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La sécurité dans la communauté arabe au cœur de la 34e semaine des manifestations

Le maire de Tira a déclaré que "ceux qui nomment un Ben Gvir pour assurer notre sécurité ne veulent pas assurer notre sécurité" suite au décès du directeur-général de la municipalité

  • Des manifestants anti-gouvernement, à Tel Aviv, le 26 août 2023. (Crédit : Gitaï Palti)
    Des manifestants anti-gouvernement, à Tel Aviv, le 26 août 2023. (Crédit : Gitaï Palti)
  • Des manifestants anti-gouvernement, à Jérusalem, le 26 août 2023. (Crédit : Gitaï Palti)
    Des manifestants anti-gouvernement, à Jérusalem, le 26 août 2023. (Crédit : Gitaï Palti)
  • Des manifestants anti-gouvernement, à la jonction de Karkur dans le nord d'Israël, le 26 août 2023. (Crédit : Gitaï Palti)
    Des manifestants anti-gouvernement, à la jonction de Karkur dans le nord d'Israël, le 26 août 2023. (Crédit : Gitaï Palti)

Pour la 34e semaine consécutive, des manifestants ont protesté samedi soir à Tel Aviv et dans tout Israël contre les projets du gouvernement visant à radicalement remanier le système judiciaire du pays.

Le projet législatif visant à affaiblir le système judiciaire étant en suspens pendant les congés d’été de la Knesset, les manifestants anti-gouvernement ont souhaité mettre l’accent sur d’autres griefs au cours des dernières manifestations, notamment concernant les récents incidents de discrimination à l’encontre des femmes et l’emprise des partis religieux sur la coalition au pouvoir.

Cette semaine, les manifestants ont également mis l’accent sur l’augmentation de la criminalité violente dans les communautés arabes, alors que le gouvernement est de plus en plus critiqué pour sa réponse apportée au nombre record d’homicides chez les Arabes israéliens.

Environ 100 000 personnes ont participé au rassemblement de Tel Aviv, selon les estimations des médias et la société CrowdSolutions, qui a été citée par la Treizième chaine.

La manifestation principale, qui s’est déroulée rue Kaplan à Tel Aviv, a été marquée par la présence d’un orateur arabe, le maire de Tira, Mamoun Abd al-Hay. Le discours du maire est intervenu quelques jours après que le directeur-général de la municipalité de Tira, Abdel Rahman Kashua, a été abattu dans le centre de sa ville.

L’assassinat de Kashua a été suivi un jour plus tard par un quadruple homicide dans la ville septentrionale d’Abu Snan, l’un des actes de violence criminelle les plus meurtriers de l’année.

Des manifestants passant devant des cercueils factices portant des slogans dénonçant les crimes qui affectent de manière disproportionnée les communautés arabes en Israël, lors d’une manifestation contre la refonte judiciaire du gouvernement, à Tel Aviv, le 26 août 2023. (Crédit : Jack Guez/AFP)

« Le sang coule dans nos rues, et que font les autorités d’Israël ? Elles démantèlent la police, suspendent les budgets qui sont censés aller à l’éducation », a déclaré al-Hay dans son discours, faisant référence aux fonds gelés par le ministre des Finances Bezalel Smotrich pour les municipalités arabes.

« Je suis maire depuis 15 ans, la communauté arabe souffre de discrimination et d’abandon depuis longtemps, et pourtant ce gouvernement est le pire qui ait jamais existé, » a-t-il ajouté.

Le maire de Tira, Mamoun Abd al-Hay, s’exprimant lors d’une manifestation anti-gouvernement, à Tel Aviv, le 26 août 2023. (Crédit : Capture d’écran Kan ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur les droits d’auteur)

Al-Hay a affirmé qu’il s’agissait d’une « décision qui nous laissera dans [un bain de] sang ». Ceux qui nomment un [le ministre de la Sécurité nationale Itamar] Ben Gvir pour assurer notre sécurité ne veulent pas assurer notre sécurité. Un ministre qui ne veut pas de nous dans le pays va-t-il nous protéger ? Un ministre qui déteste les Arabes protègera-t-il les enfants arabes ? »

Lors de la manifestation organisée à Jérusalem devant la résidence présidentielle, Warda Sada, éminente éducatrice et militante arabe, a déclaré : « Je ne peux pas m’empêcher de me demander où et quand nous nous sommes endormis au volant. Comment en sommes-nous arrivés à cette situation difficile ? »

« Nous en sommes arrivés à une situation, au sein de l’État d’Israël, dans laquelle un groupe de racistes contrôle l’ensemble du gouvernement… mais ne peut pas contrôler les gangs issus du crime organisé qui se trouvent pourtant sous le nez de la police », a déclaré Sada aux manifestants dans la capitale.

