Neuf ans après, l’Iran rouvre une usine d’extraction d’uranium
La reprise des activités intervient alors que l'administration Trump entame le ré-instauration des sanctions qui étaient levées dans le cadre de l'accord de 2015

Mercredi, l’Iran a rouvert une usine d’extraction d’uranium qui était inactive depuis 2009, alors que Téhéran se prépare à reprendre ses activités d’enrichissement, dans l’éventualité d’un effondrement de l’accord de 2015.
Les Etats-Unis ont annoncé en mai qu’ils se retireraient de l’accord sur le nucléaire conclu en 2015, et réimposant les sanctions qui impacteront les multinationales qui travaillent dans la République islamique.
L’Iran négocie avec les dirigeants de l’Union européenne et d’autres responsables pour parvenir à maintenir l’accord et les garanties économiques.
L’Iran a prévenu qu’elle reprendrait l’enrichissement en uranium,à 20 % « en quelques jours » si l’accord s’effondrait. Cela resterait dans les limites de l’usage civil, mais bien au-delà des 3,67 % autorisés dans le cadre de l’accord de 2015.
Selon l’agence de presse Reuters, l’usine a rouvert mercredi, au sein de l’usine d’extraction d’uranium d’Isfahan, après avoir été mise en sommeil pendant neuf ans, en raison d’une pénurie de yellowcake, un concentré d’uranium auparavant sous forme de diuranate de sodium.
Un baril de yellowcake a été livré à l’usine pour reprendre la production d’UF6, selon l’article.
Toujours mercredi, l’administration Trump a commencé à réinstaurer les sanctions qui avaient été levées dans le cadre de l’accord.
Le département du Trésor a annoncé avoir révoqué les licences autorisant les firmes étrangères contrôlées par les Etats-Unis à exporter des pièces d’avions à l’Iran, ainsi que les autorisations accordées aux américains pour importer des tapis iraniens, des pistaches et du caviar. Il a indiqué que les entreprises impliquées dans ces transactions devront y mettre fin d’ici le 6 août, sous peine de sanctions.
D’autres licences, notamment sur les achats de pétrole seront révoqués dans les semaines à venir et les entreprises auront jusqu’au 4 novembre pour mettre fin à ces activités.
Cette mesure était attendue depuis le retrait du président Trump de l’accord conclu avec l’Iran, qui consistait en une levée des sanctions en échange de limitations sur le développement du programme nucléaire iranien.
Selon le président, cet accord, signé par son prédécesseur Barack Obama, était le pire accord jamais négocié, parce qu’il accordait beaucoup de libertés à l’Iran sans rien en retour. Trump a également déploré le fait que l’accord ne portait pas sur les activités malveillantes de l’Iran, indépendantes du nucléaire.
Les Etats-Unis ont appelé leurs 14 partenaires du Conseil de sécurité à sanctionner l’Iran en représailles à son « comportement malveillant » au Moyen-Orient, lors d’une réunion consacrée à l’application de l’accord nucléaire conclu en 2015 avec Téhéran.
« Face à un pays qui viole continuellement les résolutions de ce Conseil, nous devons impérativement décider de conséquences significatives », a dit l’ambassadeur adjoint des Etats-Unis à l’ONU, Jonathan Cohen.
« C’est pourquoi nous exhortons les membres de ce Conseil à se joindre à nous pour imposer des sanctions ciblant le comportement malveillant de l’Iran » au Moyen-Orient.
Il s’agissait de la première réunion du Conseil de sécurité depuis l’annonce le 8 mai par Donald Trump du retrait des Etats-Unis de l’accord nucléaire conclu avec Téhéran, entériné par une résolution de l’ONU (la 2231) votée à l’unanimité en juillet 2015. Le 24 mai dernier, l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) avait conclu pour la onzième fois à l’application par Téhéran de ses engagements.
Lors de son intervention, Jonathan Cohen a une nouvelle fois accusé l’Iran de fournir des missiles à la rébellion Houthi au Yémen en violation d’un embargo international sur les armes.
Dans un récent rapport, l’ONU a certes reconnu que des éléments de missiles tirés vers l’Arabie saoudite avaient été fabriqués en Iran, mais a précisé ne pas être en mesure de dire s’ils avaient été livrés avant ou après l’imposition au Yémen d’un embargo sur les armes en juillet 2016.
« Démanteler un accord nucléaire qui fonctionne ne nous met certainement pas dans une meilleure position pour discuter des autres problèmes », a rétorqué le représentant de l’Union européenne auprès de l’ONU, Joao Vale de Almeida, en évoquant les activités balistiques de Téhéran et le développement de son influence au Moyen-Orient.
« L’effondrement de cet acquis majeur marquerait un grave retour en arrière pour la région, pour le régime de non-prolifération mais aussi pour notre sécurité à tous, qui serait potentiellement lourd de conséquences », a renchéri l’ambassadeur français François Delattre.