Non loin d’Ofakim, des parents angoissés cherchent des signes de vie de leurs enfants
De nombreux jeunes fêtards participant à des raves en plein air se sont retrouvés dans des zones envahies par le Hamas ; certains ont réussi à envoyer des messages à leurs parents
Debout au soleil à un barrage routier à l’extérieur de la ville d’Ofakim, dans le sud du pays, Rachel et Boaz Sadeh fixent intensément l’écran d’un téléphone portable affichant un point rouge sur une carte.
Ce point représentait la dernière position connue du fils du couple, Ziv, âgé de 22 ans. Samedi, il faisait partie des milliers d’Israéliens qui se sont soudainement retrouvés piégés derrière les lignes ennemies, dans leur propre pays, à la suite d’un raid transfrontalier sans précédent mené par des terroristes du Hamas.
Cette attaque de grande envergure a vu des dizaines de terroristes du Hamas s’infiltrer dans plusieurs localités et tirer des milliers de roquettes lors d’une attaque surprise samedi matin, tuant et mutilant des dizaines de civils et en prenant d’autres en otage, plongeant ainsi la région dans une guerre totale.
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Ziv Sadeh, qui faisait partie de plusieurs centaines de jeunes Israéliens venus dans le nord du Néguev pour participer à une rave nocturne dans la nature, a communiqué sa position à ses parents alors qu’il se cachait dans un sous-sol à Ofakim, l’une des trois villes au moins que les terroristes du Hamas ont pénétrées samedi.
« Je suis dans un état de panique géré en ce moment, à cause de ce point rouge », a déclaré Rachel Sadeh. « C’est une amélioration par rapport à la panique générale d’il y a deux heures. »
Ziv a communiqué avec ses parents d’abord par un message audio à voix basse, puis par SMS, afin de ne pas révéler sa position aux terroristes, qui patrouillaient dans les rues d’Ofakim alors que Tsahal s’efforçait de sécuriser la zone, située à une vingtaine de kilomètres de la frontière soudainement agitée de la Bande de Gaza.
Alors que la police a bouclé les routes menant aux zones de combat, les familles et les amis se sont précipités vers les barrages routiers pour être aussi près que possible de leurs proches, s’efforçant d’obtenir la moindre information sur l’endroit où ils se trouvent ou sur leur état de santé.
Vêtue d’un pyjama et de pantoufles – ce qu’elle portait lorsqu’elle a appris la nouvelle et qu’elle a sauté dans la voiture avec son mari pour se rendre à Ofakim – Rachel Sadeh oscille entre l’espoir et la peur, alors qu’elle attend des nouvelles de Ziv.
« On dit que le temps joue en notre faveur maintenant », dit-elle à propos des chances de son fils de sortir indemne d’Ofakim.
« Mais je ne sais plus rien. Peut-être que le contraire est vrai », a ajouté cette mère de trois enfants, envisageant une seconde attaque. « Nous avons été laissés seuls, personne ne nous surveille. Il n’y a personne aux commandes. »
Au fur et à mesure que de nouveaux messages de Ziv lui parvenaient, elle craignait de moins en moins qu’il ne rejoigne les dizaines d’Israéliens que les hommes armés du Hamas ont apparemment enlevés et emmenés dans la Bande de Gaza.
Une vingtaine de parents campaient au carrefour HaNassi, près d’Ofakim, mais contrairement aux Sadeh, beaucoup d’entre eux n’étaient pas en mesure de communiquer avec leurs enfants.
Eyal Gordani attendait depuis des heures sans aucun signe de vie de son fils, Sharon Gordani, un autre fêtard, dont il pense qu’il a été tué. Interrogé par un policier sur ce qu’il attendait, il a répondu : « Un miracle. »
Les troupes de l’armée israélienne ont mené de nombreuses missions de recherche et de sauvetage le long des routes de la zone de combat. Mais de nombreux survivants n’ont pu être extraits qu’au bout de plusieurs heures et, samedi soir, de nombreuses zones restaient dangereuses. Se cachant des terroristes armés, les civils ont appelé leur famille et leurs amis, qui ont cherché frénétiquement des personnes ayant accès à la zone de combat et susceptibles d’aider à extraire leurs proches. Certains ont appelé les chaînes de télévision en chuchotant, espérant que leurs appels à l’aide seraient entendus.
