de guerre à l’étranger à d’autres fins pour atteindre les objectifs de dépenses. Dans la lettre, l’administration déplore que la proposition de loi « ne parvienne pas à fournir à nos troupes les ressources nécessaires pour maintenir notre pays en sécurité ».
« A une époque où l’Etat islamique continue de menacer la patrie et nos alliés, la proposition de loi ne finance pas entièrement les opérations en temps de guerre », poursuit la lettre.
« Au lieu de cela, la proposition de loi redirige 16 milliards de dollars des fonds d’opérations de contingence d’outre-mer (OCO) vers des programmes budgétaires que le ministère de la Défense (DOD) n’a pas demandés, nuisant au financement des opérations de guerre en cours à mi-chemin de l’année. Non seulement cette approche est dangereuse, mais elle est également inutile. La proposition de loi achètera des structures de force excessives sans l’argent pour les soutenir, créant ainsi une structure de force creuse qui pourrait compromettre les efforts du DOD pour rétablir l’état de préparation ».
L’objection à l’augmentation de l’aide à Israël s’est produite alors même que l’administration critiquait « la réduction de 324 millions de dollars de la demande de budget de l’exercice 2017 pour les programmes de défense antimissile balistique des États-Unis ».
« Ces programmes sont nécessaires pour améliorer la fiabilité du système de défense antimissile et s’assurer que les États-Unis conservent leur avance sur la future menace des missiles balistiques », ont écrit les responsables de l’administration dans la missive envoyée au Congrès.
Sans tracer explicitement de parallèle, la phrase suivante de la lettre notait que « en outre, l’Administration s’oppose à l’ajout de 455 millions de dollars au-dessus de la demande de budget de l’exercice 2017 pour les marchés publics de défense antimissile et des programmes de développement coopératif avec Israël »
L’administration avait initialement demandé 103 835 millions de dollars pour des programmes de coopération avec Israël.
L’AIPAC a répondu à la lettre, en publiant une déclaration selon laquelle elle était « profondément déçue » que la déclaration de la politique de l’administration « ait critiqué le Congrès pour le financement de la coopération États-Unis-Israël de défense antimissile ».
« Sur une base bipartisane, le Congrès a augmenté le financement au-dessus des demandes d’administration cette année, comme il l’a fait depuis plus d’une décennie », a noté le lobby pro-israélien. « Ces programmes de coopération, dont l’Arrow, la Fronde de David, et le Dôme de fer sont cruciaux pour la défense d’Israël contre un nombre croissant de menaces de missiles et apportent une contribution importante aux programmes de défense antimissile des États-Unis ».
Ancien ambassadeur d’Israël à Washington, et actuellement député du parti Koulanou, Michael Oren semblait critiquer la position de l’administration et demander instamment à Israël de s’impliquer plus intimement dans la bataille entre le Congrès et le président sur le budget de la Défense.
« Le Congrès reflète la volonté du peuple américain et transcende les administrations », a écrit Oren dans un tweet énigmatique mercredi matin. « Israël ne devrait pas concéder au Congrès la capacité de nous aider ».
La version du Sénat de la proposition de loi sur la loi de finances ferait plus que quadrupler le financement demandé par l’administration pour la défense antimissile israélienne, recommandant un peu moins de 601 millions de dollars.
« Nous félicitons le Congrès pour son soutien systématiques de ces programmes clés, et demandons leur financement intégral dans les lois de l’exercice 2016 », a conclu la réponse de l’AIPAC.
Le Sénat a adopté mardi sa propre version du National Defense Authorization Act. Contrairement à la version de la Chambre, celle du Sénat, qui jouit d’un large soutien démocratique, suffisant pour surmonter un veto présidentiel, ne subventionne pas les dépenses supplémentaires par le biais du compte des fonds d’opérations de contingence d’outre-mer.
