Pays-Bas : L’empire pro-Israël d’une famille chrétienne passe à la vitesse supérieure
Depuis le pogrom du 7 octobre, les ventes, l'engagement public - et l'exposition au risque - de Christians for Israel, vieille de 45 ans, ont considérablement augmenté

Cet article a été publié le 20 août dernier en anglais.
NIJKERK, Pays-Bas – Un grand drapeau israélien flottant sur un mât attire l’attention partout dans ce pays. Il est cependant particulièrement visible dans cette ville rurale de la « Bible Belt » (« Ceinture biblique ») néerlandaise.
Le drapeau flotte en face d’un immeuble de bureaux moderne de trois étages qui est le siège mondial de Christians for Israel, une organisation internationale créée à Nijkerk, près d’Utrecht, il y a 45 ans par le défunt militant pro-Israël Karel van Oordt et gérée aujourd’hui par sa famille.
Les membres de Christians for Israel sont multi-confessionnels et proviennent d’un ensemble d’églises et de communautés allant des communautés évangéliques afro-caribéennes à quelques catholiques. La base de soutien prédominante semble provenir des congrégations protestantes.
À la fois centre communautaire, outil de sensibilisation et département de vente de produits fabriqués en Israël, ce bâtiment est le plus grand du genre en Europe et témoigne de l’attachement profond de nombreux chrétiens à Israël dans cette région.
Dans une société où le christianisme et Israël sont devenus démodés ou pire encore, le bâtiment de Christians for Israel est également un point de ralliement unique, un club social et un centre de militantisme pour des milliers de non-Juifs pour qui Israël est la manifestation de la volonté divine et un élément clé de leur propre identité.
Après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre en Israël, le centre est devenu une source de réconfort pour Huib Kriekaard, un habitué qui y travaille bénévolement.

« J’ai moins de plaisir à vivre après le 7 octobre. Pour que ça ait du sens, mes actions doivent avoir quelque chose à voir avec Israël », a-t-il déclaré au Times of Israel lors d’une récente interview.
Kriekaard, un historien de 72 ans, a craint pour l’existence d’Israël après l’assaut barbare et sadique du Hamas ce jour-là, au cours duquel environ 3 000 terroristes ont envahi les villes frontalières, tuant près de 1 200 personnes et en enlevant 251 autres de tous âges.
« Si Israël disparaît, ma vie n’aura plus de sens », a déclaré Kriekaard. Pour lui, l’existence d’Israël est « la preuve que Dieu remplit ses promesses envers le peuple d’Israël. »
Un conflit plus large
D’autres membres du mouvement « Christians for Israel » considèrent Israël comme une incarnation de la bonté divine dans un combat plus large.
« L’hostilité envers les Juifs appartient au rival de Dieu, appelons-le ainsi », déclare Ina Straatsma-Elzes, une bénévole de 75 ans. « Il singularise les Juifs, mais sème aussi la discorde parmi les chrétiens. Nous voyons tout cela dans des guerres comme celle-ci, mais c’est partout. Nous le voyons dans les universités, dans la rue et dans le récit des médias. »
Le dernier étage du bâtiment de Christians for Israel comprend un studio de télévision que le département des médias de l’organisation utilise pour produire des journaux télévisés et des podcasts en néerlandais. Le rez-de-chaussée abrite un espace d’exposition – l’exposition actuelle est une exposition estivale sur l’histoire de Jérusalem – ainsi qu’une boutique de souvenirs et une salle d’événements.
Ce mois-ci, deux militants d’extrême-gauche ont peint à la bombe des messages sur Gaza sur le bâtiment de Christians for Israel. C’était le premier acte de vandalisme à leur QG, qui est équipé de multiples dispositifs de sécurité, et notamment des caméras et un double sas d’entrée où les visiteurs doivent s’identifier pour être autorisés à entrer.

« La communauté juive de notre pays est confrontée à cela tous les jours, et maintenant nous aussi », a écrit le directeur de Christians for Israel, Frank van Oordt, ancien enseignant et fils du fondateur Karel van Oordt, décédé en 2013 et père de huit enfants. Le bâtiment peut être visité en toute sécurité malgré l’incident, a-t-il ajouté.
Les attaques antisémites aux Pays-Bas ont augmenté de 245 % en 2023 par rapport à 2022, principalement après le 7 octobre. Christians for Israel a participé à de multiples manifestations contre l’antisémitisme depuis le 7 octobre, fournissant parfois la plupart des participants.
En mars, Christians for Israel a envoyé des volontaires pour cueillir 13 tonnes d’oranges dans les plantations touchées du sud d’Israël. Le groupe a expédié les fruits à Nijkerk et les a vendus au prix coûtant. Les oranges ont été vendues en quelques jours.
Recoller les morceaux

