Netanyahu : le « but suprême » de la guerre est la victoire, et non le retour des otages
« Nous voulons ramener les vivants et les morts. C'est un objectif très important, mais il y a un objectif supérieur. L'objectif suprême est la victoire sur nos ennemis, et nous y parviendrons », a déclaré le Premier ministre

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé jeudi que la « victoire » sur le Hamas, et non le retour des otages, constituait l’objectif suprême de la guerre à Gaza, une déclaration qui a suscité la colère des familles des captifs.
Cette prise de position intervient alors que ces dernières accusent le chef du gouvernement d’entraver un possible accord de trêve incluant la libération des otages, et de leur dissimuler des informations sur le sort des 59 personnes encore détenues à Gaza.
« Nous avons de nombreux objectifs dans cette guerre. Nous voulons ramener tous nos otages à la maison, nous avons ramené jusqu’à présent 147 vivants, et 196 au total », a déclaré Netanyahu dans son allocution au concours biblique annuel à Jérusalem annuellement organisé à Yom HaAtsmaout.
« Il reste 24 otages vivants, 59 au total, et nous voulons ramener les vivants comme les morts », a déclaré le Premier ministre, tandis que son épouse, Sara Netanyahu, affirmait lundi que le nombre de survivants était inférieur au chiffre officiel avancé par son mari.
« C’est un objectif très important», a poursuivi Netanyahu, avant d’ajouter qu’il y avait « un objectif supérieur et l’objectif suprême est la victoire sur nos ennemis, et nous y parviendrons ».
La déclaration de Netanyahu a suscité une vive réaction des familles d’otages. Le Forum des familles d’otages et de disparus l’a accusé de reprendre la ligne défendue par le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, qui avait déclenché une polémique la semaine dernière en affirmant que « les otages ne sont pas la chose la plus importante » dans l’effort de guerre.

« Monsieur le Premier ministre, le retour des otages n’est pas une priorité secondaire : c’est l’objectif suprême qui devrait guider le gouvernement israélien », a déclaré le Forum des familles dans un communiqué.
Le collectif a souligné que « la majorité des citoyens israéliens souhaite, avant toute autre considération, le retour de tous les otages », réaffirmant que leur libération doit rester « la boussole morale et politique de l’action gouvernementale ».
À la veille de Yom HaAtsmaout, le Forum a ajouté : « Il ne peut y avoir d’indépendance véritable pour l’État ou le peuple d’Israël tant que nos frères et sœurs ne sont pas revenus. »
Dans le même esprit, le président Isaac Herzog a déclaré lors d’une cérémonie à la résidence présidentielle à Jérusalem « qu’Israël ne peut célébrer pleinement son indépendance tant que nos frères et sœurs ne sont pas parmi nous. En tant que nation, nous aspirons à leur liberté, nous les attendons ».

Le Forum des familles d’otages et de disparus reproche de longue date à Benjamin Netanyahu de refuser un accord avec le groupe terroriste palestinien du Hamas qui permettrait de libérer les captifs en échange d’un cessez-le-feu à Gaza, une offre rejetée par le gouvernement israélien cette semaine. Smotrich et son homologue d’extrême droite Itamar Ben Gvir ont menacé de faire tomber la coalition si Israël mettait fin aux combats.
Ben Gvir avait d’ailleurs temporairement quitté le gouvernement après la signature, en janvier, d’un accord de trêve prévoyant la libération par le Hamas de 33 otages – femmes, enfants, hommes civils de plus de 50 ans et personnes considérées comme des « cas humanitaires » – en échange d’environ 1 900 prisonniers sécuritaires palestiniens, dont plus de 270 condamnés à la réclusion à perpétuité pour des attentats meurtriers ayant coûté la vie à des civils israéliens.
La première phase de cet accord, d’une durée de 42 jours, a expiré le 2 mai, Netanyahu ayant refusé d’engager les négociations sur une deuxième phase, qui aurait impliqué le retrait total de Tsahal de la bande de Gaza. Israël a repris les hostilités le 18 mars, après quoi Ben Gvir a réintégré le gouvernement.

La seconde phase de l’accord aurait permis la libération de 24 otages présumés encore en vie, tous de jeunes hommes enlevés le 7 octobre 2023, lors du pogrom mené par plusieurs milliers de terroristes du Hamas dans le sud d’Israël. Ce jour-là, plus de 1 200 personnes ont été massacrées et 251 autres enlevées, puis emmenées comme otages dans la bande de Gaza.
Les groupes terroristes de Gaza détiennent également les corps de 35 otages, parmi lesquels figure un soldat tombé au combat lors de la guerre de 2014.