S’exprimant lors d’une manifestation au carrefour de Karkur, dans le nord d’Israël, le chef de l’opposition Yaïr Lapid a qualifié Ben Gvir de « raciste méprisable et de total raté », faisant référence à des propos qu’il avait tenus cette semaine – il il avait ainsi indiqué que le droit des Juifs à circuler et à vivre en sécurité en Cisjordanie était plus important que la liberté de mouvement des Arabes.

« Avez-vous vu Ben Gvir à la télévision cette semaine ! L’avez-vous entendu ! Un raciste méprisable et un total échec (…). Le mouvement [anti-Israël Boycott, désinvestissement et sanctions] BDS n’a jamais reçu un tel cadeau. Cet homme est une bénédiction pour les antisémites et pour ceux qui détestent Israël. Il cause des dommages aux relations publiques, des dommages juridiques et des dommages moraux, et le Premier ministre ne le condamne pas parce qu’il dépend de lui », a déclaré Lapid.

L’ancienne candidate à l’Eurovision Eden Alene, d’origine éthiopienne, a chanté l’Hatikvah, l’hymne national, au début du rassemblement à Tel Aviv, tout en attirant l’attention sur le cas controversé d’un petit garçon d’origine éthiopienne tué lors d’un délit de fuite. Elle a demandé que justice soit rendue à sa famille.

Manifestants anti-gouvernement, à Herzliya, le 26 août 2023. (Crédit : Gitaï Palti)

Plus tôt dans la journée de samedi, le chef d’Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, et l’ancien ministre de la Défense, Moshe Yaalon, ont critiqué le gouvernement pour sa façon de traiter la flambée de violences dans la communauté arabe et la recrudescence des attaques terroristes palestiniennes.

« Il y a une perte de contrôle. Chaque jour, il se passe quelque chose », a déclaré Liberman lors d’un événement culturel à Beer Sheva, lorsqu’il a été interrogé sur les attaques terroristes.

Liberman a affirmé que le groupe terroriste palestinien du Hamas, basé dans la Bande de Gaza, était à l’origine de ces attaques. « Le Premier ministre Benjamin Netanyahu leur accorde l’immunité. Ils savent que rien ne leur arrivera », a-t-il déclaré.

« Je me souviens du discours de Netanyahu qui parlait de l’Iran, de la gouvernance – il n’y avait rien sur un possible coup d’État judiciaire. Aujourd’hui, je vois le contraire, un échec en matière de sécurité, un échec en matière de gouvernance. Regardez ce qui se passe dans la société arabe », a ajouté Liberman.

Des manifestants brandissant une banderole dénonçant les crimes qui touchent de manière disproportionnée les communautés arabes en Israël, lors d’une manifestation contre la refonte judiciaire du gouvernement, à Tel Aviv, le 26 août 2023. (Crédit : Jack Guez/AFP)

Yaalon, qui s’exprimait lors du même événement à Beer Sheva, a déclaré que « tant que le gouvernement existera, le terrorisme augmentera ».

Il a ajouté que l’idéologie des ministres d’extrême-droite Bezalel Smotrich et Ben Gvir « sera néfaste pour les Arabes ».

« Ils veulent expulser les Arabes, la suprématie juive (…). Ce sont des personnes délirantes qui nous conduisent vers une dictature messianique fasciste et corrompue », a ajouté Yaalon.

Selon un sondage réalisé vendredi soir par la Douzième chaine, 42 % des Israéliens pensent que le gouvernement précédent, dirigé par Yaïr Lapid et Naftali Bennett, avait mieux géré la violente criminalité dans la communauté arabe, contre 23 % qui pensent que le gouvernement de Netanyahu s’en sort mieux.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à gauche, saluant le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, à la Knesset, le 23 mai 2023. (Crédit : Gil Cohen-Magen/AFP)

Toujours selon le sondage, 42 % des Israéliens pensent que le gouvernement Lapid-Bennett avait mieux géré le terrorisme, contre 33 % qui pensent que le gouvernement Netanyahu le gère mieux.

En outre, une majorité des personnes interrogées, 69 %, ont donné au ministre de la Sécurité nationale Ben Gvir une cote d’approbation négative, et seulement 25 % lui ont donné une cote positive, selon le sondage de la Douzième chaine.