Le précédent directeur de Christians for Israel, Roger van Oordt, frère de Frank, a visité la maison du Grand rabbin néerlandais Binyomin Jacobs après qu’elle eut été vandalisée pour la cinquième fois en 2014. Roger a dit relativement peu de choses au cours de sa visite, exprimant sa solidarité avec les Juifs néerlandais et son rejet de l’antisémitisme. Fidèle à lui-même, van Oordt a ensuite commencé à déblayer les tessons de verre provenant de l’attaque de la maison du rabbin.
Les partisans de Christians for Israel « représentent tout ce qu’il y a de beau dans la société néerlandaise. Ils sont l’espoir de temps meilleurs non seulement pour les Juifs néerlandais, mais aussi pour tous les Néerlandais », a déclaré Jacobs, allié de longue date de l’association Christians for Israel, lors de l’inauguration de l’exposition dont il avait été invité à couper le ruban en mai.
Les bénévoles Straatsma-Elzes et Kriekaard ont tous deux déploré les images de souffrance humaine en provenance de Gaza, où quelque 39 000 personnes seraient mortes pendant la guerre contre le Hamas, selon des statistiques invérifiables publiées par le ministère de la Santé contrôlé par le groupe terroriste palestinien. Ces chiffres ne font pas la distinction entre les civils et les terroristes, dont Israël affirme avoir tué au moins 15 000 terroristes.
« Quand on voit les enfants, on se dit que ce n’est pas possible », a déclaré Straatsma-Elzes. « Avec les enfants, c’est terrible », a ajouté Kriekaard. Mais « lorsque les alliés ont bombardé l’Allemagne, nous, aux Pays-Bas, n’avons pas vraiment pensé aux pauvres Allemands », a-t-il ajouté. Les deux volontaires se sont disputés avec des amis, des collègues et même des membres de leur famille au sujet de leur soutien à Israël.

Le temps de l’argent
Ce soutien n’est pas seulement spirituel : les volontaires travaillent à l’Israel Products Center (IPC), qui dépense chaque année des millions d’euros en marchandises en provenance d’Israël, y compris de Cisjordanie.
Fondé en 1980, l’IPC est passé d’une boutique de souvenirs à une entreprise florissante proposant des semelles orthopédiques, des bijoux, des produits de beauté et des vins gastronomiques, pour ne citer que quelques-uns de ses centaines de produits. L’IPC est devenu rentable pour la première fois en 2021, après des dizaines d’années passées peinant à atteindre le seuil de rentabilité. Kriekaard fait partie des dizaines de bénévoles qui travaillent dans l’entrepôt d’IPC, dont la taille équivaut à celle de quatre courts de tennis.

Les vins sont les best-sellers de l’IPC, a déclaré Pieter van Oordt, un autre fils du fondateur de Christians for Israel, Karel, avec environ 150 000 bouteilles de vin vendues chaque année. Ce chiffre représente une croissance d’environ 25 % des ventes de vin au cours des dix dernières années.
Les ventes ont augmenté d’environ 20 % après le 7 octobre, a ajouté Pieter van Oordt.
« Les clients fidèles achètent par souci et par solidarité avec Israël et les Juifs. [Après le 7 octobre,] de nouveaux clients viennent chez nous pour la même raison », a-t-il déclaré.
Avec leurs premiers bénéfices, les 350 actionnaires de l’IPC ont décidé d’acheter une cave à Kiryat Arba, une implantation israélienne à Hébron en Cisjordanie, et un vignoble à Aminadav, non loin de Jérusalem.
Christians for Israel a mis un point d’honneur à acheter et à revendre des produits provenant d’entreprises israéliennes de Cisjordanie parce qu’ils estiment que les Juifs ont un droit sur cette région, où la plupart des habitants sont des Palestiniens.
Cela n’a pas échappé à l’attention de l’État néerlandais, qui a suivi la position de l’Union européenne (UE) selon laquelle toutes les implantations dans les Territoires palestiniens sont illégales au regard du droit international.
Résister aux étiquettes
En 2019, des inspecteurs gouvernementaux de l’Autorité néerlandaise de sécurité des aliments et des produits de consommation ont contrôlé l’IPC et lui ont infligé une amende de 2 100 euros pour ce que les inspecteurs considéraient comme un étiquetage erroné de produits fabriqués en Cisjordanie comme étant originaires d’Israël.

En réaction, l’IPC a fait appel de l’amende et a appelé ses dizaines de milliers de clients à acheter encore plus de produits issus des implantations. En 2021, un tribunal avait rejeté l’appel, mais l’IPC avait de nouveau fait appel auprès d’une juridiction supérieure, dont la décision est toujours en attente.
« Ils essaient de nous faire dire quelque chose auquel nous ne croyons pas : que la Judée et la Samarie ne fait pas partie d’Israël », a déclaré Pieter van Oordt à propos du gouvernement.
« Mais nous ne le ferons pas. Pour eux, c’est de la politique, pour nous, c’est une question de foi. »
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