Perquisition chez Bezeq pour une enquête de l’Autorité des titres
L'homme d'affaires Shaul Elovitz, qui contrôle le géant israélien des communications et ses holdings, est interrogé à Tel Aviv
Les échanges boursiers se sont brièvement arrêtés mardi pour Bezeq, le plus grand opérateur de télécommunications du pays, après que les enquêteurs ont perquisitionné ses bureaux et arrêté son actionnaire majoritaire, qui a été interrogé dans la foulée.
Les échanges ont également cessé pour les sociétés holdings de Bezeq, B Communications et Internet Gold-Golden Lines Ltd., suite à une enquête menée sur l’entreprise par l’Autorité des titres israélienne (ATI), selon un document transmis à la bourse de Tel Aviv.
Les entreprises ont indiqué avoir été notifiées par l’ATI du lancement d’une « enquête ouverte sur les affaires de Bezeq », sans détail supplémentaire. Bezeq a ensuite indiqué que les enquêteurs perquisitionnaient les locaux de l’entreprise dans le cadre de l’investigation.
« L’ATI a informé l’entreprise que l’enquête concerne des soupçons de violation de la loi sur les titres et de la loi pénale relative aux transactions en lien avec l’actionnaire majoritaire. A cette étape, l’entreprise n’a aucune information supplémentaire en ce qui concerne la nature et les circonstances de l’enquête en cours. »
L’homme d’affaires israélien Shaul Elovitz, actionnaire majoritaire et président de Bezeq via les deux sociétés holdings, ainsi que d’autres dirigeants de l’entreprise seraient interrogés par l’ATI à Tel Aviv.
L’ATI a confirmé l’enquête. Elle n’a pas précisé la nature des irrégularités la justifiant mais a noté que jusqu’à présent, cette dernière avait été effectuée sous couverture au sein de l’entreprise.
Le site d’information financier Calcalist a également annoncé que les enquêteurs avaient perquisitionné les bureaux de Yes, l’unité satellite de Bezeq.
Il a été impossible de joindre un porte-parole de Bezeq par téléphone.
Au cœur de l’enquête, l’acquisition de l’entreprise Yes, achetée 600 millions de shekels par Bezeq à Elovitz en 2015, a annoncé Calcalist, un accord auquel s’opposaient de nombreux investisseurs institutionnels de Bezeq.
Quand Elovitz a pris le contrôle de Bezeq en 2010, l’ATI lui a demandé de vendre à un tiers ses parts dans Yes, dont il était le fondateur. Elovitz n’a toutefois jamais cédé ses parts et a trouvé un accord avec l’ATI l’autorisant à fusionner Yes et Bezeq, en faisant acheter des parts de Yes à Bezeq.
Cette fusion avait également reçu le feu vert en 2015 du ministre des Communications de l’époque, le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Elovitz est un ami personnel de Netanyahu et le Premier ministre avait par la suite reçu l’ordre de s’abstenir de s’impliquer dans des affaires relatives aux entreprises contrôlées par Elovitz, pour éviter un éventuel conflit d’intérêt.
Après la reprise des échanges, les actions de Bezeq s’échangeaient à un prix inférieur de 3,6 % à 11h51 à Tel Aviv.
« Vous ne pouvez jamais savoir ce que ce genre d’enquête va révéler », a commenté Saar Golan, trader de la Banque de Jérusalem, située à Tel Aviv, au téléphone. « Les acheteurs vont attendre de nouvelles clarifications tandis que les actionnaires actuels pourraient réorienter leur position. »
Bezeq, le plus important fournisseur national de ligne de téléphonie fixe, domine le marché des communications locales et a ces derniers mois demandé la permission de fusionner ses filiales mobile, ligne fixe, télévision par satellite et internet, qui fonctionnent actuellement comme des entités commerciales séparées, comme l’exige le régulateur.
Depuis sa privatisation, Bezeq a perdu plus d’un million de clients de son service de téléphonie au profit de ses concurrents et sa part de marché a chuté d’environ 50 %. Ses revenus ont baissé de presque un milliard de shekels au cours des six dernières années, alors que les clients se tournaient vers les téléphones cellulaires.