Opposés à la refonte et au contrôle de la Cisjordanie, des jeunes refusent de s’enrôler
Les élèves de Terminale ont annoncé qu'une manifestation "contre la dictature" aura lieu au lycée de Tel Aviv à la rentrée scolaire, la semaine prochaine

Un groupe d’adolescents a signé une lettre commune déclarant qu’ils refuseraient de s’enrôler dans l’armée, en signe de protestation contre le projet de refonte judiciaire du gouvernement et le contrôle exercé depuis des dizaines d’années par Israël sur la Cisjordanie.
Dans un communiqué publié dimanche, les élèves de Terminale ont annoncé qu’ils dévoileraient la lettre lors d’une manifestation prévue au lycée Herzliya de Tel Aviv, le jour de la rentrée scolaire, le 3 septembre.
Selon la Treizième chaîne, au moins deux cents adolescents ont déjà signé la lettre.
« Nous allons prendre possession du lycée Herzliya pour dévoiler la lettre de manière incroyable et nous allons également enseigner tout ce que Yoav Kisch ne veut pas que nous sachions », indique le communiqué, en référence au ministre de l’Éducation.
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Les adolescents ont déclaré qu’ils organiseraient également des « cours alternatifs sur la pelouse concernant la démocratie réelle et la résistance », avec des intervenants tels que des activistes, un groupe de jeunes communistes et des représentants de plusieurs organisations de défense des droits impliqués dans le dérèglement climatique, les droits des transsexuels et la documentation des violations présumées des droits en Cisjordanie.
Le rassemblement se terminera par une prestation de l’un des membres du groupe de musique WC.

« Ces dernières semaines, nous avons décidé de faire quelque chose », a déclaré Tal Mitnick, l’un des organisateurs de l’initiative « Les jeunes contre la dictature », dans une déclaration vidéo.
« Nous devons mettre un terme à la refonte judiciaire et cesser de participer à une armée qui soutient les implantations et sert l’occupation », a déclaré le jeune homme de 17 ans. « Nous avons décidé d’utiliser notre pouvoir, en tant que personnes désignées pour le service militaire, pour protester et dire que nous ne nous enrôlerons pas. »
Il y a déjà eu de nombreux cas de petits groupes d’élèves de Terminale qui ont refusé de servir dans Tsahal en signe de protestation contre la politique du pays à l’égard des Palestiniens. Israël autorise des exemptions de service militaire pour un certain nombre de raisons, notamment des problèmes de santé mentale ou médicale et des objections religieuses, ainsi que pour les Arabes israéliens, mais pas pour les objecteurs de conscience. Le refus de servir est l’une des questions qui divisent le plus Israël.
La lettre centrée sur la refonte judiciaire – les efforts du gouvernement pour affaiblir le pouvoir judiciaire – vient s’ajouter aux protestations de masse et aux avertissements de milliers de réservistes qui cesseront de se présenter pour le service volontaire, accusant les plans du gouvernement d’affaiblir le pouvoir judiciaire de faire d’Israël un pays non-démocratique.

Certains réservistes ont depuis mis leur menace à exécution après que la coalition a adopté le mois dernier la loi dite du « caractère raisonnable », qui limite le pouvoir des tribunaux d’examiner les actions du gouvernement. Aucun chiffre officiel n’a été communiqué sur le nombre de réservistes qui ne se sont pas présentés à leur poste jusqu’à présent.
Contrairement à la plupart des réservistes qui sont appelés à servir sur ordre officiel plusieurs jours par an, les pilotes et les autres forces spéciales sont censés s’entraîner et effectuer des missions plus fréquemment et sur la base du volontariat, en raison de la nature de leur poste. Nombre d’entre eux poursuivent volontairement leur service de réserve au-delà de l’âge d’exemption de 45 ans pour les officiers et de 49 ans pour certains autres postes.
Les hauts gradés de Tsahal ont averti que les manifestations des réservistes avaient un impact de plus en plus négatif sur le niveau de préparation de l’armée, s’attirant les reproches du Premier ministre Benjamin Netanyahu, d’autres députés et des partisans du gouvernement religieux d’extrême-droite.
La coalition de Netanyahu a rejeté les protestations des réservistes, les considérant comme une forme dangereuse et sans précédent de chantage politique de la part de l’armée. Certains législateurs de la coalition ont suggéré que la manifestation équivalait à une tentative de coup d’État militaire.