Organisations médicales et docteurs israéliens mobilisés pour les réfugiés d’Ukraine
La tentative d'un médecin israélien d'origine ukrainienne de venir en aide à son grand-père coincé à Kharkiv s'est transformé en projet d'approvisionnement des hôpitaux
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

CHISINAU, Moldavie – Déterminée à envoyer de la nourriture et des médicaments à son grand-père de 87 ans, bloqué dans la ville de Kharkiv, une ophtalmologue israélienne d’Ashdod s’est associée à d’autres bénévole pour livrer aux hôpitaux d’Ukraine les fournitures dont ils ont cruellement besoin.
Le Dr Katrina Kiroshka a immigré en Israël depuis Kharkiv en 2014, dans le cadre de « The Israel Experience », et d’un programme spécial pour médecins organisé par l’État et l’Agence juive dans les pays de l’ex-Union soviétique. Elle suit actuellement une formation de spécialiste dans le service d’ophtalmologie de l’hôpital Barzilai, dans la ville d’Ashkelon, située au sud du pays.
Kharkiv, qui est la deuxième plus grande ville d’Ukraine, a été visé par un barrage constant de bombes et d’obus russes.
Ne parvenant pas à trouver de médicaments à Kharkiv par elle-même, elle s’est tournée vers les hôpitaux de la ville, pour constater qu’ils étaient eux aussi à court de médicaments. Elle a alors demandé aux hôpitaux d’envoyer des listes des produits dont ils avaient besoin, puis a réuni des fonds auprès d’amis pour acheter les médicaments en Pologne.
Les médicaments ont été transférés à des volontaires à la frontière polono-ukrainienne qui les ont transportés à Kharkiv.
« Au début de la guerre, la plupart des demandes concernaient des médicaments qui manquaient », a déclaré Roman Rosengurt, un Israélien qui vit en Ukraine depuis quelques années et qui, après avoir fait sortir sa famille du pays déchiré par la guerre, a aidé Kiroshka à acheminer médicaments et autres articles là où ils étaient nécessaires.

Rosengurt et d’autres personnes rassemblent les médicaments, la nourriture et les vêtements à la frontière, près de Lviv, et les chargent dans des bus qui retournent à Kharkiv, une fois les réfugiés débarqués.
Les bus sont conduits par Sergei Gromov, un Israélien qui est arrivé à Kharkiv juste avant que la Russie n’envahisse le pays.
Cette semaine, Kiroshka a enfin réussi à faire parvenir les médicaments et de la nourriture à son grand-père, « dans l’espoir qu’ils lui permettent de tenir jusqu’à la fin de la guerre », dit-elle.
Elle et ses amis ont depuis créé une organisation à but non lucratif appelée Israeli Friends of Ukraine.

« Notre campagne de collecte de dons auprès de nos amis ne sera pas suffisante à long terme », a-t-elle déclaré. « Les médicaments et autres articles coûtent cher, le transport est très onéreux et le rythme des demandes ne fait qu’augmenter, jour après jour. »
Kiroshka est l’un des nombreux Israéliens issus du milieu médical qui tentent d’aider les Ukrainiens pris dans la guerre ou fuyant celle-ci.
Le docteur Yelena Katzman, qui a quitté la ville ukrainienne de Sumy il y a vingt ans, est médecin de famille et directrice d’une clinique affiliée à la caisse de santé Clalit dans la ville de Shoham, dans le centre d’Israël. Katzman a tout laissé tomber pour s’envoler vers la Moldavie et y apporter son aide dans un centre de Chisinau où les bus de réfugiés sont amenés dès qu’ils entrent dans la ville.
Katzman aide à traduire et à parler aux nouveaux arrivants. « Il ne s’agit pas seulement de soins médicaux », dit-elle. « Les gens veulent juste parler. Ils veulent juste que vous les regardiez dans les yeux ».
Katzman s’est envolée pour la Moldavie avec cinq autres membres de Brothers for Life, une organisation d’anciens soldats de Tsahal blessés pendant leur service militaire qui viennent en aide à d’autres personnes traversant des difficultés. « Ce sont des personnes souffrant de syndrome post-traumatique qui sont venues pour aider », a-t-elle déclaré. « Chacun a sa propre histoire exceptionnelle. »

Un psychologue israélien d’origine russe, qui n’a pas voulu donner son nom, se trouvait également au centre, où il traitait « beaucoup de psycho-traumatismes », a-t-il dit.
« Les personnes qui viennent ici ont vu leurs maisons détruites, des gens se faire tuer. Ils ont été sur la route pendant des heures, voire des jours. Le centre est le premier endroit où ils se sentent un peu en sécurité. Mais ils ont l’impression d’avoir tout perdu, d’être maintenant sans abri et de devenir des individus pathétiques dont il faut s’occuper. Il y a une perte de l’estime de soi ».

Le Dr Lior Bracha, originaire de Kadima-Tzoran, près de Netanya sur le littoral, était l’un des deux médecins de famille volontaires d’Israël United Hatzalah, l’une des premières organisations à atteindre la Moldavie dès le début de la guerre.
Il était accompagné d’Idan James, un agriculteur du kibboutz Saad dans le désert du Neguev, dans le sud d’Israël, et de Jacob Krygier, qui a immigré du Canada en Israël il y a quatre ans.
L’organisation a participé aux efforts de rapatriement d’Israéliens, mais aussi à l’évacuation d’Ukrainiens ayant de la famille proche dans l’Etat hébreu.
Il y avait également en Moldavie une délégation de médecins bénévoles de l’organisation For Their Sake : Physicians for Holocaust Survivors, et une délégation de clowns médicaux de Dream Doctors.
Une liste d’autres organisations israéliennes aidant les réfugiés ukrainiens est disponible ici.