Lapid : Gelez la refonte jusqu’en 2025, ou nous ne reprendrons pas les négociations
Le Likud se dit prêt à parler sans conditions préalables, ce qui signifie qu'il refuse d'interrompre le processus ; la Knesset entame ce soir une pause de près de trois mois
Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.

Le chef de l’opposition Yaïr Lapid a réclamé dimanche un gel de 18 mois du processus législatif visant à réformer le système judiciaire comme condition sine qua non pour que son parti, Yesh Atid, reprenne les négociations avec la coalition sur la refonte.
Lapid, qui s’exprimait à la tribune de la Knesset le dernier jour avant les congés d’été, a déclaré qu’un tel gel devait être inscrit dans la loi pour que son parti puisse avoir confiance.
Des sources de Yesh Atid ont soutenu l’affirmation de Lapid selon laquelle cette demande était conforme au type de garantie qu’il avait demandé au Likud la semaine dernière au cours de tentatives frénétiques, et finalement infructueuses, de compromis avant que la coalition n’adopte sa première loi sur la refonte judiciaire.
« Tant qu’il n’y a pas de gel législatif, il est inutile de parler d’autres lois ou d’accords, car il est évident que le gouvernement se défilera à nouveau à la dernière minute », a déclaré Lapid à la Knesset.
Yesh Atid et le parti d’opposition HaMahane HaMamlahti se sont retirés de la table des négociations en juin, alléguant que la coalition avait agi de mauvaise foi sur une question connexe : ses efforts pour éviter de constituer et de convoquer la commission qui élit les nouveaux juges, prétendument dans le but d’attendre que la composition du panel puisse être modifiée afin de donner plus d’influence au gouvernement.
Le Likud, le parti de Netanyahu, a rapidement répliqué à Lapid en déclarant que le chef de l’opposition était « prêt à discuter avec Abu Mazen [le nom de guerre du dirigeant de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et sous lequel il est connu auprès des Palestiniens] sans conditions préalables, mais pas avec le Likud, pour qui il établit une liste de conditions préalables aux discussions ».
Le Likud a ainsi indiqué qu’il n’accepterait pas d’interrompre le processus législatif.

« Nous invitons Lapid à entamer des négociations aujourd’hui afin que nous puissions tous parvenir à un accord général », a poursuivi le parti dans un communiqué.
Lapid a réaffirmé que Netanyahu avait été proche d’un compromis la semaine dernière, mais qu’il avait ensuite capitulé sous la pression du ministre de la Justice Yariv Levin et du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir pour faire échouer un accord concocté par le président Isaac Herzog.
« Lundi, le président et moi-même pensions qu’un accord était prêt à être signé. Mais Yariv Levin et Ben Gvir ont alors tapé du poing sur la table et menacé de dissoudre le gouvernement. Le Premier ministre a paniqué, leur a cédé et la loi du ‘caractère raisonnable’ a été adoptée sous la forme la plus extrême possible », a accusé Lapid.
Peu après l’adoption de la loi interdisant le contrôle judiciaire du « caractère raisonnable » des décisions du cabinet ou des ministres, Netanyahu a ouvert la voie à un compromis jusqu’au mois de novembre, un mois après le retour de la Knesset. Netanyahu a déclaré qu’il espérait parvenir à un large consensus pour son prochain lot de réformes judiciaires.

Lapid a déclaré que le gel de 18 mois était nécessaire pour « prouver » que le gouvernement était digne de confiance. Toutefois, si des accords sur certaines lois sont conclus au cours de cette période, Lapid a déclaré qu’il serait possible de les adopter immédiatement.
S’adressant directement au Premier ministre, Lapid a déclaré que Netanyahu devrait inscrire le gel du processus législatif dans la loi « pour le bien du pays », qui a été secoué par des manifestations, des centaines de milliers de citoyens s’étant rassemblés pour et contre la réforme, qui cherche à affaiblir les contrôles judiciaires sur le pouvoir politique.
Bien que largement aligné sur le parti d’opposition HaMahane HaMamlahti en ce qui concerne la stratégie de lutte contre la refonte judiciaire du gouvernement, Yesh Atid a commencé à diverger ces derniers jours.
HaMahane HaMamlahti, dirigé par le député Benny Gantz, a toujours fait part de son intérêt pour un large consensus.

Dernier signe de discorde au sein de l’opposition, le député Michael Biton (HaMahane HaMamlahti) a déclaré dimanche à la radio de l’armée que sa faction pourrait soutenir la coalition de Netanyahu de l’extérieur, pour faire contrepoids aux partenaires d’extrême-droite du Premier ministre.
« Un gouvernement d’unité n’est pas à l’ordre du jour, mais peut-être un soutien de l’extérieur », a-t-il déclaré.
« Si Netanyahu apporte de bonnes choses à Israël, nous le soutiendrons de l’extérieur, mais nous ne rejoindrons pas le gouvernement. »