Israël en guerre - Jour 366

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Opinion

Netanyahu n’était jamais vraiment parti depuis le 7 octobre – mais il est réellement de retour grâce à Saar

La dernière volte-face de ce critique acerbe du Premier ministre stabilise la coalition, vulnérabilise Gallant encore davantage et signifie que Netanyahu n'a plus à s'inquiéter d'éventuelles élections à court-terme

David Horovitz

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à gauche, et le député du Likud Gideon Sa'ar, à droite. (Crédit : Flash90)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à gauche, et le député du Likud Gideon Sa'ar, à droite. (Crédit : Flash90)

Pendant les premières minutes de la retransmission en direct des images en provenance du Bureau du Premier ministre sur les écrans de télévision, dimanche soir, le public israélien a pu penser qu’il y avait eu une erreur.

Les présentateurs des journaux télévisés israéliens avaient fait savoir qu’ils allaient diffuser l’accueil réservé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu à Gideon Saar – ancien ministre du Likud devenu un opposant à l’intérieur même de son parti puis un adversaire politique sans pitié, avant de redevenir ministre, rejoignant ensuite les rangs de l’opposition – pour son retour au sein de son gouvernement.

Mais la caméra n’a montré que Netanyahu. Qui n’a pas prononcé un seul mot au sujet de Saar.

A la place, il a donné un aperçu, exaltant quoique intéressé, des avancées d’Israël dans sa guerre menée sur sept fronts. Il a évoqué l’écrasement du Hamas à Gaza ; « l’élimination que j’ai ordonnée » du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, vendredi à Beyrouth et les frappes aériennes qui viennent de s’achever et qui ont visé des cibles des Houthis au Yémen.

A l’évidence encouragé – comme c’est le cas de la nation entière – par la réussite stupéfiante des attaques commises par Tsahal à l’encontre du Hezbollah, ces deux dernières semaines, Netanyahu a affiché une confiance en soi sans précédent depuis le pogrom qui avait été perpétré par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre dernier.

Il a déclaré que les ennemis – et les amis – d’Israël constataient désormais par eux-mêmes le prix payé par ceux qui portent atteinte à l’État juif, un État dont ils reconnaissent à nouveau la puissance. « Nous sommes en train de vivre de grandes journées », a-t-il affirmé, « parce que nous sommes en train de changer la réalité stratégique du Moyen-Orient… Israël est en train de l’emporter ».

Mais en même temps, a-t-il mis en garde d’un ton solennel, il y aura encore des jours difficiles, éprouvants, qui nécessitent « d’unifier les rangs » – une unification indispensable pour qu’Israël puisse atteindre tous ses objectifs de guerre.

Ce n’est qu’à ce moment-là que Netanyahu est passé aux affaires sérieuses, évoquant le scoop politique – même si des rumeurs couraient à ce sujet – qui avait été révélé dans la journée.

Il a déclaré qu’il avait d’abord cherché à établir un gouvernement large et stable quand la guerre avait éclaté, ajoutant qu’il s’était réjoui de l’arrivée de Benny Gantz et de Gideon Saar, le 11 octobre – et qu’il avait regretté leur départ. Mais aujourd’hui, a-t-il noté, Saar a accepté l’invitation qui lui était faite d’intégrer à nouveau la coalition : « Cette décision contribue à notre unité intérieure et à notre unité contre nos ennemis », a-t-il dit avec enthousiasme.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’entretient avec Gideon Saar lors d’une réunion du parti du Likud à la Knesset, le 2 mars 2009. (Miriam Alster / FLASH90)

Il a reconnu ses différences avec Saar – mais, a-t-il insisté, ces dernières appartiennent dorénavant au passé. Il a rendu hommage à son ancien opposant qui « s’est montré à la hauteur » et qui a su mettre de côté « toutes les autres considérations ».

Ensuite, le champ de la caméra s’est élargi et Netanyahu s’est écarté pour laisser la place à Saar. Les deux hommes, le visage grave, ont échangé une poignée de main, se tapotant mutuellement l’avant-bras.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) serrant la main du leader de Tikva Hadasha, Gideon Saar, après que ce dernier a annoncé sa rentrée au gouvernement, le 29 septembre 2024. (Crédit : Chaïm Tzach/GPO)

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Saar a réintégré la coalition avec la promesse d’une place au sein du cabinet de sécurité chargée de la prise de décisions, mais sans poste spécifique et apparemment sans avoir signé d’accord de coalition. Pour l’instant, il sera ministre sans portefeuille.

Il y a à peine une semaine, il avait confirmé le secret le moins bien gardé de la scène politique israélienne en déclarant que Netanyahu lui avait proposé le poste de ministre de la Défense, actuellement occupé par Yoav Gallant. Il avait ajouté que s’il avait d’abord accepté le principe de cette nomination, il l’avait finalement refusée, son arrivée imminente risquant d’être une source de confusion pour tous ceux qui gèrent actuellement l’effort de guerre.

Netanyahu veut toujours pousser Gallant vers la porte de sortie – il l’avait déjà limogé au mois de mars 2023. Gallant, cette personnalité gênante qui continue à ne pas vouloir le vénérer, à ne pas s’incliner devant lui et qui refuse également de faire avancer une loi qui confirmerait la large exemption de service militaire des hommes de la communauté ultra-orthodoxe, une législation exigée par les deux partis Haredim dont dépend la survie de la coalition.

