Le futur chef du Shin Bet choisi par Netanyahu fait ses adieux à Tsahal en se revendiquant « messianique »
Zini a été exclu de l'armée par le chef d'État-major de Tsahal, le lieutenant-général Eyal Zamir, qui lui a reproché d'avoir négocié avec Netanyahu sans l'en avertir
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Le major-général David Zini, choisi par le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour prendre la tête du Shin Bet au mépris d’une décision de la Cour Suprême israélienne, a lui-même revendiqué son caractère « messianique » lors de son discours d’adieu à Tsahal, après 33 ans se carrière.
Le terme est généralement utilisé par les détracteurs de Netanyahu pour critiquer ses partenaires religieux de la coalition pro-implantations dont les politiques sont souvent guidées par leur zèle religieux.
Selon les médias israéliens, Netanyahu avait par le passé refusé de promouvoir Zini, qu’il jugeait « trop messianique ». Aujourd’hui, ce sont les membres de la hiérarchie du Shin Bet qui agitent le spectre de la démission en raison de la nomination de ce général « messianique ».
« Récemment, le terme ‘messianique’ est revenu sur le devant de la scène », a déclaré Zini lors de la cérémonie qui s’est tenue mercredi sur la base militaire d’Aliqa, sur le plateau du Golan, selon une transcription publiée par l’armée vendredi.
« Nous sommes tous messianiques, tout comme David Ben Gurion et les pères fondateurs de la nation », a poursuiiv Zini en parlant du premier Premier ministre d’Israël.
« Le messianisme n’a rien de péjoratif. C’est grâce à cette flamme constamment entretenue que nous aspirons à la perfection dans tous les domaines de notre existence. »
Zini a été exclu de l’armée par le chef d’État-major de Tsahal, le lieutenant-général Eyal Zamir, qui lui reproche d’avoir négocié avec Netanyahu sans l’en avertir.
Zamir ne semble pas avoir assisté à la cérémonie d’adieu de Zini, à laquelle a pris part son chef d’État-major adjoint, le général de division Tamir Yadai.
Le mois dernier, la Cour Suprême avait statué que Netanyahu devait renoncer à nommer un successeur à l’actuel chef du Shin Bet, Ronen Bar, en raison du conflit d’intérêts lié à l’enquête du Shin Bet sur de proches collaborateurs dans le cadre du Qatargate. Bar lui-même a annoncé son intention de démissionner ce mois-ci.

Netanyahu, qui a annoncé la nomination de Zini quelques heures après la décision de la Cour Suprême, a indiqué que le nouveau chef du Shin Bet ne se mêlerait pas de l’enquête sur les collaborateurs du Premier ministre.
C’est en mars dernier que le Premier ministre avait commencé à parler de limoger Bar, en invoquant un manque de confiance face à l’impuissance du Shin Bet à éviter le pogrom du Hamas, le 7 octobre 2023. La décision avait provoqué un tollé et on avait reproché au Premier ministre de chercher à se dédouaner de sa propre responsabilité dans cet échec.
Personne de référence, au sein de Tsahal, en ce qui concerne le recrutement des Haredim, le général a invité ses pairs à mieux connaître la communauté ultra-orthodoxe, et déclaré que tous les commandants de Tsahal portaient une responsabilité dans les défaillances qui ont permis au pogrom du Hamas du 7 octobre 2023 de se commettre, ce qui a déclenché la guerre à Gaza.
Mercredi, lors de ses adieux à Tsahal, M. Zini a déclaré que la responsabilité de ce « terrible échec » incombait à tous les commandants militaires.
« Un échec de cette ampleur n’est pas isolé : c’est un échec systémique profond que nous partageons tous et que nous avons tous le devoir de corriger », a-t-il souligné.
Zini a également déclaré que les commandants devaient apprendre à mieux connaître la communauté ultra-orthodoxe, qui s’oppose à la conscription des étudiants de yeshiva.
Il a ajouté au sujet de la formation des officiers supérieurs « Nous nous sommes rendus un peu partout pour étudier les pays et les cultures du monde entier – États-Unis, Russie, Chine, etc. Mais nous n’avons jamais traversé la rue pour aller à Bnei Brak étudier en profondeur ce que vivent nos frères de sang », a-t-il dit en évoquant une ville Haredi du centre d’Israël.
« Certes, nous avons des désaccords avec eux », a admis Zini. « Mais nous n’avancerons pas si nous n’apprenons pas à mieux nous connaître. »

« Il y a des changements profonds et significatifs, là-bas, qui vont nous permettre de changer les choses », a ajouté Zini à propos de la communauté haredi. « À condition de le faire dans un esprit d’amour fraternel. »
En Israël, les partis haredim menacent de renverser le gouvernement auquel ils reprochent de ne pas avoir fait voter de texte permettant d’exempter du service militaire la communauté ultra-orthodoxe ; par ailleurs, des membres de la coalition exigent un durcissement des sanctions envers les Haredim réfractaires à la conscription.

Le nom de Zini a commencé à circuler dans les médias il y a de cela plusieurs mois, comme successeur potentiel de l’ex-chef d’État-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, démissionnaire en début d’année en raison des défaillances militaires du 7 octobre.
Selon les informations disponibles, c’est l’épouse de Netanyahu, Sara, qui aurait paticulièrement insisté pour imposer son nom alors même que Zini est loin d’avoir l’expérience requise.
Zini est marié et père de 11 enfants, et vit dans la communauté de Keshet, sur le plateau du Golan. Il aurait manifesté son refus d’un cessez-le-feu et d’un accord sur les otages de Gaza, au grand dam des familles de ces derniers.
Son frère, Shmuel Zini, serait le « bras droit » du milliardaire américain pro-implantations Simon Falic, proche de Netanyahu et de sa famille.
Le jour du pogrom commis par le Hamas le 7 octobre, Zini s’est battu près du kibboutz Mefalsim et a tué plusieurs terroristes du Hamas.
Sur des images tournées ce jour-là, on voit Zini et des soldats près du mémorial de la Flèche noire, à la frontière, entourés des corps de dizaines de terroristes palestiniens après une bataille intense.