Netanyahu dit qu’Israël n’exclut pas d’éliminer Khamenei
Le Premier ministre a comparé le programme nucléaire de Téhéran à un "cancer" et affirmé que d'autres sites frappés par Israël en Iran seront bientôt révélés

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu n’a pas exclu lundi de prendre pour cible le guide suprême iranien Ali Khamenei. Il a laissé entendre que ce serait un moyen infaillible « de mettre un terme au conflit » avec la république islamique.
Alors qu’il lui était demandé, à l’occasion d’une interview accordée à ABC News, si le président américain Donald Trump avait vraiment opposé son veto à un projet d’assassinat de l’ayatollah par crainte qu’une telle initiative ne vienne encore aggraver les combats entre les deux pays, Netanyahu a fait preuve d’un certain dédain.
« Cela n’entraînerait pas une escalade, cela y mettrait un terme », a-t-il répondu.
« Nous avons connu, pendant un demi-siècle, un conflit qui a été propagé par ce régime, un régime qui terrorise tout le monde au Moyen-Orient », a ajouté le Premier ministre. « La ‘guerre éternelle’, c’est ce que veut l’Iran, et les Iraniens nous amènent au bord de la guerre nucléaire. »
EXCLUSIVE: Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu doesn't rule out eliminating Iran's supreme leader in an ABC News interview. https://t.co/JfG1cipS7U pic.twitter.com/AJOX08AJcy
— ABC News (@ABC) June 16, 2025
« En fait, ce que fait Israël, c’est empêcher cela, c’est mettre enfin un terme à cette agression et nous ne pouvons le faire qu’en résistant aux forces du mal », a-t-il indiqué.
Netanyahu n’a pas révélé si Israël s’en prendrait réellement à Khamenei, se contentant de dire que « nous faisons ce que nous avons à faire ».
Dimanche, plusieurs grands médias ont signalé qu’Israël avait eu vendredi une opportunité d’assassiner Khamenei, mais que le président américain Donald Trump s’y était opposé. Les responsables israéliens ont, pour leur part, évoqué des « fake news ».
Netanyahu a expliqué, lundi, que les Américains devraient être profondément inquiets face aux efforts livrés par Téhéran dans le développement potentiel d’une arme nucléaire, et qu’ils devraient également rester attentifs face aux capacités balistiques de la république islamique, qui sont de plus en plus fortes.
« Aujourd’hui, c’est Tel Aviv et demain, ce sera New York », a prédit Netanyahu – des propos qui ont semblé être un appel du pied en direction de certains des responsables politiques les plus isolationnistes des États-Unis.
« Je comprends parfaitement le slogan ‘America First’, » a-t-il affirmé. « Je ne comprends pas, en revanche, le slogan ‘America dead’. »
« Nous ne faisons pas seulement que combattre notre ennemi. Nous combattons votre ennemi. Pour l’amour de Dieu, ces gens scandent ‘Mort à Israël, mort à l’Amérique’. Nous ne faisons que nous interposer. Et tout cela pourrait bientôt atteindre l’Amérique. »
L’interview qui a été accordée à ABC News a été la deuxième à avoir été donnée par Netanyahu à un média américain en l’espace de quarante-huit heures. Elle a eu lieu peu avant la diffusion d’une conférence de presse préenregistrée en Israël qui a été diffusée sur internet.
EXCLUSIVE: Israeli PM Netanyahu said that it's in America's interest to support Israel as it seeks to eliminate Iran's nuclear program.
"Today, it's Tel Aviv. Tomorrow, it's New York. Look, I understand 'America First'. I don't understand 'America Dead'." https://t.co/ngAybEUiUl pic.twitter.com/3Km70OUiyL
— ABC News (@ABC) June 16, 2025
« Nous avons frappé d’autres sites dont vous entendrez parler bientôt »
Lors de la conférence de presse qui a suivi, dans la journée de lundi, le Premier ministre a présenté en hébreu les résultats obtenus jusqu’à présent par Israël dans sa campagne contre les programmes nucléaire et balistique de l’Iran – une campagne qui a débuté vendredi à l’aube.
Il a déclaré qu’Israël avait jusqu’à présent tué dix scientifiques nucléaires de premier plan. « Notre bras est toujours tendu, prêt à frapper », a-t-il promis. « Il en reste quelques-uns, nous les aurons ».
Il a déclaré qu’Israël avait porté « un coup extrêmement sévère au site d’enrichissement d’uranium de Natanz » et que l’armée de l’air a « détruit des usines de fabrication de centrifugeuses ».
« Nous continuons à détruire systématiquement les cibles nucléaires », a-t-il affirmé.
Netanyahu a ensuite évoqué les missiles balistiques iraniens. 350 environ ont été tirés sur Israël depuis vendredi.
« Nous avons frappé et nous continuons de frapper les usines de production les unes après les autres », a-t-il noté en lisant une liste qu’il tenait à la main. Il a ajouté qu’Israël avait détruit « des centaines de missiles balistiques » et que le pays détruisait les lanceurs « un par un ».