Jeudi, des milliers de personnes ont participé à une marche pour les droits des femmes dans la ville de Bnei Brak, à prédominance ultra-orthodoxe, un défilé organisé à la suite de nombreux actes récents de discrimination à l’encontre des femmes dans les espaces publics, ainsi qu’en opposition à la coercition religieuse ostensible exercée par des éléments du gouvernement soutenu par les haredim.

Plusieurs orateurs ont déclaré que le public ultra-orthodoxe et ses dirigeants étaient des « partenaires volontaires » dans la lutte contre les libertés civiles et qu’ils participaient à la contrainte exercée sur des millions d’Israéliens laïcs et non-juifs pour qu’ils se conforment aux principes du judaïsme orthodoxe.

Mercredi, le ministre de la Justice, Yariv Levin, a rencontré le député Yuli Edelstein (Likud) dans le cadre d’un effort apparent visant à consolider le soutien à l’avancement de projets de loi supplémentaires dans le cadre du programme de refonte judiciaire du gouvernement.

Edelstein fait partie des députés du parti au pouvoir qui ont indiqué qu’ils pourraient ne pas soutenir d’autres projets de loi dans le cadre de ces réformes radicales en l’absence d’un large soutien, après que la coalition a adopté le mois dernier la première mesure du projet de refonte du système de la justice.

En mars, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait brièvement limogé le ministre de la Défense Yoav Gallant après que ce dernier a appelé à geler le processus législatif de la refonte judiciaire. Des manifestations de grande ampleur avaient alors éclaté, poussant le gouvernement à suspendre son projet et à organiser des négociations avec l’opposition à la résidence présidentielle.

Les pourparlers s’étaient terminés en juin sans compromis, conduisant à l’adoption du premier projet de loi de la refonte – la loi portant sur le notion juridique de « raisonnabilité », qui limite le contrôle judiciaire – par 64 voix contre 0, l’opposition ayant boycotté le vote.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Justice Yariv Levin lors des délibérations sur le projet de loi interdisant le réexamen, par les juges, des décisions gouvernementales à l’aune de la « raisonnabilité », le 10 juillet 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

L’opposition avait quitté la table des pourparlers en déclarant que la coalition avait agi de mauvaise foi sur une question relative à ces négociations, soulignant ses efforts visant à éviter de constituer et de convoquer la commission qui élit les nouveaux juges – dans le but, avait dit l’opposition, d’attendre que la composition du panel puisse être modifiée afin de donner plus d’influence au gouvernement.

La rencontre entre Edelstein et Levin a eu lieu alors que le président Isaac Herzog a publié une nouvelle proposition de compromis pour la refonte judiciaire. La proposition de mercredi aborde la question des nominations judiciaires, qui est peut-être la plus controversée de l’ensemble des réformes.

Herzog a suggéré que l’un des juges de la commission de sélection des juges soit choisi par le ministre de la Justice, ce qui donnerait à la coalition plus d’influence sur la nomination des magistrats. Cette proposition permettrait au juge nommé d’être à la retraite et ne nécessiterait pas qu’il siège à la Cour suprême. Le gouvernement a cherché à obtenir la majorité au sein du panel, ce qui lui donnerait le contrôle de toutes les nominations judiciaires.

La nouvelle proposition de Herzog appelle également à poursuivre le travail sur la loi du « caractère raisonnable » afin d’en « adoucir » les effets, et à ce que toute nouvelle loi sur le système judiciaire soit adoptée par un large consensus.

La précédente proposition de compromis de Herzog prévoyait que le contrôle judiciaire ne pourrait être exercé sur une législation de la Knesset que si la décision était prise par une majorité de sept juges sur onze. En ce qui concerne les conseillers juridiques du gouvernement, la précédente proposition stipulait que l’avis d’un conseiller juridique serait contraignant, mais qu’un ministre pourrait faire appel à une représentation privée en cas de désaccord.

Selon le reportage de la Douzième chaine, à ce stade, on ignore encore s’il existe de nouvelles propositions concernant le contrôle judiciaire et l’autorité des conseillers juridiques du gouvernement.

Le mois dernier, le chef de l’opposition, Lapid, avait exigé un gel de 18 mois de la législation visant à réformer le système judiciaire comme condition sine qua non pour que son parti Yesh Atid reprenne les négociations avec la coalition sur la refonte judiciaire. Le Likud avait rejeté cette demande.

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