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Le ministère de l’Éducation dévoile un « plan » pour discuter de la refonte en classe

Pour le ministre Yoav Kisch, les enseignants ont un "rôle important" à jouer dans la facilitation d'un débat amical sur la crise de la refonte du système judiciaire

Des étudiants et des enseignants manifestant contre le projet de remaniement judiciaire du gouvernement, à Tel Aviv, le 5 février 2022. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)
Des étudiants et des enseignants manifestant contre le projet de remaniement judiciaire du gouvernement, à Tel Aviv, le 5 février 2022. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Le ministère de l’Éducation a lancé vendredi un programme visant à faciliter les discussions et les cours dans les écoles sur la polarisation croissante en Israël, provoquée par la refonte du système judiciaire de la coalition.

Le programme, intitulé « L’éducation à tous points de vue » (lien en hébreu), vise à fournir des ressources aux enseignants des écoles maternelles et élémentaires, des collèges et des lycées pour faire face à la crise actuelle et tenir un dialogue constructif sur ces questions, a déclaré le ministère de l’Éducation dans un communiqué.

« Les événements actuels ont un impact sur tout le monde et laisseront des traces dans les établissements d’enseignement, parmi le personnel éducatif, les élèves, les parents et les communautés. C’est notre rôle, en tant qu’éducateurs dirigeant des établissements scolaires, de trouver un moyen de naviguer dans ces eaux tumultueuses », a déclaré le ministère.

Le programme se veut flexible et permet au personnel de déterminer ce qui sera pertinent pour leur établissement, selon le ministère.

Il encourage les enseignants à aborder les aspects « personnels, familiaux, communautaires et sociétaux » de la question et souligne l’importance d’un « dialogue ouvert qui reflète l’éventail des opinions ».

Dans les jardins d’enfants, les enseignants sont encouragés à sensibiliser leurs enfants aux diverses identités présentes dans leur classe.

Le ministre de l’Éducation Yoav Kisch assistant à une réunion de la commission de l’Éducation, de la Culture et des Sports de la Knesset, à Jérusalem, le 14 août 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Dans les écoles primaires, il est conseillé aux enseignants de développer les capacités de leurs élèves à tenir un dialogue ouvert et à prendre conscience des différentes opinions.

Au collège, il est recommandé aux enseignants de discuter de la pensée critique, de la diversité des voix dans la société israélienne et de la manière de tenir des conversations respectueuses sur des questions controversées.

Pour les lycéens, les enseignants sont explicitement invités à informer leur classe du débat sur la refonte du système judiciaire et à enseigner la pensée critique et le dialogue.

Dans un communiqué, le ministre de l’Éducation Yoav Kisch (Likud) a déclaré qu’il était « impossible de déconnecter les élèves » de la crise actuelle.

« Le système éducatif et le personnel ont un rôle très important à jouer dans la transmission d’outils permettant de gérer les divisions et de créer une culture de la parole et de la conversation. Les [membres du] personnel de l’éducation sont des entités privées qui ont leurs propres opinions, mais ils ont aussi un statut public qui leur impose de respecter toutes les opinions et de ne pas imposer uniquement les leurs », a-t-il déclaré.

« Leur travail consiste à trouver un moyen de créer un dialogue inclusif et respectueux, qui permette à chaque partie et à chaque voix d’être entendue et acceptée avec respect, de cultiver les valeurs de responsabilité mutuelle et de partenariat entre toutes les parties de la société, même s’il y a des divisions, et de donner aux élèves les outils nécessaires pour faire face aux divisions de manière non-violente », peut-on lire dans la déclaration.

Il y a deux semaines, Kisch avait demandé aux enseignants de ne pas apporter leurs opinions politiques personnelles dans leurs classes, mais plutôt de servir de médiateurs entre les diverses opinions des élèves.

De nombreuses écoles ont déjà abordé le sujet de la refonte.

Yael Ayalon, directrice du lycée municipal Yud Dalet de Tel Aviv, a déclaré la semaine dernière au quotidien Maariv que la refonte était une partie « inséparable » du cours d’éducation civique qu’elle avait mis en place.

« Nous enseignons l’éducation civique d’une manière qui est étroitement liée à la vie quotidienne… ce n’est pas nouveau pour nous », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’elle présentait sa position politique et permettait aux élèves d’examiner son point de vue de manière critique.

« Mes élèves me posent des questions sur la refonte et les manifestations à chaque cours », a déclaré Galit Gilon, professeure d’éducation civique à Makif Dati, un lycée religieux de Beer Sheva. « Il est impossible de passer outre. Il y a beaucoup d’idées qui sont incluses dans le programme normal, mais nous devons les enseigner [via le prisme de la refonte] parce que mes élèves me posent des questions tout le temps à ce sujet, et c’est un défi pour moi en tant qu’enseignante parce que tous les sujets brûlants dans les médias aujourd’hui concernant la refonte ne sont pas inclus dans le programme des examens du bagrout [l’équivalent israélien du baccalauréat], mais d’un autre côté, les élèves sont très curieux de savoir ce qu’il en est », a déclaré Gilon.

Des manifestants anti-gouvernement, à Tel Aviv, le 26 août 2023. (Crédit : Gitaï Palti)

Certains membres du personnel et étudiants se sont joints aux manifestations contre la refonte, qui a été proposée par le gouvernement de coalition Netanyahu, dont la ligne radicale est sans précédent.

Ce plan a suscité près de neuf mois de protestations de masse et d’avertissements de la part de professionnels et de personnalités publiques selon lesquels il pourrait saper la démocratie, l’économie et la sécurité nationale d’Israël.

Il a créé des fractures sociétales sans précédent : des milliers de réservistes ont menacé de suspendre leurs activités de service volontaire pour protester contre la refonte, de nombreuses délocalisations à l’étranger ont été évoquées et de plus en plus d’entreprises high-tech ont transféré leurs capitaux à l’étranger.

Une seule mesure du paquet initial de réformes radicales a été adoptée – bloquant le contrôle judiciaire du critère juridique de « caractère raisonnable » des décisions des politiciens – pour le moment. La Haute Cour de justice tiendra une audience le mois prochain sur les recours déposés afin de l’invalider.

Bien que le reste du processus législatif soit actuellement en suspens, un projet de loi très controversé visant à confier à la coalition le contrôle de la nomination de la plupart des nouveaux juges pourrait être avancé lors de la prochaine session de la Knesset qui débutera en octobre.

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.

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