Netanyahu remercie Egypte, Oman et Bahreïn pour leur « soutien »
La presse arabe locale évoque une "triple agression contre les droits des Palestiniens", en référence à Israël, aux Emirats et aux Etats-Unis

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a remercié vendredi les dirigeants de l’Egypte, d’Oman et de Bahreïn pour leur « soutien » à l’accord de normalisation des relations entre l’Etat hébreu et les Emirats arabes unis, étrillé par les Palestiniens.
A Jérusalem, la presse israélienne a salué vendredi en grande majorité cet accord jugé « historique » par le Premier ministre israélien.
La presse arabe locale évoquait une « triple agression contre les droits des Palestiniens », en référence à Israël, aux Emirats et aux Etats-Unis, parrain de cette nouvelle alliance, tandis que des manifestants ont brûlé à Naplouse des affiches des dirigeants de ces trois pays.
Pendant que Netanyahu jubile, les Palestiniens, du Fatah laïc de Mahmoud Abbas aux terroristes islamistes du Hamas, n’ont qu’un mot à la bouche : « trahison ». « Trahison » des Emirats qui auraient, selon eux, sacrifié la cause palestinienne au profit de nouvelles relations commerciales avec Israël.
L’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas a, elle, demandé une réunion d’urgence de la Ligue Arabe, afin qu’elle dénonce cette normalisation qualifiée de « trahison » d’un pays arabe par les Palestiniens.
« Je remercie le président égyptien al-Sissi et les gouvernements d’Oman et de Bahreïn pour leur soutien à l’accord de paix historique entre Israël et les Émirats arabes unis, qui élargit le cercle de la paix et profite à toute la région », a tweeté vendredi en hébreu M. Netanyahu.
Israël compte deux traités de paix officiels avec des pays arabes, l’Egypte depuis 1979 et la Jordanie depuis 1994.
Le projet de l’administration pour le Moyen-Orient, présenté en janvier à Washington et auquel les Palestiniens ont dit ne pas avoir été conviés, misait notamment sur une normalisation des relations entre l’Etat hébreu et les Emirats, l’Arabie saoudite et Bahreïn.
Au lendemain de l’accord de normalisation, la presse israélienne s’interroge sur le prochain pays à suivre la voie des Emirats, citant notamment Bahreïn, Oman mais aussi le Soudan comme candidats potentiels.
Lors d’une visite en Ouganda en février, M. Netanyahu s’était entretenu avec le chef du Conseil souverain soudanais, le général Abdel Fattah al-Burhane, en vue « d’entamer une coopération qui normalisera les relations entre les deux pays », alors que Khartoum, comme la plupart des capitales arabes, n’entretient pas de relations officielles avec Israël.
Vendredi dans la bande de Gaza, après de nouvelles frappes nocturnes d’Israël en représailles à des tirs de ballons incendiaires, le mot « trahison » revient toujours dans la bouche d’Abou Alaa al-Sarsak, 70 ans, et ex-employé du gouvernement local.
Mais s’il y a un accord, et donc « trahison » par les Emirats selon lui, c’est aussi en raison des « divisions », dit-il, entre Palestiniens, scindés principalement depuis 13 ans entre le Hamas à la tête de la bande de Gaza et ses deux millions d’habitants, et l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, au pouvoir en Cisjordanie où 2,8 millions de Palestiniens vivent.
« Si la division entre l’Autorité palestinienne et le Hamas se poursuit, la normalisation ira de l’avant avec d’autres États arabes et du Golfe », craint Abou Alaa al-Sarsak, appelant à l’unité des factions palestiniennes.
Jeudi soir, le chef du bureau politique du Hamas, Ismaël Haniyeh, établi au Qatar, monarchie rivale des Emirats arabes unis, a contacté le président de l’Autorité palestinienne pour tenter justement de trouver une voie commune face à cette normalisation qui « sacrifie » la cause palestinienne.
Au début de l’été, le gouvernement israélien discutait de la mise en oeuvre du plan Trump pour le Moyen-Orient qui prévoyait la normalisation des relations entre Israël et des pays du Golfe dans les Emirats et l’annexion aussi de pans de la Cisjordanie par l’Etat hébreu.
Cependant, le report de l’annexion ne réjouit en rien à Ramallah, Gaza ou Jérusalem-Est. « Les Palestiniens sont furieux, ils ont le sentiment d’avoir été jetés sous le bus de Cheikh Mohammed (Bin Zayed », MBZ, le puissant émir d’Abou Dhabi), reconnaît l’analyste israélien Yoel Guzansky.
« Les Emirats tentent de convaincre qu’ils ont fait ça afin de stopper l’annexion (…) et de contribuer à la paix au Moyen-Orient, voire de garder en vie la solution à deux Etats », Israël aux côtés d’une Palestine viable, ajoute-t-il.