Prenant la parole devant le Sénat la semaine dernière au cours du débat sur le National Defense Authorization Act, le sénateur Ted Cruz avait critiqué le faible niveau de financement demandé par l’administration pour la défense antimissile.
« Cela a été un partenariat permanent entre Israël et les États-Unis d’Amérique, et cependant, malheureusement, l’administration Obama, dans sa demande présentée au Congrès, a réduit à zéro l’acquisition de Fronde de David ainsi que d’Arrow 2 et 3, les éléments essentiels de la défense antimissile israélienne », a déploré Cruz. « Ceci à un moment où les menaces augmentent ; l’administration a décidé que zéro était le niveau approprié ».
Dans une proposition de loi parallèle, National Defense Authorization Bill, adoptée par la Chambre, les représentants ont autorisé un total de 600,8 millions de dollars de programmes de défense anti-missiles pour Israël.
L’AIPAC a salué ce vote, qui comprenait 268,8 millions de dollars pour la recherche et le développement du financement des programmes de coopération américano-israélienne de défense antimissile ; 62 millions de dollars pour l’acquisition du système de défense de roquettes Dôme de fer ; 150 millions de dollars pour l’acquisition du système de défense antimissile Fronde de David ; et 120 millions de dollars pour l’acquisition du système de défense anti missile Arrow 3.
À l’époque, l’AIPAC « avait appelé à l’inclusion de ces fonds vitaux dans les versions finales de l’exercice 2017 des budgets de défense ».
La Chambre et le Sénat vont maintenant présenter leurs différentes versions de propositions de budget de la défense à la Conférence, où sera rédigée une version de compromis de chaque proposition de loi. Le processus de cette année devrait prendre beaucoup de temps étant donné les importantes différences dans les versions que la Chambre et le Sénat proposent pour financer les dépenses militaires.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a démenti mercredi la « panique » après des informations relayées dans la presse annonçant que le gouvernement américain refusait d’augmenter l’aide financière au système de défense antimissile israélien.
« Les tentatives de transformer ce dialogue avec les Etats-Unis en outil de politique intérieure israélienne sont inappropriées, et aucune expression de panique n’est justifiée », a déclaré son bureau dans un communiqué.
Tout en ne démentant pas ces informations, ce qui a mené les politiciens de l’opposition à critiquer sévèrement Netanyahu, le communiqué du bureau du Premier ministre souligne que l’aide américaine pour le système antimissile protégeant Israël non seulement ne sera pas coupée, mais sera augmentée.
Le chef de l’opposition israélienne Isaac Herzog a accusé mercredi le Premier ministre Benjamin Netanyahu de mettre en danger la sécurité d’Israël après cette déclaration du président américain Barack Obama qui a annoncé son opposition à l’augmentation de l’aide militaire américaine.
Herzog a critiqué sur sa page Facebook la manière dont le Premier ministre avait mené les négociations.
« Nous perdons une partie importante de l’aide à la défense en raison des jeux d’ego de Netanyahu », a-t-il écrit.
« Si Israël est dépourvu de système de défense aérien lors de la prochaine guerre, nous pourrons mettre sur pied une commission d’enquête sur la façon dont Netanyahu prend ses décisions concernant la sécurité d’Israël », a-t-il ajouté.
Malgré de « multiples articles trompeurs », a déclaré le bureau du Premier ministre, « il n’y a pas de coupe dans l’aide américaine ». Mais plutôt un « débat interne » entre le Congrès et la Maison Blanche sur l’ampleur de l’augmentation annuelle au programme de défense antimissile américain.
Netanyahu a cherché à ancrer cette aide supplémentaire dans le cadre des négociations en cours sur l’extension pour 10 ans du protocole d’accord entre les Etats-Unis et Israël, qui régule l’aide militaire américaine à Israël, est-il écrit dans le communiqué.
« Non seulement l’aide militaire pour la défense antimissile ne sera pas coupée, mais elle sera accrue. »
L’AFP a contribué à cet article.