Il a affirmé qu’Israël a « éliminé les dirigeants chargés des services iraniens de la sécurité, y compris trois chefs d’état-major », et il a pris un nouvel engagement : « Nous les éliminerons un par un ».
Le Premier ministre a souligné qu’Israël contrôlait le ciel de Téhéran et que les avions de chasse ont « ouvert une autoroute aérienne vers Téhéran ».
Israël a « tout simplement éliminé » le réseau des systèmes de défense antiaérienne dans l’ouest de l’Iran et dans d’autres régions du pays, s’est vanté le Premier ministre.
La moitié des drones iraniens ont été détruits par Israël, qui a également frappé les principaux systèmes radar, a continué le Premier ministre israélien.
Israël a attaqué des sites symboliques du régime, des quartiers-généraux, la chaîne de télévision gouvernementale « et d’autres sites dont vous entendrez bientôt parler », a-t-il continué.
« Nous évacuons la population », a-t-il souligné, « et la population s’en va ».

« Nous sommes sur le chemin de la victoire », a-t-il promis. « Et c’est quelque chose que l’Iran comprend également ».
Énumérant les objectifs poursuivis par l’offensive israélienne en Iran, Netanyahu a précisé qu’il insistait sur « trois résultats principaux : la destruction du programme nucléaire, la destruction des capacités de production de missiles balistiques et la destruction de l’axe du terrorisme ».
La destruction du réseau de supplétifs de l’Iran n’avait pas été mentionnée par le Premier ministre israélien lorsqu’il s’était adressé pour la première fois au public dans le sillage du lancement des hostilités par Israël, la semaine dernière. Il avait alors déclaré que les buts à atteindre, pour l’État juif, étaient uniquement d’éliminer les programmes nucléaires et balistiques de l’Iran.
Le Conseiller à la sécurité nationale Tzachi Hanegbi a, pour sa part, fait savoir dans la journée de samedi que les objectifs de l’opération menée à l’encontre de l’Iran – des objectifs qui ont été approuvés par le cabinet – étaient quadruples : frapper le programme nucléaire iranien, attaquer les capacités de Téhéran en matière de missiles balistiques, attaquer sa capacité à détruire Israël par une attaque terrestre et créer les conditions nécessaires pour déjouer à long-terme le programme nucléaire iranien, en utilisant des moyens diplomatiques.
Concernant les trois objectifs qui ont été énumérés lundi par Netanyahu, ce dernier a déclaré : « Nous ferons le nécessaire pour les atteindre [tous]. Et nous sommes en coordination avec les États-Unis ».
Il a reconnu que le régime iranien pourrait tomber dans la foulée, ajoutant qu’Israël était en train de changer le visage du Moyen-Orient.

Netanyahu et Trump figurent tous deux sur la liste des personnes à abattre de l’Iran
Répondant aux questions de la presse, Netanyahu a déclaré qu’il n’était « pas surpris » que l’Iran appelle, semble-t-il, à des négociations pour mettre un terme aux attaques d’Israël, car « les Iraniens veulent relancer la production de leurs armes de mort ».
D’une manière ou d’une autre, les programmes nucléaires et balistiques de l’Iran seront détruits – mais le régime iranien est libre de les détruire lui-même, a noté Netanyahu.
Toutefois, alors même que le régime de Téhéran négociait avec les États-Unis, le « dictateur » Khamenei « tweetait qu’Israël serait détruit », a-t-il fait remarquer.
Israël ne se laissera pas leurrer par les intentions de l’Iran, a affirmé le Premier ministre. Ce qui compte, ce sont les « résultats », a-t-il dit avec conviction.
Interrogé sur le manque apparent de soutien de la part des alliés d’Israël concernant la nécessité de contrecarrer les attaques iraniennes aux missiles, Netanyahu a répondu qu’ils avaient néanmoins témoigné d’une certaine « bonne volonté » pour aider l’État juif.
Il a également maintenu qu’il y avait un soutien apporté en coulisses par d’autres alliés – faisant remarquer que l’opinion publique américaine soutient largement aujourd’hui l’opération menée par l’État juif.

