Netanyahu reste Premier ministre, mais quittera les 4 ministères qu’il occupe
Le chef du Likud a fait cette annonce en réponse à une requête de la Cour suprême demandant sa destitution en raison des 3 affaires en cours
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré jeudi qu’il abandonnerait tous ses postes ministériels, à l’exception de celui de Premier ministre d’ici la nouvelle année en raison des accusations pénales dont il fait l’objet.
La déclaration de M. Netanyahu a été faite en réponse à la Cour suprême de justice après qu’un groupe en faveur d’un gouvernement de qualité eut demandé qu’il soit démis de ses fonctions.
En plus d’être Premier ministre, M. Netanyahu détient actuellement les portefeuilles de l’Agriculture, de la Santé, des Affaires sociales et de la Diaspora. Bien que la loi semble indiquer qu’un Premier ministre peut continuer à servir pendant sa mise en accusation, tous les autres ministres doivent démissionner une fois que des accusations sont déposées.
Netanyahu n’a pas dit qui il nommerait comme ministres à sa place.
Le mois dernier, M. Netanyahu est devenu le premier Premier ministre en exercice à faire l’objet d’accusations contre lui lorsque le procureur général Avichai Mandelblit a annoncé qu’il allait inculper le Premier ministre pour corruption, fraude et abus de confiance.
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Mandelbit a statué que Netanyahu n’a pas à démissionner de son poste de Premier ministre, car il dirige actuellement un gouvernement de transition si bien que l’action n’aurait « aucune pertinence pratique ». Mais il a ajouté que le Premier ministre devait renoncer à ses autres postes.
Le groupe de pression du Mouvement pour un gouvernement de qualité avait déposé une requête auprès de la Cour pour que M. Netanyahu démissionne.
En réponse à la déclaration de Netanyahu, le groupe a déclaré qu’il devrait être forcé de démissionner immédiatement de tous les postes qu’il occupe, y compris celui de Premier ministre, en raison des accusations qui pèsent contre lui.
« Nous demandons à la Cour d’ordonner au Premier ministre de démissionner immédiatement de toutes ses fonctions, y compris celles de Premier ministre », a déclaré le mouvement dans un communiqué. « Netanyahu doit se battre pour son innocence en tant que simple citoyen et non depuis le bureau [du Premier ministre]. Malheur à nous si le Premier ministre entraîne tout le pays avec lui sur le banc des accusés ».
Netanyahu a rejeté les accusations portées contre lui et a juré de rester pour les combattre. De l’avis général, il prévoit également de demander l’immunité parlementaire s’il parvient à former une coalition, une mission à laquelle il a échoué lors des deux dernières élections.
L’annonce de Netanyahu est intervenue quelques heures après la dissolution de la Knesset et la convocation d’un troisième scrutin le 2 mars.
Mandelblit ne s’est pas encore prononcé sur la question de savoir si Netanyahu peut être chargé de former un gouvernement malgré les accusations portées contre lui, s’il remporte les prochaines élections.
La Cour suprême a donné au procureur général jusqu’à jeudi prochain pour déclarer s’il rendra ou non une décision finale sur la question, a rapporté le radiodiffuseur public Kan.
Mandelblit pourrait dire qu’il n’a pas encore tranché la question et qu’elle est toujours à l’étude. Il avait précédemment qualifié la question de théorique et déclaré qu’il ne se prononcerait que sur des questions pratiques, et avait cité une décision de la Cour suprême de 2008 dans laquelle la Cour avait déclaré que la question n’était pas une question juridique mais une question politique, publique.
Mandelblit doit attendre que Netanyahu annonce s’il demandera l’immunité de la Knesset avant de pouvoir officiellement porter plainte pour fraude et abus de confiance dans trois affaires, et corruption dans l’une d’elles.
Dans la mesure où la Knesset s’est dissoute, le processus pourrait se prolonger pendant des mois.
Jeudi, le chef du parti Yisrael Beytenu, le député Avigdor Liberman, a déclaré qu’il ne soutiendrait pas une demande d’immunité parlementaire de Netanyahu, mais soutiendrait une législation permettant à Netanyahu, en échange de sa démission, de ne pas être traduit en justice.
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Israël se trouve dans une impasse politique en partie causée par le refus obstiné de Netanyahu de se retirer malgré les accusations portées contre lui. Le parti Kakhol lavan, dirigé par le député Benny Gantz, a déclaré qu’il ne rejoindrait pas une coalition ou un gouvernement d’unité si Netanyahu reste Premier ministre.
M. Netanyahu, qui a été Premier ministre au cours de la dernière décennie, s’est arrogé à l’occasion divers ministères, parfois pour les réserver comme monnaie d’échange, y compris, récemment, les portefeuilles clés de la Défense et des Affaires étrangères.
Les affaires criminelles les plus graves qui ont été portées contre lui remontent à l’époque où il était ministre des Communications. Il est accusé d’avoir utilisé ce rôle pour échanger des faveurs réglementaires contre une couverture médiatique positive.
Son rôle en tant que ministre de la Santé n’est que symbolique, le ministère étant en fait dirigé par le vice-ministre Yaakov Litzman du parti Yahadout HaTorah. Litzman a obtenu l’approbation des chefs spirituels qui guident son parti ultra-orthodoxe pour assumer le rôle de ministre à part entière, normalement évité par sa communauté, si Netanyahu est obligé de l’abandonner.