Israël en guerre - Jour 366

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Netanyahu fustigé pour avoir rejeté la responsabilité du 7 octobre sur les réservistes

Les dirigeants des partis d'opposition reprochent au Premier ministre de ne pas assumer, voire de faire porter les responsabilités des manquements à d'autres

Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.

Le chef de l'opposition Yaïr Lapid lors d'une conférence de presse, à Tel Aviv, le 26 octobre 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)
Le chef de l'opposition Yaïr Lapid lors d'une conférence de presse, à Tel Aviv, le 26 octobre 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Les dirigeants des partis d’opposition ont reproché lundi au Premier ministre Benjamin Netanyahu de continuer à détourner le blâme pour l’échec d’Israël à empêcher l’assaut sans précédent du groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre/ Le Premier ministre aurait suggéré que les protestations des soldats réservistes contre sa coalition plus tôt cette année pourraient avoir été un facteur dans la décision du groupe terroriste de lancer son assaut brutal.

« À chaque fois, il fait la même chose : il tweete puis efface, il le dit puis le nie. C’est sa méthode », a déclaré le chef de l’opposition Yaïr Lapid au début de la réunion de faction de son parti Yesh Atid à la Knesset.

« Sauf que cette fois-ci, cela ne marchera pas pour lui. Je dis à Netanyahu que nous ne vous laisserons pas mener cette discussion unilatérale « , a-t-il poursuivi, ajoutant que son parti n’avait initialement pas l’intention de jouer au jeu des reproches en temps de guerre.

Le chef du parti Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, et la cheffe du parti Avoda, Merav Michaeli, sont allés plus loin dans leurs critiques, appelant Netanyahu à démissionner.

Lors d’une conférence de presse hors caméra dimanche soir, Netanyahu a établi un lien entre le mouvement de protestation des réservistes – au cours duquel des milliers de réservistes ont menacé de refuser de se présenter au travail volontaire si le gouvernement faisait avancer ses projets de loi très controversés sur la refonte du système judiciaire – et la décision du Hamas de lancer son attaque du 7 octobre, selon certains médias israéliens, ce que le Premier ministre a démenti.

Si cela est vrai, ce serait la deuxième fois que Netanyahu rejette la responsabilité des principaux échecs en matière de renseignement et d’opérations sur les membres de l’establishment de la Défense et de la Sécurité, après des propos antérieurs qui laissaient entendre que la responsabilité incombait aux chefs des services de renseignement israéliens. Netanyahu n’a pas rejoint la longue liste d’autres hauts fonctionnaires qui ont reconnu leur propre responsabilité dans ce grave échec stratégique.

Dirigeant ses remarques vers le Premier ministre lundi, Lapid a déclaré que Netanyahu devrait « arrêter ça ».

« Au lieu de calomnier nos meilleurs combattants et civils la nuit, concentrez-vous sur ce qui compte : libérer les otages, vaincre le Hamas, [et] améliorer les performances honteuses de votre gouvernement au nom des citoyens d’Israël », a ajouté Lapid.

Le chef du parti Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, tenant une réunion de faction, à la Knesset, le 16 octobre 2023. (Crédit : Noam Revkin Fenton/FLASH90)

Liberman a attaqué Netanyahu pour sa politique « ratée » à l’égard de Gaza. Il a comparé la stratégie passée de Netanyahu, qui consistait à utiliser des incitations économiques pour contenir les hostilités du Hamas, à la stratégie d’apaisement du Royaume-Uni à l’égard de l’expansionnisme nazi, qui s’est soldée par un échec.

Rappelant que le Premier ministre britannique de l’époque, Neville Chamberlain, avait cédé sa place à Winston Churchill, Liberman a déclaré qu’il s’attendait à ce que Netanyahu démissionne. Il a ajouté qu’au lieu d’assumer la responsabilité de l’échec de cette stratégie, Netanyahu essayait « d’en faire porter la responsabilité à quelqu’un d’autre ».

