Israël en guerre - Jour 500

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Analyse

Netanyahu haïssait la politique de George H.W. Bush. C’est aujourd’hui la sienne

Et l'Administration Bush le lui rendait bien - James Baker, le secrétaire d'État, le fit bannir du Département d'État

Le Premier ministre Yitzhak Shamir, à gauche, avec Benjamin Netanyahu, membre de la délégation israélienne, avant l'ouverture de la conférence sur la paix au Moyen-Orient de Madrid, le 30 octobre 1991 (Crédit : AP Photo/Denis Paquin)
Le Premier ministre Yitzhak Shamir, à gauche, avec Benjamin Netanyahu, membre de la délégation israélienne, avant l'ouverture de la conférence sur la paix au Moyen-Orient de Madrid, le 30 octobre 1991 (Crédit : AP Photo/Denis Paquin)

WASHINGTON (JTA) — Lorsqu’un président meurt, il est courant de mettre de côté les rancœurs latentes pour mettre en lumière l’intégralité de son bilan. Ce fut le cas lorsque le Premier ministre Benjamin Netanyahu rendit hommage à George Herbert Walker Bush, décédé la semaine dernière à l’âge de 94 ans.

Malgré la relation tendue de l’ancien président avec Israël, fait marquant de son unique mandat, le Premier ministre fit l’éloge de ses actions, lesquelles il rejetait à l’époque avec virulence.

« Nous, Israéliens, n’oublierons jamais son engagement pour défendre Israël, sa victoire décisive sur Saddam Hussein, son rôle important dans la libération des Juifs d’URSS, son soutien au sauvetage de ceux d’Éthiopie, ainsi que ses efforts pour faire avancer la paix au Moyen-Orient lors de la conférence pour la paix de Madrid, » a affirmé Netanyahu en ouverture du conseil des Ministres le lendemain de l’annonce de la mort du président.

Ministre adjoint aux Affaires étrangères durant la plupart du mandat de Bush de 1989 à 1993, Netanyahu était opposé à deux points du plan Bush dont il chante aujourd’hui les louanges : sa gestion de la première guerre du Golfe et ses exigences envers Israël à la suite de la conférence de Madrid. Son opposition d’alors au processus de paix lui valut d’être interdit d’accès au département d’État américain.

L’enthousiasme qu’il a exprimé cette semaine pour ces pourparlers ne relève pas, néanmoins, d’une hypocrisie de courtoisie mais constitue plutôt le signe de son évolution. Cet engouement est en fait révélateur de son approche actuelle du processus de paix.

Au sein du gouvernement d’Yitzhak Shamir, il était le plus fervent opposant à la demande de l’administration Bush de ne pas réagir en cas de provocation du pays par Saddam Hussein, après la promesse de Bush de chasser le dirigeant irakien du Koweït. Netanyahu avait alors affirmé qu’Israël riposterait « sans aucun doute ».

Un soldat israélien se préparent à entrer dans un immeuble où un scud irakien est tombé, à Tel Aviv, le 22 janvier 1991. (Crédit : AP Photo/Max Nash)

Après l’entrée en guerre des forces américaines et le lancement de missiles sur Tel-Aviv par le dictateur irakien, Shamir décida de suivre la demande de Bush, qui le remercia plus tard pour sa retenue.

La position de Netanyahu fut quelque peu justifiée lorsque des analystes militaires israéliens en vinrent à croire que la réticence à la riposte lors de la guerre du Golfe encouragea le Hezbollah à frapper des cibles israéliennes dans les années qui suivirent.

Bush tira profit de la victoire américaine sur Saddam pour convaincre Shamir d’envoyer une délégation à la conférence de Madrid. Shamir était si opposé à ce projet de négociations qu’il écarta son ministre des Affaires étrangères en poste, lequel était ouvert aux pourparlers, pour placer sur le devant de la scène Netanyahu, qui s’affichait comme un critique incessant de ces négociations mais également des espoirs de paix qu’elles semblaient promettre.

Agacé par ce qu’il percevait comme une obstruction de la part de Netanyahu, James Baker, le secrétaire d’État de Bush, le fit bannir du Département d’État.

George Bush et Mikhail Gorbatchev à la Conférence de paix de Madrid, en 1991. (Crédot : Pascal Le Segretain/Sygma via Getty Images)

La conférence de Madrid donna naissance au processus d’Oslo, qui marqua le début des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens.

Pour l’actuel Premier ministre israélien, les accords d’Oslo étaient une erreur car ils promettaient le transfert de territoires cruciaux à une entité dont Israël doutait de la volonté à garantir la sécurité. Netanyahu bâtit l’essentiel du reste de sa carrière politique sur cet argument, qui contribua à le faire élire quatre fois au poste de Premier ministre.

À l’inverse, depuis quelques années, il défend l’idée d’une paix multilatérale incluant tous les acteurs arabes de la région, s’appuie sur l’Arabie Saoudite pour inclure d’autres pays dans le processus et se dirige vers un plan de statut final via une coopération régionale.

D’après Netanyahu, les Palestiniens n’ont, en effet, pas le pouvoir d’empêcher l’avancée de négociations israélo-arabes.

Si cela paraît familier, c’est normal : Bush père suggérait à l’époque quelque chose d’assez similaire. « Ce que nous envisageons, c’est un processus de négociations directes suivant deux axes – l’un entre Israël et les états arabes, l’autre entre Israël et les Palestiniens », déclara Bush en ouverture de le conférence de Madrid le 30 octobre 1991.

« Cette conférence ne peut pas imposer de décision à ses participants ou opposer de veto à des accords. »

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