Netanyahu a également révélé qu’il s’était entretenu avec le président américain Donald Trump presque tous les jours depuis le début du conflit. Il a déclaré que Trump « décidera de ce qui est bon pour l’Amérique [mais que] nous accepterons toutes les aides possibles ».
Il a souligné que Trump « partage l’objectif qui consiste à priver l’Iran de l’arme nucléaire et de toute capacité d’enrichissement, car s’il y a une capacité d’enrichissement de l’uranium alors il y a une capacité nucléaire.
« Et cet objectif sera atteint », a-t-il assuré.
Le Premier ministre a souligné que le régime iranien avait tenté d’assassiner Trump et lui-même et que la république islamique avait tué des milliers de soldats américains à travers le monde.
Il a affirmé que Téhéran avait l’intention de fournir des armes nucléaires aux rebelles houthis au Yémen, ainsi qu’à d’autres mandataires, dans le but de pouvoir représenter une menace pour le monde entier.
Il a également expliqué qu’il ne laisserait pas la république islamique détruire 3 500 ans d’Histoire juive. « Ce qui sera détruit, c’est leur Histoire », a-t-il asséné.

Faire reculer un « cancer »
Alors qu’il lui était demandé si Israël était en capacité de détruire le programme nucléaire iranien sans attaquer le site de Fordo et sans un soutien plus actif des États-Unis, il a répété qu’Israël est « déterminé à éliminer » la menace nucléaire iranienne, qu’il a qualifiée de danger « existentiel ».
« Nous le faisons et nous n’y renoncerons pas », a-t-il dit.
Dans quelle mesure l’État juif est-il parvenu à retarder les avancées de l’Iran vers la bombe atomique ?… A cette question, le Premier ministre a répondu : « Nous leur faisons perdre beaucoup de temps… et nous n’allons pas nous arrêter là ».
Il a comparé le programme nucléaire iranien à un « cancer », affirmant que « quand vous avez un cancer qui menace de vous tuer, on vous l’enlève. On suit également d’autres traitements et il se peut qu’il revienne un jour… Nous sommes véritablement en train de procéder à un traitement radical ».
Le même terme a été utilisé par les responsables iraniens pour décrire Israël.
« Il est midi. Et il n’y aura jamais de 13 heures », a averti Netanyahu, qui a indiqué qu’Israël fait « ce qu’un peuple qui cherche à vivre doit faire ».
Alors qu’il lui était demandé pourquoi l’armée de l’air avait pris pour cible le bâtiment de la télévision d’État iranienne, dans la journée de lundi, le journaliste soulignant le fait qu’une telle attaque exposait à d’éventuelles représailles les médias israéliens, Netanyahu a répondu qu’Israël « agit contre des cibles du régime… Ce n’est pas une chaîne de télévision. Ce n’est pas une chaîne d’information. C’est l’outil d’un régime totalitaire qui cache la réalité aux citoyens de Téhéran et d’Iran ».

Cela a été une bonne chose de bloquer cette chaîne de propagande et de permettre aux Iraniens d’obtenir des informations véridiques, a-t-il déclaré.
« Les dirigeants iraniens sous-estiment la résilience d’Israël et ils tentent de cacher leur faiblesse au peuple iranien. Ils ont très peur de nous, mais savez-vous de quoi ils ont encore plus peur ? Du peuple iranien », a-t-il fait remarquer.
S’attachant à établir un lien entre le conflit iranien et la guerre à Gaza, Netanyahu a dit que l’offensive israélienne menée à l’encontre de l’Iran pourrait aider à débloquer les négociations sur la question de la remise en liberté des otages qui sont encore conservés en détention par le Hamas, des pourparlers qui sont toujours au point mort.
Il a indiqué qu’Israël attendait la réponse du Hamas concernant son positionnement actuel sur les otages, révélant qu’il avait récemment accordé un « mandat plus large » aux négociateurs israéliens. Il n’a pas donné plus de détails.
« Il est évident que si l’Iran tombe – ou si, tout du moins, cette menace disparaît – je pense que cela pourrait changer le monde ou, en tout cas, je pense que cela changera très certainement la situation en ce qui concerne les mandataires qui évoluent dans notre voisinage », a-t-il dit, faisant apparemment référence au Hamas.