« Toutes les demi-heures, je reçois un message de ma fille qui me dit ‘papa, viens me chercher, ils vont me tuer’ ou, au contraire, ‘papa, je t’aime si je ne te revois plus' », a déclaré un père au Times of Israel au barrage routier. « J’ai l’impression que je ne peux rien faire pour la sauver. »
Sa fille, qui s’était également rendue dans la région pour une rave en plein air qui a duré toute la nuit, se trouve maintenant dans un refuge du kibboutz Reim.
En face des Sadeh, Smadar et Israel Bentov attendent patiemment deux de leurs enfants, Moran et Meïtav, qui ont également participé à une rave dans la région. Smadar Bentov tenait le chien de la famille, qui tremblait de peur à chaque bruit de roquette, et alors que les hélicoptères de combat fendaient l’air au-dessus de leur tête en direction d’Ofakim et de Gaza.
« Je veux juste les voir », dit-elle, la voix tremblante d’émotion. Son fils, Moran, a été appelé dans son unité de réserve, la brigade d’infanterie de Givati. Mais il se cachait avec sa sœur à l’intérieur d’une boîte dans un kibboutz près de la fête en plein air à laquelle ils participaient, a expliqué sa mère.
« Je sais que les ramener à la maison n’est que le début de mes craintes », a-t-elle déclaré. Alors que l’on parle d’une incursion terrestre de Tsahal dans la Bande de Gaza, son fils « porterait son uniforme et retournerait au sud dans les heures qui suivent », a-t-elle déclaré.
L’attaque matinale a surpris des fêtards exposés dans des champs et d’autres zones entre les petites villes et les kibboutzim où ils avaient passé la nuit à faire la fête. Beaucoup ont fui vers ce qu’ils pensaient être des lieux sûrs, pour découvrir qu’ils avaient été envahis par le Hamas, a déclaré Aviad Solinsky, 23 ans. Lui et deux de ses amis ont couru vers le kibboutz Beeri, jusqu’à ce qu’ils se rendent compte que les terroristes du Hamas y avaient déjà pris le contrôle.
« Nous nous sommes cachés dans les plantations d’agrumes et avons commencé à demander aux gens de nous évacuer », raconte-t-il.
Finalement, un détachement de l’armée a trouvé Solinsky et un autre ami et les a emmenés à la jonction HaNassi.
Plusieurs fêtards sont morts aux mains des terroristes du Hamas, selon des témoins cités par les médias Israéliens.
« Nous sommes partis de la zone ouverte lorsque nous avons commencé à entendre des roquettes », a déclaré un fêtard survivant au site d’information Walla. « Lorsque nous sommes arrivés à la jonction d’Alumim, nous sommes tombés dans une embuscade de terroristes. Ils nous ont fait signe de nous arrêter. Ils étaient armés. Nous avons réalisé que quelque chose n’allait pas, ce n’était pas des soldats. Nous avons fait marche arrière et nous sommes repartis aussi vite que possible. »
Le terroriste a ouvert le feu sur la voiture qui faisait marche arrière, blessant légèrement deux des passagers.
Yaïr Golan, député du parti de gauche Meretz et ancien chef d’état-major adjoint de Tsahal, se trouvait également au barrage routier. Il a fait la navette entre la zone de combat et les carrefours, ramenant les Israéliens bloqués, pour la plupart des fêtards.
« Certaines personnes que je connais m’ont demandé si je pouvais utiliser le fait que j’ai un accès pour aider à faire sortir leurs proches », a déclaré Golan au Times of Israel. Il a fait six voyages avec sa voiture, sans rencontrer de terroristes.
Golan, critique acerbe du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu et de la droite israélienne, a qualifié l’incursion, au cours de laquelle des centaines de combattants du Hamas ont pu pénétrer en Israël et atteindre des populations civiles, « d’énorme échec en matière de sécurité » et de « pire attaque terroriste de l’Histoire de l’État d’Israël ». Mais il est convaincu que l’armée et la société israélienne ont suffisamment de « muscles » pour riposter efficacement malgré les divisions que l’année écoulée a mises en évidence.
« Ce à quoi nous assistons est la preuve de la façon misérable dont nous gérons le conflit de Gaza depuis des décennies », a déclaré Golan.
Mais même l’ex-général pacifiste a noté que ce n’était pas le moment de parler de paix. « Une fois qu’une telle attaque a eu lieu, il n’y a tout simplement pas d’autre solution que de lancer une opération massive, qui se poursuivra pendant un certain temps, jusqu’à ce que l’aile militaire du Hamas soit écrasée. »
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