Peut-être Netanyahu nommera-t-il Saar à la place de Gallant. Peut-être que non.

Peut-être réintégrera-t-il Saar – dont la faction Tikva Hadasha est en train de plonger dans l’oubli, avec des sondages qui révèlent qu’elle ne franchirait pas le seuil électoral pour être représenté à la Knesset – dans le giron du Likud. Peut-être que non.

Pour Netanyahu, tout cela n’a guère d’importance à l’heure actuelle. Ce qui est important, c’est que la politique israélienne lui appartient à nouveau.

Dans un sondage dont les résultats ont été rendus publics par la chaîne d’information N12, dimanche, le bloc pro-Netanyahu n’obtenait encore que 49 des 120 sièges de la Knesset – mais le Likud progressait, tout comme c’était également le cas de la cote d’approbation de Netanyahu. Et c’était avant l’arrivée de Saar.

Mais le sondage n’a finalement guère d’importance, lui non plus. Ce qui est important, c’est que Saar et ses trois députés de Tikva Hadasha offrent dorénavant à la coalition 68 sièges à la Knesset, contre 64 auparavant. Ils stabilisent le bloc au pouvoir, le rendant moins vulnérable face aux menaces du voyou Itamar Ben Gvir, le ministre d’extrême-droite. Ils condamnent définitivement à mort la perspective déjà presque inexistante d’une révolte interne si le Premier ministre devait renvoyer Gallant et ils donnent un élan décisif à la loi sur l’exemption de service militaire des ultra-orthodoxes, repoussant également la possibilité que d’éventuelles nouvelles élections soient organisées, et ce peut-être même jusqu’à leur date prévue, en octobre 2026.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, 2e à droite, le ministre de la Défense Yoav Gallant, 2e à gauche, et d’autres à la Kirya, le siège militaire de Tsahal à Tel Aviv, dans la matinée du 25 août 2024. (Crédit : Ariel Hermoni/Defense Ministry)

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Absolument personne, parmi tous ceux qui ont regardé le reality show politique qui a mis en vedette Netanyahu et Saar, dans la soirée de dimanche, n’a oublié qui était Premier ministre lorsque le Hamas a envahi le pays le 7 octobre.

Une grande partie de l’opinion publique – voire la majorité – n’a pas pardonné à Netanyahu sa culpabilité : celle de ne pas avoir prévenu la pire attaque commise contre le peuple juif depuis la Shoah. Elle ne lui pardonne pas non plus son refus d’en assumer la responsabilité – et une partie importante de la population ne l’en absoudra probablement jamais.

Pour les 101 otages de Gaza, le retour de Saar au gouvernement est un coup particulièrement dur – l’homme s’est opposé au genre d’accord qui était en cours d’élaboration avant que Netanyahu ne décide de durcir son positionnement. Rares sont les familles qui auront été rassurées d’entendre Netanyahu faire la promesse qu’il travaillera en étroite collaboration avec Saar, le Premier ministre ajoutant que « j’ai bien l’intention qu’il m’apporte son aide dans les forums ayant une influence sur la prise en charge de la guerre ».

Une grande partie de l’opinion publique pourrait être choquée, et pire encore, par ce retour de Saar dans les bras du Premier ministre, considérant que cette dernière volte-face n’est qu’un acte d’opportunisme cynique et personnel de la part d’un homme qui affirmait, il y a quelques années à peine, que rien n’était plus important pour Israël que de se débarrasser de Netanyahu, qu’il accusait alors de privilégier ses intérêts personnels au détriment des intérêts de ceux de son pays.

Mais bon, c’est ça, la politique.

Et dimanche dans la soirée, Netanyahu a prouvé – pour la énième fois, mais dans des circonstances sans précédent – qu’il en était incontestablement le maître.

Le président Joe Biden est accueilli par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à son arrivée à l’aéroport international Ben Gurion, le mercredi 18 octobre 2023, à Tel Aviv. (Crédit : AP Photo/Evan Vucci)

Depuis presque un an, Netanyahu lutte contre les appels à sa démission. Il résiste aux pressions exercées en faveur d’une commission d’enquête d’État sur le pogrom du 7 octobre, qui ne manquerait pas d’être dévastatrice le concernant. Il dénonce tous ceux qui exigent de nouvelles élections, évoquant des partisans des causes ennemies. Il dénigre, il cherche à diaboliser tous ceux qui ont l’audace de s’opposer à lui, tout en ne cessant d’invoquer le besoin d’unité. Il a même accusé le ministre de la Défense d’avoir adopté le discours du Hamas.

Netanyahu s’est battu pour sa vie politique. Et il a survécu.

Le leader du Likud, Benjamin Netanyahu, s’adressant à ses partisans au siège de campagne du parti à Jérusalem, le 2 novembre 2022. (Crédit : Ronaldo Schemidt/AFP)

Et aujourd’hui, pour la première fois depuis le mois d’octobre, son emprise sur le poste de Premier ministre est assurée. Indépendamment de ce que sera l’avenir proche d’Israël, le retour de Gideon Saar rend Netanyahu pratiquement invulnérable sur le plan politique.

Il n’avait jamais vraiment disparu. Mais maintenant, il est véritablement de retour.

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