Nucléaire iranien : des sénateurs américains font pression sur Obama
Des sénateurs américains adressent une lettre à Obama tandis que la République islamique estime qu'il est trop tôt pour un accord
Quatre-vingt trois sénateurs américains sur 100 ont écrit au président Barack Obama mardi pour poser leurs conditions à tout accord final sur le nucléaire iranien, rappelant que l’Iran n’avait aucun droit inhérent à l’enrichissement nucléaire.
Il est rare qu’autant de sénateurs signent un texte commun, mais le dossier du nucléaire iranien fait l’objet depuis plusieurs mois d’un front commun de la part d’élus démocrates et républicains déterminés à voter dès maintenant des sanctions pour forcer Téhéran à accepter un accord final.
Jusqu’à présent, leur tentative de faire adopter par le Congrès des sanctions est restée bloquée, conformément au souhait de la Maison Blanche qui souhaite éviter un court-circuitage des négociations en cours entre Téhéran et les « 5+1 » (Russie, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Allemagne).
Ces discussions ont repris mardi à Vienne.
« Nous estimons que l’Iran n’a pas de droit inhérent à l’enrichissement en vertu du Traité de non-prolifération nucléaire », écrivent les sénateurs. « Nous estimons que tout accord doit démanteler le programme iranien d’armes nucléaires et empêcher à jamais l’Iran d’accéder à une voie uranium ou plutonium vers la bombe nucléaire ».
Parmi les autres conditions des parlementaires: la fermeture du réacteur à eau lourde d’Arak, et la mise en place d’inspections « à long terme et intrusives ».
Dans leur lettre, les élus appellent Barack Obama à préparer dès maintenant des projets de sanctions renforcées, notamment pour restreindre encore plus les exportations iraniennes de pétrole brut et de produits pétrochimiques, de façon à pouvoir les déclencher rapidement dans le cas où l’Iran refuserait de signer un accord final.
Il est encore « trop tôt »
Il est « encore trop tôt » pour rédiger un accord final avec les grandes puissances sur le programme nucléaire de Téhéran, a estimé mercredi l’un des négociateurs iraniens, en marge d’une nouvelle série de discussions à Vienne.
Ces négociations ne sont pas affectées par la crise ukrainienne, qui oppose la Russie et les Occidentaux réunis au sein du groupe 5+1 face à l’Iran, a assuré Abbas Araghchi, cité par l’agence Isna.
« Les délégations russe et occidentales ont insisté pour ne pas aborder le sujet mais il est normal que cette crise puisse planer » sur les négociations, a-t-il dit.
Les négociateurs tentent de transformer un accord intérimaire conclu en novembre en un arrangement définitif -au plus tôt d’ici au 20 juillet- qui supprimerait l’ensemble des sanctions occidentales si l’Iran donne des garanties solides sur la nature exclusivement pacifique de son programme, soupçonné de cacher un volet militaire.
L’accord, signé avec le groupe du 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) gèle certaines activités nucléaires sensibles iraniennes en échange d’une levée partielle des sanctions.
« Il est encore trop tôt pour entrer dans des négociations en vue de rédiger un texte final », a expliqué Abbas Araghchi, ajoutant que les discussions reprendront du 7 au 9 avril, probablement à Vienne.
Les points les plus délicats sont l’étendue du programme iranien d’enrichissement d’uranium, et le réacteur à eau lourde d’Arak.
Cet équipement encore en construction utilise la filière du plutonium, qui pourrait elle aussi servir à fabriquer une bombe nucléaire.
Les négociations butent notamment sur la définition des « besoins pratiques » de l’Iran en vue d’un accord sur « la taille et la dimension de l’enrichissement », a-t-il ajouté.
Sur la question « sensible » du réacteur d’Arak, le négociateur a répété que Téhéran souhaitait lever les inquiétudes occidentales, tout en affirmant que « la recherche et le développement ou Arak ne seront pas arrêtés ».
Les deux parties ont fait des propositions concernant la coopération nucléaire, notamment sur « les réacteurs à eau légère, la médecine nucléaire, les nouveaux combustibles, la recherche et le développement dans le nucléaire appliqué à l’agriculture », a-t-il dit.