Michaeli a également réitéré son appel à la démission, déclarant que « Netanyahu a déjà prouvé, à maintes reprises, qu’il est prêt à nuire aux intérêts vitaux de l’État d’Israël au nom de sa survie personnelle. »

Plus précisément, elle a déclaré que le Premier ministre est redevable aux extrémistes politiques qui sont nécessaires pour consolider sa coalition. Avant la guerre, Netanyahu détenait une mince majorité de 64 sièges à la Knesset, qui en compte 120 au total. Le parti de Benny Gantz, HaMahane HaMamlahti a rejoint son gouvernement d’urgence et Netanyahu a ajouté ses 12 députés à sa coalition de guerre.

Michaeli a répété son appel à la démission de Netanyahu et a affirmé qu’il était dépendant d’extrémistes, dont le ministre des Finances Bezalel Smotrich.

« Netanyahu, qui a de nouveau incité contre les réservistes et les pilotes hier, sait que sans les ‘messianistes’, dont Smotrich, il n’a pas 64 [sièges de coalition] et son gouvernement tombera », a-t-elle affirmé.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’exprimant lors d’une conférence de presse, au ministère de la Défense, à Tel Aviv, le 28 octobre 2023. (Crédit : Dana Kopel/POOL)

« C’est pourquoi il nous vend tous aux messianistes, au risque d’ouvrir un troisième front en Cisjordanie et de tuer inutilement des soldats et des civils. »

Lundi, Smotrich a publié une lettre proposant des zones de sécurité stériles en Cisjordanie, vraisemblablement sans Palestiniens, afin de protéger les résidents juifs, que le gouvernement a, selon lui, abandonnés. La violence des résidents d’implantations à l’encontre des Palestiniens s’est intensifiée pendant la guerre et le gouvernement a été critiqué, y compris par les États-Unis, pour ne pas avoir réussi à la juguler.

Mais la Cisjordanie n’est pas le seul front chancelant d’Israël, en plus de la principale zone de guerre à Gaza. Alors que le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah et Israël n’ont pas officiellement déclaré que leurs hostilités actuelles étaient une guerre active, les habitants du nord d’Israël sont de plus en plus nombreux à l’appeler ainsi.

Liberman a également déclaré que le gouvernement devait intervenir plus fermement contre les attaques du Hezbollah dans le nord, estimant que la politique actuelle de riposte contrôlée d’Israël était insuffisante.

La cheffe du parti Avoda Merav Michaeli rendant visite aux familles des Israéliens pris en otage par le Hamas à Gaza, lors d’une manifestation devant le ministère de la Défense , à Tel Aviv, le 14 octobre 2023. Crédit : Tomer Neuberg/FLASH90)

« Nous devons changer de politique. Nous ne pouvons pas nous contenter de réagir », a déclaré le chef du parti d’opposition, estimant que le mode de pensée actuel du cabinet de guerre était obsolète.

« J’espère que personne n’envisage de tolérer les tirs des Houthis depuis le Yémen en direction d’Israël », a ajouté Liberman.

Liberman, Lapid, la députée Efrat Rayten (Avoda) et le chef du Shas, Aryeh Deri, devaient rencontrer plus tard dans la journée de lundi des représentants des familles des plus de 240 otages actuellement détenus à Gaza.

Avant la réunion, Michaeli a déclaré qu’Israël devrait faire du retour des otages enlevés par le Hamas le 7 octobre son « objectif suprême ».

S’exprimant au début de la réunion de faction de son parti à la Knesset, à laquelle assistaient des représentants des familles d’otages, Michaeli a déclaré que le gouvernement donnait la priorité à la victoire sur le Hamas, et qu’il y avait « le sentiment qu’il n’était pas certain que nous fassions des efforts pour que cela [le retour des otages] se produise ».

Michaeli a également déclaré qu’un mois après le début de la guerre, le cabinet devrait commencer à discuter d’un plan pour le lendemain de la victoire. Les États-Unis auraient exprimé leur inquiétude quant à l’absence de réponses d’Israël sur la manière dont la bande de Gaza serait gouvernée si Israël parvenait à éradiquer ses dirigeants terroristes actuels.

« Nous devons travailler main dans la main avec les États-Unis, l’Europe, l’Égypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite et l’Autorité palestinienne pour formuler un cadre qui permettra à Israël de quitter la bande de Gaza lorsque celle-ci sera démilitarisée et que le Hamas ne sera pas en mesure de s’y réinstaller », a suggéré Michaeli

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